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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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d’Escoman l’accusa quelques mois plus tard d’avoir été l’instigatrice du meurtre, avec le duc d’Épernon et d’autres puissants personnages 80 . Interrogée par les magistrats du parlement de Paris, qui connaissaient ses anciennes manigances avec l’Espagne, Henriette put se disculper. Les juges la mirent hors de cause (mars 1611).
    Elle maria sa fille Gabrielle-Angélique au fils du duc d'Épernon (1622) et mourut à Paris, bien oubliée, le 9 février 1633.
    Adulée par Henri IV, Henriette d’Entragues voua son existence à l’intrigue et la vénalité. Femme au cœur sec, elle ne se signala par aucun bienfait ni mécénat.

CHARLOTTE DE MONTMORENCY
    « L ’ impossible favorite »
    Née en 1594. Seconde fille du connétable Henri I er de Montmorency et de Louise de Budos. Mariée à Chantilly le 17 mai 1609 à Henri II de Bourbon, prince de Condé, elle en eut Anne-Geneviève, future duchesse de Longueville (1619), Louis, futur « Grand Condé  » (1621) et Armand, futur prince de Conti (1629).
    Le dernier coup de foudre du Vert-Galant
    Henri IV désira toujours les femmes, à condition qu’elles fussent jeunes et jolies. Il avait aussi le goût des tendrons, bénéficiant parfois du privilège d’être le premier dans le cœur – et surtout dans le lit – de ces demoiselles. À cinquante-cinq ans bien sonnés, paraissant du reste plus âgé qu’il n’était, il n’entendait pas dételer de ses plaisirs favoris, la guerre, la chasse et l’amour, qui ont d’ailleurs bien des points communs.
    Le 16 janvier 1609, la prunelle allumée, il assista à la répétition d’un ballet, au Louvre. Il déshabillait toutes les femmes présentes du regard. Charlotte de Montmorency, qui n’avait pas quinze ans, parut vêtue en chasseresse, avec une flèche à la main. Sans imaginer les conséquences du geste, elle s’amusa à en désigner le roi, qui en demeura foudroyé. Il s’alita les jours suivants à cause d’une crise de goutte et l’image de la ravissante jouvencelle le poursuivit. Ironie du sort, vingt-huit ans après « la belle Fosseuse », il était à nouveau captivé par une fille de la maison Montmorency.
    Le Béarnais crut que la divine apparition lui avait jeté un sortilège. Cet enchantement ne le quittait plus. Il s’en ouvrit à ses intimes ; ceux-ci, qui le croyaient bien connaître, ne s’inquiétèrent pas outre mesure : les amours de leur maître n’excédaient jamais trois jours. De plus, la belle adolescente était promise, depuis l’automne 1608, à François de Bassompierre, ami personnel du Vert-Galant.
    Obstacle de pure forme aux yeux de ce dernier : il voulait Charlotte, dont le souvenir l’obsédait, et il l’aurait – du moins le croyait-il. Avec une autorité qui n’admettait pas de réplique, il fit rompre les fiançailles et décida de marier la jeune fille à son neveu, le prince Henri II de Bourbon-Condé. Une telle alliance avec la famille royale ne se refusait pas : flatté, le connétable de Montmorency, père de Charlotte, s’inclina devant la décision d’Henri IV. Le beau Bassompierre réprima quelques pincements de cœur, mais renonça à la fille des « premiers barons de la chrétienté »  : ambitieux, d’esprit courtisan, il guignait la charge prestigieuse de premier gentilhomme de la Chambre. Cela valait bien ce troc. Après tout, la haute noblesse ne manquait pas d’autres jeunes filles à marier…
    Quand un roi perd la tête
    Officiellement fils posthume du prince Henri I er de Condé 81 , le neveu du roi préférait les messieurs aux dames et une rumeur le disait impuissant. L’oncle méprisait ce timide garçon et escomptait sa complaisance pour lutiner sa future femme à sa place : « Je donnerai à mon neveu, qui est jeune et aime mieux la chasse cent mille fois que les dames, cent mille francs par an pour passer son temps », avoua-t-il à Bassompierre. Fiancé d’autorité (2 mars), conscient du marché sordide auquel on l’obligeait, le prince y répugnait ; il supplia le roi d’abandonner le projet. Rien n’y fit et il épousa Mlle de Montmorency. Henri IV lui donna 100 000 livres de pension et n’oublia pas la jeune mariée, qui en reçut 24 000 pour ses frais d’habillement.
    Le sentiment du roi à l’égard de Charlotte différait radicalement de ceux qu’il avait naguère éprouvés pour ses autres favorites. Au fond, il n’avait jamais su aimer ni être aimé au long de sa vie

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