FBI
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De retour au Dakota du Sud, les militants de l’AIM redoublent d’activité. Ils se focalisent sur Rapid City et la réserve Lakota Oglala du Sud-Dakota de Pine Ridge. La fièvre grimpe vite et fort. Le 6 février 1972, après l’assassinat d’un Indien, une émeute éclate autour du tribunal de la petite ville de Custer. Dans les jours qui suivent, pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent, la Garde nationale se déploie à Sturgis et à Hot Springs.
La tribu des Oglala est divisée. Le président du Conseil tribal de Pine Ridge, Richard « Dickie » Wilson, est un des plus farouches opposants à l’AIM. Pour faire face aux guerriers du Mouvement, Wilson crée une milice armée censée « garder la paix dans la réserve », les GOON (Guardians of the Oglala Nation). En argot américain, un goon est un gangster ou un homme de main. Ils ne voleront pas leur nom. L’AIM affirme que les GOON sont secrètement équipés par le FBI et surtout par le BIA. Il accuse les GOON d’être à l’origine de centaines d’agressions et d’homicides sur la réserve, leur but étant de casser le retour aux traditions des Oglala. Face aux GOON, les Indiens de l’AIM s’organisent et s’arment. Entre les deux, le FBI.
Le siège de Wounded Knee
Joseph H. Trimbach aurait voulu être le SAC du bureau d’Albany dans l’État de New York. Mais un vice-assistant directeur lui a soufflé la place. Alors il s’est retrouvé à des milliers de kilomètres de là, au cœur des États-Unis, SAC de Minneapolis. Pour son premier poste, il est gâté. Le bureau de Minneapolis (MIFO) est chargé de contrôler plus de 6 millions d’hectares du territoire, regroupant trois États et quatorze réserves indiennes. Joseph Trimbach a calculé que chacun de ses agents est censé surveiller près de 650 000 hectares…
À peine arrivé à son poste, Joseph Trimbach est alerté par l’agent résident de Rapid City de l’imminence d’une action de l’AIM. Des militants qui occupent un centre de secours catholique sont en train de préparer des cocktails Molotov. Le SAC envoie deux de ses Agents spéciaux qui, arrivés sur place, ne découvrent pas grand-chose. Pourtant, leur arrivée a provoqué le départ des guerriers de l’AIM, qui ont repris la direction de la réserve. Le siège du Bureau des affaires indiennes de Pine Ridge, qui pourrait être un de leurs objectifs, est immédiatement encerclé par des Marshals et des membres d’une milice armée, le SOG (Special Operations Group).
Mais les guerriers de l’AIM ont un autre objectif, le petit village de Wounded Knee. Haut lieu de la mémoire indienne, c’est là que, le 29 décembre 1890, le 7 e régiment de l’US Cavalry a massacré près de 300 Indiens, pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards.
Le 27 février 1973, 300 Indiens, dont les militants de l’AIM, occupent le petit village pour protester contre les conditions de vie intolérables qui leur sont imposées dans la réserve. Le porte-parole du groupe réclame la révision du traité de Fort Laramie signé par les tribus indiennes défaites et le gouvernement américain en 1868. Ils demandent une enquête sur les pratiques de la police indienne, le BIA, et proclament l’indépendance de la nation Oglala. Immédiatement informé, le SAC Joseph Trimbach ordonne à ses agents d’encercler Wounded Knee. Cette décision, lourde de conséquence, va entraîner le Bureau à mener un siège militaire qui va durer près de soixante-dix jours et le plonger au cœur d’une guerre indienne. Une opération d’une ampleur inédite.
Joseph Trimbach agit dans le cadre de ses compétences. Le FBI a juridiction sur les réserves indiennes. Il doit intervenir rapidement pour que les assiégés ne reçoivent pas de renforts, et, pour éviter un affrontement entre les GOON ou la police tribale et eux. Le SAC donne ordre à ses hommes d’intercepter tous les véhicules qui sortent de Wounded Knee. Dans le deuxième véhicule arrêté par les agents du FBI se trouve un représentant du Département de la Justice porteur d’une liste de revendications. Les assiégés réclament la présence de trois sénateurs avant d’ouvrir des négociations.
À cette époque, les agents du FBI ne sont pas encore rompus à l’intervention dans des situations extrêmes. Les agents chargés de tenir les barrages ne sont pas équipés pour affronter les nuits des rudes hivers du Dakota du Sud, où
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