FBI
en 1946, il est arrêté lors du sommet d’Appalachin dix ans plus tard. Son empire s’est réduit depuis que Fidel Castro lui a confisqué ses casinos et ses bordels, qui faisaient la réputation du Cuba de Batista. Il fait partie de la légende de la Mafia. En croisant ce petit vieillard dans les rues de Tampa, les passants ne se doutent pas que le rescapé des geôles castristes a dû sa libération à Jack Ruby, futur assassin de Lee Harvey Oswald, et à l’intervention de Raul Castro, frère du Lider maximo . Son nom fait régulièrement la une des journaux américains, surtout après les révélations concernant son embauche par la CIA pour tuer Fidel Castro. Il est le dernier survivant de l’affaire : ses deux compères, Sam Giancana et Johnny Roselli, viennent d’être assassinés la veille de leur audition par une commission d’enquête du Congrès chargée de faire la lumière, entre autres, sur l’assassinat du président Kennedy. Santo Trafficante a été entendu par cette commission désireuse de savoir pourquoi son nom est cité régulièrement comme organisateur de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
Avant même d’envisager de travailler à Tampa, la famille Bonanno a besoin du blanc-seing de Santo Trafficante. Le parrain n’est pas facile à contacter. Il faut passer par des intermédiaires, laisser des messages, et surtout être patient.
Les travaux d’approche commencent et, un mois plus tard, Sonny Black rejoint Joe Pistone à son hôtel, le Tahitian Motor Lodge de Holiday, avec promesse d’un rendez-vous. Au bout de deux jours d’attente, Sonny Black reçoit un appel de Santo Trafficante qui lui dit avoir envie de manger grec, ce soir-là. Black comprend qu’il a rendez-vous dans une des cantines du parrain, chez Pappa’s, à Tarpon Springs. Pistone l’y conduit. Sur le parking, l’Agent spécial croise Santo Trafficante. « C’était un vieux gentleman à l’allure tranquille et douce, aux épaules légèrement voûtées », se souvient-il non sans respect.
Deux heures plus tard, Joe Pistone revient chercher son capitaine. Black est d’excellente humeur : « Ce type, c’est de la dynamite, dit-il à Joe. Il m’aime bien. Toutes les portes nous sont ouvertes en Floride, à condition de faire les choses correctement. »
Sonny Black revoit régulièrement Santo Trafficante pour mettre au point des affaires qui s’annoncent florissantes. Trafficante est ouvert à toutes les propositions : trafic de drogue, jeux clandestins, usure. Il est aussi question d’exploiter un champ de courses de lévriers, une des passions du parrain de Tampa. Trafficante est vieux et malade, la fréquentation de Black lui donne un coup de jeune. Lui qui s’était installé à Miami revient vivre à Tampa. À la stupeur de Black, le parrain se révèle être un passionné du jeu de bingo. « Il y a beaucoup d’argent à se faire dans le bingo », explique-t-il à Black. Le parrain contrôle des salles de bingo dans toute la Floride, sauf dans le comté de Pasco. Pourquoi Black n’en n’ouvrirait-il pas une au King’s Court Club ?
L’argent coule à flots, Santo Trafficante touche la moitié des bénéfices, le FBI enregistre et filme : tout le monde est content. Santo Trafficante vient d’ouvrir les portes du paradis à Sonny Black. Mais le capitaine est très conscient qu’il suffit d’un claquement de doigts du vieux parrain pour qu’elles se referment. Il prend donc bien garde d’associer son partenaire à la moindre de ses décisions. Pour donner un nouveau coup de fouet à un chiffre d’affaires déjà en pleine expansion, Sonny Black décide d’organiser au King’s Court Club des nuits « Las Vegas » consacrées aux jeux de hasard, avec spectacles de music-hall. Les joueurs malchanceux pourront se refaire grâce à des sommes prêtées par le Club, moyennant des taux usuraires. La veille de la première soirée, Santo Trafficante rend visite à Sonny Black au Tahitian Motor Lodge. Joe Pistone, qui se prélasse avec les autres « hommes d’honneur » de la famille, voit les deux hommes s’isoler dans la chambre de Black. L’Agent spécial se réjouit à l’avance d’écouter leur conversation, la chambre du capitaine ayant été sonorisée par le FBI. Mais les micros du Bureau n’enregistrent qu’une seule phrase prononcée par Santo Trafficante : « Nous ne pouvons pas parler dans cette chambre. Allons ailleurs. » Le capitaine et le parrain
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