FBI
autour du village.
Le 14 mars 1972, par une froide matinée, Joseph Trimbach fait ses adieux à Wounded Knee. Le Directeur a décidé de le remplacer par Roy K. Moore, une des légendes du Bureau. C’est Moore qui est venu à bout du Ku Klux Klan dans le Mississippi après avoir retrouvé les cadavres des trois militants des droits civils disparus près de Philadelphia. Sa tâche n’est pas facile. Le village est tenu par près de 300 hommes en armes. Rapidement, il arrive à la même conclusion que son prédécesseur : seule une intervention de l’armée permettra de régler le problème. Moore sera relevé au bout d’un mois. Entre-temps, les affrontements armés entre agents du FBI et guerriers Oglala redoubleront d’intensité. Deux Indiens sont tués et 12 autres disparaissent, enlevés et exécutés par les GOON si l’on en croit l’AIM. À la fin du mois d’avril, Patrick Gray démissionne de ses fonctions de Directeur. Il a reconnu avoir détruit des documents concernant le scandale du Watergate à la demande de deux conseillers du président Nixon. Il est remplacé par un ancien parlementaire, William Ruckleshauss, et trois mois plus tard par Clarence Kelley, un ancien du Bureau.
Le siège de Wounded Knee prend fin le 8 mai 1973, à la suite d’un accord signé à Washington. Les Indiens sont autorisés à quitter les ruines du village. L’ordre n’est pas pour autant rétabli. Une guerre sourde oppose les militants de l’AIM aux miliciens des GOON. De part et d’autre, des Indiens disparaissent. Au sein de l’AIM se déroule une véritable chasse aux infiltrés du FBI ; ici, on tue sur un simple soupçon. La valse des cadavres redouble : 64 Indiens sont assassinés, 300 blessés. Le FBI croule sous les mandats d’arrêt. Pour les exécuter, le Bureau envoie 60 agents dans la réserve, alors qu’avant les incidents de Wounded Knee il y en avait trois. C’est ainsi que le Bureau sera entraîné dans une des plus grandes tragédies de son histoire.
Opération « Resmur »
Le 26 juin 1975, peu avant midi, deux voitures du Bureau roulent sur la route qui relie la ville d’Oglala à la réserve de Pine Ridge. L’Agent spécial Jack Coler se trouve à bord d’une Chevrolet Biscayne blanc et or modèle 1972 et Ron Williams conduit une Rambler verte modèle 1972. Les deux voitures s’engagent sur une petite route de terre battue qui sinue vers l’ouest à travers de vertes prairies en direction du campement de Calvin Jump Bull, le principal de l’école des Lakota Sioux. Les prairies sont bordées de collines boisées et entrecoupées de bosquets quasi impénétrables. C’est l’endroit rêvé pour une embuscade.
Les Agents spéciaux savent qu’ils s’aventurent en territoire hostile. Leur informateur les a avertis que l’AIM stocke armes et munitions dans certaines tentes. Il leur a aussi dit qu’un hors-la- loi qu’ils recherchent, Jimmy Eagles, s’y trouve. C’est d’ailleurs pour l’arrêter qu’ils se rendent au campement. Mais personne ne leur a dit qu’un tueur plus redoutable s’y trouve également. Il a un fusil d’assaut AR-15, plein de munitions, et une furieuse envie d’en découdre. La veille, quand d’autres Agents spéciaux avaient débarqué au campement, il s’était caché. À leur départ, il a parlé à de jeunes guerriers qui eux aussi se sont armés.
Quelques minutes avant midi, les deux véhicules du FBI arrivent en vue du campement. Ils sont aussitôt pris sous le tir croisé d’armes automatiques. Les Indiens qui sont à l’origine des tirs se sont déployés sur les hauteurs et dans les bosquets qui bordent la route. Les assaillants ont l’avantage des lieux et de l’armement ; ils sont équipés d’armes d’assaut semi-automatiques et de puissants fusils de chasse. Leur chef est le mieux armé avec son AR-15.
Les deux voitures s’arrêtent sous une pluie de balles. L’agent Ron Williams est blessé. Il s’empare du micro de sa radio pour demander de l’aide, quand il voit Jack Coler sortir de sa Chevrolet Biscayne courbé en deux, l’arme au poing. Coler ouvre le feu avant de se diriger vers l’arrière. Du coffre, il extrait le fusil à pompe calibre A.308 qui s’y trouve conformément au règlement du Bureau. À peine a-t-il saisi l’arme qu’il s’effondre, grièvement blessé : une balle lui a pratiquement arraché le bras. Malgré sa blessure, Williams réussit à sortir de sa Rambler et à rejoindre son
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