Favorites et dames de coeur
que la France menaçait d’allumer contre les Habsbourg n’eut pas lieu : le 14 mai, Ravaillac assassina Henri IV à Paris.
Le retour
Les Condé revinrent à Paris. Le prince fit allégeance au petit Louis XIII et à la reine régente Marie de Médicis (juillet 1610). D’esprit confus, il ne respecta pas sa parole et se lança dans une agitation politique brouillonne, où la rébellion n’était jamais bien loin. La reine mère l’apaisait régulièrement par des libéralités financières ou l’octroi de dignités mais, tout aussi régulièrement, M. le Prince reprenait le flambeau de la révolte. Il finissait par coûter cher. Excédée de son opposition systématique, elle le fit embastiller (1 er septembre 1616). Modèle de dévouement conjugal, Charlotte obtint de partager sa captivité trois ans plus tard. Libéré fort assagi en octobre 1619, M. le Prince resta désormais fidèle à Louis XIII.
Charlotte de Montmorency mourut à Châtillon-sur-Loing le 2 décembre 1650.
« Impossible favorite » du Vert-Galant, Charlotte de Montmorency resta toute sa vie sous le choc sentimental qu’Henri IV avait provoqué.
MARIE DE HAUTEFORT
« L’incomparable Hautefort » (Paul Scarron)
Née le 7 janvier 1616 à Hautefort 83 . Septième enfant – et cinquième fille – de Charles, marquis de Hautefort, et de Renée du Bellay. Mariée le 24 septembre 1646 à Charles de Schomberg, duc d’Halluin, maréchal de France (1601-1656), sans postérité.
Une histoire de carreau
Marie ne connut pas son père : fidèle serviteur du roi, mestre de camp de dix compagnies, soit mille hommes, M. de Hautefort mourut deux mois après sa naissance. Sept enfants représentaient une charge pour sa veuve ; confiée à dix ans à sa grand-mère Catherine de La Flotte-Hauterive 84 , gouvernante des demoiselles d’honneur de la reine mère, Marie fut admise grâce à elle auprès de Marie de Médicis (1628).
Le vendredi saint 12 avril 1630, le roi Louis XIII, plutôt porté vers les amitiés masculines, ressentit un coup de foudre inattendu pour cette superbe adolescente de quatorze ans. Les faits et gestes du monarque étant épiés avec indiscrétion par la cour et les ambassadeurs, le royal émoi fit l’objet d’une dépêche du nonce apostolique au pape. Louis avait suprêmement honoré la jeune personne en ce vendredi saint : les demoiselles d’honneur écoutant le sermon, assises à même le dur sol de pierre de la chapelle, le roi avait tendu son « carreau 85 » à Marie de Hautefort, interdite et rougissante, qui n’osa s’en servir et le déposa à côté d’elle avec respect.
Afin de satisfaire sa nouvelle inclination sans déroger aux règles de l’étiquette, Louis XIII demanda à la reine mère la permission de servir la blonde demoiselle, en tout bien tout honneur, évidemment : ce roi mélancolique, à la sexualité refoulée, tenait à se démarquer de la paillardise scandaleuse de son père. Son amitié avec Marie profita curieusement à la reine Anne d’Autriche, ordinairement délaissée : le roi fit à nouveau lit commun avec elle.
Liaison platonique
Louis XIII plaçait son métier de roi au-dessus de toute considération personnelle et se définissait comme « premier serviteur de l’État ». Cette haute conception du devoir monarchique coïncidait avec les idées de Richelieu, son principal ministre. Durant sa longue carrière, ce dernier renforça le pouvoir du souverain au détriment de la haute noblesse. « Je suis plus obligé à mon État qu ’ à ma mère », dit le roi au cardinal-ministre lors de la journée des Dupes, lorsqu’il le maintint à son poste contre l’avis de la reine mère (11 novembre 1630). Ce jour mémorable de notre histoire provoqua aussi deux promotions à la cour : quittant le service de la reine mère, Marie de Hautefort et Mme de La Flotte passèrent à celui d’Anne d’Autriche.
Louis XIII galantisa fort convenablement la nouvelle demoiselle d’honneur de son épouse. Sa discrétion l’y poussait et cela arrangeait Marie, vertueuse et sage sans être bégueule. Il la retrouvait tous les soirs chez la reine, après le souper. Prude, mal à l’aise avec les femmes, ce monarque timide et sentimental avait besoin d’être aimé, mais sa conduite intriguait les observateurs : « L’amour du roi n ’ était pas comme celui des autres hommes ; car il aimait une fille sans dessein d’en avoir aucune faveur et vivait avec
Weitere Kostenlose Bücher