FBI

Roley, est parfaitement adaptée à ce genre de travail. Elle est patiente et supporte très bien l’ennui des longues heures d’attente. En outre, elle vient du corps des marines ; elle sait garder son sang-froid, même sous les tirs les plus nourris. Mais Trimbach avait compté sans le zèle de la jeune femme qui, un jour, après son tour de garde de douze heures, a tout simplement disparu. Le SAC sonne le branle-bas de combat ; son pire cauchemar vient de se réaliser : un de ses agents est porté disparu et, qui plus est, il s’agit d’une des premières femmes agents du Bureau. Il fait fouiller son dortoir, puis tous les endroits où elle pourrait se trouver : motels, bars, cafés, sièges du BIA, antenne du FBI. En vain. Au bout de quelques heures, la jeune femme est localisée sur un petit barrage routier au fin fond de la réserve. Elle remplace un agent porté malade. Convoquée par son SAC, elle le supplie de ne pas la renvoyer.
    Pour Joseph Trimbach, il n’est pas question de se séparer de l’agent Roley, mais il redoute d’entrer dans l’histoire du Bureau comme le SAC qui est responsable de la mort de la première femme agent du Bureau… Il ne peut pas non plus les tenir éloignées du théâtre des opérations.
    Joan Misko Pierce est un des Agents spéciaux que Joseph Trimbach apprécie le plus. Diplômée en histoire, elle a été pendant onze ans nonne au couvent des Sœurs de la Charité de Buffalo. Sœur Misko Pierce enseignait l’histoire américaine et l’économie à l’Académie Mount Mercy de Buffalo et à l’École supérieure Madonna de Niagara Falls. Elle quitte le couvent pour rejoindre le FBI le 23 mars 1970 en tant que chercheuse à l’Académie nationale de Quantico. Elle est nommée Agent spécial le 17 juillet 1972. À trente et un ans, elle est la première femme à accéder à ce poste depuis les années 1920.
    Dans l’après-midi du 8 mars 1973, en compagnie de deux autres collègues, elle est appelée à l’est de la réserve, au barrage routier RB3, afin d’interroger une famille indienne qui veut quitter le territoire. Les Marshals qui tiennent le RB3 ont instruction de ne laisser sortir personne sans l’autorisation du FBI. L’Agent spécial Pierce commence à interroger les Indiens, tandis que ses collègues surveillent l’horizon. Ils ont senti quelque chose d’anormal. L’Agent spécial Grimes saisit ses jumelles et voit trois pick-up et une camionnette quitter le village et se diriger vers eux. Arrivés à moins de 500 mètres, les véhicules s’arrêtent ; des Indiens, le visage peint aux couleurs de la guerre, armés jusqu’aux dents, en sortent et se déploient.
    « Nous avons un problème ! » crie l’Agent spécial Siedel.
    D’autres véhicules également pleins de guerriers en armes ont quitté le village et se dirigent vers eux.
    Siedel s’empare du micro de sa radio : « Des agents ont besoin d’aide au RB3 ! »
    Au même moment, des voitures roulant en rase campagne dépassent le barrage et se placent en direction du nord. Il faut mettre la famille indienne à l’abri : Joan Pierce s’en charge. Pendant ce temps, trois autres véhicules arrivent et s’arrêtent au niveau d’un bosquet ; des guerriers Oglala armés de fusils en descendent et vont rejoindre d’autres hommes en armes. Côté nord, les guerriers se déploient en arc de cercle et remontent vers le RB3. Les Indiens tentent d’encercler les trois agents du FBI et les Marshals. L’affrontement est inévitable. Réfugiés derrière leurs véhicules blindés APC, les agents fédéraux vérifient leurs armes.
    Il est un peu plus de 17 heures quand la voiture de Joan Pierce s’arrête non loin du barrage. L’Agent spécial vient de mettre la famille indienne à l’abri et s’apprête à rejoindre ses collègues, quand les guerriers Oglala ouvrent le feu. L’ancienne nonne a juste le temps de sauter dans l’APC pour éviter une rafale de fusil automatique. Les agents du FBI ripostent avec leurs M16. La fusillade va durer trois quarts d’heure. Les agents du FBI et les Marshals vident chargeur sur chargeur en direction de leurs assaillants, tandis que, allongée au sol, l’Agent spécial Joan Pierce recharge les armes qu’on lui tend. Les agents sont en mauvaise posture : ils sont encerclés par 35 guerriers Sioux Oglala qui les arrosent de leurs armes automatiques.
    Joseph Trimbach est au poste de commandement quand il entend à la radio l’appel