Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
Vom Netzwerk:
l’honneur inouï de la ramener à Versailles en son propre carrosse, avec la reine (septembre 1667). Aussi aveugles que cette dernière, les courtisans ne s’aperçurent pas de la liaison et Mlle de La Vallière était toujours à leurs yeux la favorite en titre. En vérité, Louis XIV jouait de son grand pouvoir de dissimulation, qualité essentielle pour un chef d’État.
    « Dame de la faveur »
    Le caractère de Françoise se métamorphosa dès qu’elle entra dans l’intimité du roi. Sûre de son appui, elle devint égoïste, hautaine et s’éloigna des préoccupations spirituelles qu’on lui avait connues. Parlant haut, elle ne se gêna plus pour se moquer de quiconque, y compris la reine. Mais, soucieux de sa dignité et de celle de la famille royale, Louis XIV ne toléra pas le moindre manquement au respect dû à sa femme : « Souvenez-vous, madame, qu’elle est votre maîtresse », répliqua-t-il sèchement à l’altière Athénaïs, qui se le tint pour dit. En revanche, elle joua son rôle d’épouse fidèle à la perfection : revenu vivre à Paris, son mari ne décela rien d’anormal (janvier 1668).
    Hommage secret à sa nouvelle favorite, le roi donna une fête somptueuse à Versailles à l’occasion du traité d’Aix-la-Chapelle, le 18 juillet 1668 : les visiteurs purent admirer le bassin d’Apollon, puis goûter à une collation, avant d’assister aux représentations du George Dandin de Molière et des Fêtes de l’Amour et de Bacchus de Lully. Un souper de cinquante-six plats fut ensuite servi en musique à trois mille invités. La table du roi comportait soixante couverts, celle de la reine quarante, tandis que les eaux jaillissaient des fontaines et qu’un feu d’artifice émerveillait les convives ; une certaine Françoise Scarron se trouvait parmi ces heureux mortels. La fête, qui coûta 117 000 livres à Louis XIV, lui rapporta bien plus en hommage à la majesté royale ; seize ans après la Fronde, plus personne n’osait se placer en travers de la volonté du monarque. Ce faste grandiose démontrait sa richesse et sa puissance ; il pouvait tout se permettre. Concernant sa vie privée, il ne se gêna pas. Le bruit de la « faveur » de Mme de Montespan se répandit peu après et les gens d’esprit, qui vivaient nombreux à la cour, firent leurs choux gras de cet amusant septain :
    On dit que La Vallière
S’en va sur son déclin.
Ce n’est que par manière
Que le roi suit son train.
Montespan prend sa place.
Faut-il pas que tout passe
Ainsi de main en main ?
    Enceinte des œuvres du roi, Françoise s’en affligea pour sa réputation, au point de dissimuler son état sous des robes bouffantes (août 1668). Quand elle ne put plus masquer sa grossesse, sa famille fit d’abord grise mine, car il y allait tout de même de l’honneur du lignage. Les libéralités royales la déridèrent bien vite : don de 300 000 livres pour soulager ses dettes criardes, octroi du gouvernement de l’Île-de-France au père, de la charge de général des galères à Vivonne, frère aîné d’Athénaïs, avec le demi-million nécessaire pour la racheter au titulaire du moment. Quand l’argent paraît…
    Le mari réagit plus noblement au fond, mais commit la double erreur de maudire les amours du roi avec des termes de soudard et de crier vengeance. On se moqua bientôt de son incapacité à tirer quelque profit de son infortune. Ses insolences et ses grossièretés avaient déjà eu un écho à la cour, quand il querella affreusement Mme de Montausier, l’accusant de complicité ; l’épouse du gouverneur du dauphin en eut la raison choquée 135 . Arrêté sur l’ordre du roi, M. de Montespan fut élargi après douze jours de détention, puis exilé sur ses terres gasconnes avec défense expresse d’en sortir (4 octobre 1668).
    Là-bas, les bizarreries du marquis firent rire à ses dépens : devant ses amis et ses serviteurs, il prit le deuil de sa femme avec ostentation ; il entrait en son château par le grand portail à cause, disait-il, de la hauteur de ses cornes ! La rumeur lui prêta d’autres fantaisies du même acabit : il aurait fait peindre ses armoiries avec lesdites cornes sur son carrosse, celui-ci étant crêpé de noir et orné de bois de cerf à l’avant, toutes choses possibles, vu les excentricités et voies de fait ultérieures du sire…
    L ’ éclatante Athénaïs
    Mlle de La Vallière avait accepté de n’être plus que la

Weitere Kostenlose Bücher