FBI

ses vérités. Trop tard. Le 9 novembre 1977, à 6 h 35 du matin, il est tué par un jeune homme qui affirme l’avoir pris pour un cerf. La justice conclut à un accident de chasse. Le jeune homme est condamné à une amende de 500 dollars et à un retrait de permis de chasse de dix ans. Il est placé sous le contrôle judiciaire de son père, policier de l’État du New Hampshire. Il n’y aura jamais d’enquête sur la mort de William Sullivan…
    La vengeance de Nixon
     
    1977 marque un tournant dans l’histoire des agents du FBI. Pour la première fois depuis la création du Bureau, un vent de fronde souffle dans les rangs de ses hommes. Ils n’en peuvent plus de voir le Bureau traîné dans la boue par les diverses commissions d’enquête parlementaires. Même Gerald Ford, le successeur de Richard Nixon, n’a pu les protéger. Et Dieu sait si Gerald Ford est un ami du Bureau ! L’arrivée au pouvoir du président Carter en janvier 1977 ne présage rien de bon. Les agents se méfient, et ils ont raison. À peine arrivé au Département de la Justice, Griffin Bell annonce l’ouverture de poursuites contre 168 agents ou ex-agents du FBI. Les avocats du Département de la Justice n’y vont pas de main morte : ils téléphonent au domicile des agents le soir, menacent leurs familles. Finalement, le Département décrète le renvoi devant les tribunaux de 68 agents du FBI.
    Les faits reprochés remontent au début des années 1970, quand le Bureau s’était lancé aux trousses d’un groupe clandestin d’extrême gauche, la Weather Underground Organization ou les Weathermen13. L’équipe 47 du bureau de New York a eu recours aux « bonnes vieilles méthodes » pour neutraliser les Weathermen. Les agents ont pénétré chez des particuliers sans mandat, posé des micros, intercepté le courrier et interrompu « par toute sorte de moyens » les activités des suspects. Des pratiques couvertes par la hiérarchie du FBI, à commencer par le numéro deux du Bureau, Mark Felt, et son adjoint Ed Miller. Alors que le délai de prescription arrive à son terme, le Procureur général Griffin Bell déclenche en catastrophe les poursuites accusant le FBI d’avoir violé les droits civiques de citoyens américains.
    Sa cible : les agents de l’équipe 47 et leur superviseur John Carney, qui est convoqué le 13 février 1977 devant un grand jury de New York qui doit décider de son renvoi en justice. À son arrivée au palais de justice de Foley Square à New York, le superviseur est accueilli par un millier d’agents fédéraux venus de différents bureaux de la côte Est. Une première dans l’histoire du Bureau. Tous les agents sont en congé, mais ils ont sur eux leur plaque et leur arme de service. La « manifestation » est tolérée par le directeur du FBI. Quand le superviseur monte les marches du palais de justice, ses collègues l’applaudissent à tout rompre pendant cinq bonnes minutes. Les agents du FBI viennent de découvrir le syndicalisme. De leur mouvement naîtra l’Association des agents du FBI, dont la première décision est de prendre en charge la défense des agents de l’équipe 47.
    Devant le grand jury, Mark Felt et Ed Miller témoignent que les agents ont agi sur leur ordre avec l’accord verbal du directeur de l’époque, Patrick Gray. Le Département de la Justice ouvre alors des poursuites contre Patrick Gray, Mark Felt et Ed Miller. Leur comparution devant un grand jury en 1978 donne elle aussi lieu à une manifestation de 800 agents du FBI. Les trois hommes plaident coupables, mais, lors des auditions, Patrick Gray nie avoir été informé des faits qui lui sont reprochés. Ed Miller en est encore indigné : il affirme avoir expliqué lui-même à son directeur les méthodes employées par les agents de l’équipe 47 pour venir à bout des Weathermen. Le grand jury renvoie les trois hommes devant les tribunaux. Le procès s’ouvre à Washington le 16 septembre 1980 et se termine le 6 novembre de la même année, alors que les Américains viennent d’élire Ronald Reagan Président. En plein milieu des débats, une personnalité se présente pour témoigner : Richard Nixon fait une de ses premières apparitions publiques depuis des années. Avant d’entrer dans le tribunal, Nixon s’attarde devant les caméras des équipes de télévision qui couvrent le procès. Il ironise sur le fait qu’il se présente devant une cour de justice comme témoin dans