FBI
achetés dans des surplus militaires. J. Edgar Hoover, qui était, on le sait, plus à cheval sur l’image que sur l’éthique, n’aurait pas du tout apprécié.
Neil Welch sait qu’il n’a pas droit à l’erreur. Le moindre faux pas peut lui être fatal. Il lui faut aussi faire avec le mécontentement des autres agents du bureau de Buffalo qui ont constaté que leurs collègues ont « disparu », mais que leurs dossiers sont toujours là. « Ils ne savaient pas où les douze agents étaient partis, explique Welch, mais il planait un soupçon général, car ils ne s’occupaient pas des affaires en cours… » En dépit de leur ressentiment, les agents du bureau de Buffalo n’osent rien dire à leur SAC. Il leur a fallu plus de six mois pour réaliser que Neil Welch venait de créer la première structure clandestine de l’histoire du FBI.
Welch est un chaud partisan des opérations clandestines. Quinze ans auparavant, dans le cadre d’une affaire d’extorsion, il s’était déjà déguisé en jardinier pour mieux intervenir en flagrant délit. L’opération « Miburn » contre le Ku Klux Klan lui avait également fourni l’occasion d’affiner ses techniques de surveillance et de contre-intelligence. Depuis lors, il est convaincu de l’intérêt des opérations d’infiltration.
Neil Welch a fait modifier certaines voitures du parc automobile du Bureau pour les rendre aussi voyantes et rapides que celles des mafieux. « Le budget pièces détachées du bureau de Buffalo s’en était ressenti, mais personne à Washington ne nous posait de questions, se souvient Welch. Ils mettaient ça au compte des hivers rigoureux. » Ses hommes disposent d’une garde-robe conséquente. Selon les besoins, ils peuvent se déguiser en mafieux afin de mieux traîner dans les bars ou les restaurants fréquentés par les hommes de Magaddino.
En complète violation de la tradition du Bureau, Welch n’hésite pas à recourir à des femmes. À l’époque, celles-ci n’avaient pas le droit d’être Agent spécial. Alors, comme d’autres SAC, il se sert de secrétaires et d’employées du Bureau quand il a besoin de présence féminine pour ses opérations de surveillance. Qui se méfierait de cette charmante petite vieille qui prend régulièrement ses repas chez Luigi’s ? Sûrement pas son voisin de table, Stefano Magaddino ! Le parrain ne se doute pas non plus que la vieille dame très digne parle couramment le sicilien et qu’elle écoute tout ce qui se dit. À force de venir tous les midis, elle fait partie du décor. Personne ne remarque qu’elle remplace subrepticement le porte-serviette de la table de Magaddino par un objet identique, mais pourvu d’un minuscule micro émetteur.
Pour l’étape suivante, Neil Welch a besoin des talents d’Edward Tickle, le meilleur serrurier du FBI, l’as des as du fric-frac. Il le fait venir de Washington. Âgé d’une vingtaine d’années, Ed Tickle a d’abord été embauché par le FBI pour « ouvrir les portes » aux agents fédéraux lorsqu’ils veulent pénétrer discrètement chez des particuliers ou dans des bureaux. Dans les années qui suivent, les SAC s’arrachent ses talents. Grâce à lui, les agents du FBI réussissent à poser des micros chez le parrain de La Nouvelle-Orléans, Carlos Marcello. Fin 1978, c’est lui qui ouvre les portes aux agents venus « équiper » les bureaux des responsables des « Teamsters », le tout-puissant syndicat des camionneurs. Dans le même temps, Edward Tickle dépose le brevet d’une serrure inviolable.
Malheureusement, au soir du 4 avril 1980, le serrurier sera arrêté en flagrant délit de cambriolage du Credit Union, la banque du FBI, au huitième étage du quartier général du Bureau ! Chez lui, les policiers saisiront des bijoux volés. Le directeur du FBI, William Webster, renverra Ed Tickle, et le serrurier indélicat sera condamné à huit ans de prison…
Les Agents spéciaux entament la surveillance de la maison de Stefano Magaddino. Ils relèvent soigneusement les habitudes de la famille. Un jour d’hiver, persuadés qu’ils disposent d’assez de temps, ils passent à l’action. Un épais manteau de neige recouvrant les environs, ils doivent faire attention à ne pas laisser de traces de leur passage. Les cambrioleurs du FBI ont moins de deux minutes pour entrer. Il est hors de question de s’éterniser devant la porte du parrain. N’arrivant pas à pénétrer assez vite,
Weitere Kostenlose Bücher