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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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capétienne.
    L’assassinat d’Henri III donna donc un roi calviniste à la France : Henri IV. Cela n’arrêta pas la guerre civile ; Henri IV ralliait certes les catholiques modérés, partisans de la légitimité, mais la Ligue bénéficia du soutien du roi d’Espagne, ravi de s’ingérer dans les affaires intérieures françaises sous couvert de défense du catholicisme.
    Le faune royal
    Courageux voire téméraire, parfois imprudent, Henri IV conquit son royaume à la pointe de l’épée, revêtu de sa cuirasse. Mais cette cuirasse souffrait d’un défaut : les femmes !
    Henri troussait les jupons sans se soucier de son épouse légitime, la reine Margot, ni des sévères prêches des pasteurs calvinistes, qui ne plaisantaient pas avec la chose. Nobles distinguées, aimables bourgeoises, fraîches paysannes, tout lui était bon, sauf sa propre femme avec qui il ne s’entendit jamais, et dont le seul point commun fut probablement la frénésie sexuelle : alors recluse au château d’Usson, Margot séduisait tous ses geôliers, ravis de profiter gratis d’un si beau « morceau de roi ».
    Vainqueur de la Ligue à Ivry 60 , Henri IV assiégea Paris toujours aux mains de ses ennemis, bien décidé à réduire la ville par la famine (1590). Durant ce rigoureux blocus, il coula des jours heureux et des nuits voluptueuses au couvent de Montmartre, dans le lit de l’abbesse, la blonde Claude de Beauvilliers 61 . Seulement âgée de dix-sept ans, les jambes longues et le sein accueillant, née Babou de La Bourdaisière, elle avait par conséquent de qui tenir. Sa foi n’avait pas éteint le riche tempérament féminin de son clan, et coucher avec un hérétique à l’odeur puissante ne lui posa aucune question de conscience. Assez mondaine, l’abbaye exigeait peu d’exercices spirituels, et sa clôture passait, à juste titre, pour fort relâchée. De cette liaison scandaleuse, les prédicateurs parisiens de la Ligue tirèrent des sermons qui se voulaient édifiants, mais qui rendaient involontairement un son cocasse : « Le dragon roux de l’Apocalypse a commis le crime suprême, ayant couché avec notre sainte Mère l’Église et fait Dieu cocu. » D’habitude plus réservés sur le péché de la chair, les huguenots en rirent copieusement, tandis que le roi, qui aimait les saines distractions, s’en alla aussi « visiter » la brune Catherine de Vendôme, abbesse de Longchamp, dont les vingt-deux ans s’accommodaient mal du vœu de chasteté. Au lit, ce calviniste ne la rebuta pas davantage que sa consœur de Montmartre ; pour ces dames, si tolérantes qu’elles poussaient « l’amour du prochain » un peu plus loin que ne le conseillait l’Évangile, les hérétiques avaient du bon. On ignore si elles espéraient convertir le Vert-Galant au catholicisme par ces moyens peu recommandés par notre sainte Mère l’Église, bien qu’il soit écrit : « Là où le péché abonde, la grâce surabonde 62  »…
    Une passion violente
    Venant au secours des Parisiens, l’armée espagnole d’Alexandre Farnèse infligea les graves échecs de Lagny et Corbeil à Henri IV, qui leva le siège et emmena ses deux insatiables abbesses (octobre 1590). Mais l’esprit du roi était occupé depuis peu par une jeune fille de dix-sept ans conquise en 1589 par Bellegarde 63 , son grand écuyer, qui lui vantait son joli visage, la blondeur de ses cheveux et ses formes pulpeuses. Alléché, Henri lui demanda de lui présenter cette Gabrielle d’Estrées dont il disait tant de bien ; M. le Grand 64 obéit, mais une chose imprévue survint : le roi tomba amoureux d’elle (automne 1590).
    Le sentiment ne fut pas réciproque, notamment à cause de l’aspect physique négligé du roi : il tramait un fumet peu ragoûtant d’ail, d’étable, de feu de camp et de sueur ; à trente-sept ans, précocement vieilli, l’allure d’un barbon, il se ridiculisait par sa cour échevelée auprès de la belle. Il prenait des risques incompatibles avec sa sécurité personnelle dans un pays en guerre : il n’hésita pas à porter seul, jusque sous les fenêtres de la jeune fille, des lettres ardentes, passionnées, qui l’irritaient et auxquelles elle ne répondait même pas. Gabrielle finit par lui déclarer qu’elle ne l’aimerait jamais, puisqu’il tentait de briser son amour pour M. le Grand. Mais ce bellâtre s’effaça de lui-même, complaisamment, par intérêt personnel. La famille

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