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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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appréciée de la reine et de son entourage. De plus, Marie-Thérèse ne pouvait qu’être sensible à sa piété sincère et son sens de la charité. Les poètes la louèrent à l’unisson :
    Que d’appâts ! Que d’attraits, de charmes !
Pour tout dire en un mot : que d’armes !
    Mais Françoise sut rester vertueuse en un milieu qui l’était fort peu, car les courtisans copiaient l’inconduite royale avec ardeur. Elle eut du mérite si l’on considère le mari que le sort lui donna.
    Un croqueur de dot
    Louis-Henri, marquis de Montespan, fut bien malgré lui le plus célèbre cocu de l’histoire de France, qui en compte pourtant de fameux. Mais ce fils des très nobles lignages de Comminges et de Foix 131 eut un caractère plus complexe que le traditionnel mari trompé cher aux comédies de boulevard. De réputation assez douteuse, avide, égoïste, dépensier, joueur, il déplut à sa belle-famille, qui prit soin de verser une partie de la dot de Françoise sous forme d’une rente annuelle.
    Louis XIV ne l’appréciait pas davantage et ne lui confia aucune fonction à la cour. Montespan n’était pourtant pas dénué de qualités : instruit, il fréquentait le salon littéraire d’Albret avec Françoise 132 , qu’il ne cessa jamais d’aimer ; courageux, il se distingua aux combats de Marsal (1663) et de Djidjelli (1664).
    Incapable de s’enrichir, il s’endetta. L’argent lui filait littéralement entre les doigts. Débiteur de 13 000 livres en 1663, il en devait 48 000 cinq ans plus tard. Mû par la nécessité, il enjoignit à Françoise de gager l’un de ses plus beaux bijoux. Le couple vécut chichement, humiliante situation pour la fille des Mortemart, dont le service à la cour exigeait qu’elle tînt son rang (novembre 1666). Elle ne revivait qu’auprès de la reine ou de Philippe d’Orléans, frère du roi : « Elle a de l’esprit, elle m’amuse », dit ce dernier à Louis XIV. Le marquis soupçonna même une liaison entre sa femme et Monsieur, qui ne faisait pourtant pas mystère de son goût des garçons. Montespan voulut emmener Françoise loin de la cour ; elle implora alors l’aide de Monsieur. Le prince convoqua le mari et l’invita à laisser son épouse à Paris jusqu’au printemps. Un tel désir valait un ordre : Montespan partit seul en Gascogne. Il revint au début de mai 1667 pour emprunter de fortes sommes et organiser une compagnie de cavalerie, que le roi paya à l’impécunieux marquis.
    L’étoile montante
    Amoureux de Mlle de La Vallière, Louis XIV prisait peu Mme de Montespan. Il reprocha même à Monsieur de trop la fréquenter. Étonnés de cette froideur, ses proches regrettèrent qu’il négligeât l’une des plus jolies femmes de la cour : « On ne peut avoir plus d’esprit ni plus de beauté qu’elle en a  », nota le duc d’Enghien (5 novembre 1666), et la Grande Mademoiselle partageait son opinion. Trompés par sa discrétion, ils ne remarquèrent pas que Louis délaissait progressivement Mlle de La Vallière et s’éprenait de Françoise de Montespan. Celle-ci voulait le séduire pour le gouverner en son particulier par l’esprit, tout en restant fidèle à son mari ; son caractère « était naturellement éloigné de la galanterie et porté à la vertu […]. Elle croyait qu’elle lui ferait toujours désirer [au roi] ce qu’elle avait résolu de ne pas lui accorder 133  ». Elle se lia adroitement avec Louise de La Vallière pour se rapprocher du roi. Celui-ci lui témoigna une attention soutenue ; Françoise assista aux préparatifs de la guerre contre l’Espagne et l’accompagna durant la campagne avec la reine et ses dames d’honneur (printemps 1667).
    Restée à Versailles à cause de sa grossesse, Mlle de La Vallière scandalisa ces dames quand elle rejoignit le roi sur un coup de tête 134 . Françoise blâma fort une pareille conduite : « Dieu me garde d’être la maîtresse du roi […], je serais bien honteuse devant la reine » (7 juin 1667). Paroles hypocrites : Louis triompha aisément de sa vertu quelques jours plus tard, à Avesnes. Prévenue de la froideur subite de son mari pour sa favorite, la naïve reine Marie-Thérèse pensa qu’il allait enfin lui revenir ; elle ne crut donc pas un mot d’une lettre anonyme l’informant de sa nouvelle infortune. La curieuse prévenance de Louis XIV envers Mme de Montespan aurait dû lui mettre la puce à l’oreille : il lui fit

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