FBI
par les sénateurs pour se voir confirmer à son poste, ainsi que le veut la loi américaine ; son objectif est donc de tout faire pour éviter un bain de sang. Toute l’administration partage l’indifférence des responsables du FBI. Il faut dire que, au même moment, le président Nixon et ses hommes sont en train de sombrer dans le scandale du Watergate.
Le SAC est d’autant plus découragé que le négociateur du Département de la Justice est seul à prendre les décisions. Au treizième jour du siège, après avoir discuté avec les représentants des insurgés, il annonce que les guerriers Oglala ont accepté de lever leurs barrages et ordonne au FBI d’en faire autant. Les agents du FBI dégagent les routes et s’aperçoivent que les Indiens occupent toujours leurs positions, qu’ils ont même renforcées. Des fonctionnaires et des éleveurs de bétail qui s’étaient aventurés sur les routes sont retenus en otages pendant quelques heures. Les guerriers de Wounded Knee en profitent pour s’approvisionner en munitions et en nourriture. Avec la levée des barrages du FBI, les visiteurs affluent. Un véritable cauchemar pour les agents du FBI : tout ce que l’Amérique compte de contestataire prend la route de Wounded Knee ; radicaux de la Nouvelle Gauche, féministes, Black Panthers, Weatherman, tous les groupes envoient leurs représentants.
Les agents du FBI en profitent pour recueillir des informations sur la situation à Wounded Knee. Les cameramen et les journalistes qui font l’aller et retour leur fournissent de précieux comptes rendus. Ils recrutent l’un d’entre eux, Douglas Durham, photographe d’un journal « underground » de la Nouvelle Gauche, Pax Now . Contrairement aux autres journalistes, Durham ne se fait pas prier pour communiquer au FBI ses notes et ses photos. Grâce à elles, les agents du FBI identifient les Indiens et se font une idée plus précise de leur armement. Le photographe leur remet aussi les plans détaillés des lieux ainsi que les horaires des patrouilles et leur composition. Il avertit les agents du FBI : la nuit, les Indiens s’approchent de leur campement et écoutent leurs conversations. Impressionné par le travail du photographe, les agents du FBI le recrutent comme informateur stipendié. Sa mission : infiltrer la section de Des Moines de l’AIM. Rapidement, il gagne la confiance d’un des responsables de l’organisation indienne, Dennis Bank. « Il devient son bras droit, son garde du corps, son messager et son confident », résume Joseph Trimbach.
Les agents ont remarqué que, pour transporter leurs armes, les guerriers de Wounded Knee se servent d’une camionnette volée. Le 11 mars, une patrouille du FBI repère la camionnette sur une route. Les Agents spéciaux demandent par radio des instructions : le SAC autorise l’intervention et l’arrestation de tous les occupants de la camionnette. Les Agents spéciaux allument leur gyrophare. La chasse commence.
La voiture du FBI n’a aucun mal à rattraper la camionnette. Elle entreprend de la dépasser, mais, arrivée à hauteur du conducteur, les Agents spéciaux voient sortir le canon d’un fusil. La voiture du FBI ralentit et, alors qu’elle reprend place derrière la camionnette, deux coups de feu retentissent. Les Indiens viennent de tirer. Assis à côté du conducteur, l’Agent spécial Fitzgerald tente de riposter à l’aide de son M16. Mais l’arme s’enraie. Les guerriers ouvrent à nouveau le feu : les premières balles vont se loger dans le pare-chocs et le pare-brise de la voiture du FBI. Blessé à la main droite et au bras gauche, Fitzgerald laisse tomber son arme sur la chaussée. L’Agent spécial McGhee, qui conduit, sort de la main gauche son Magnum 357 et tire en direction de la camionnette. Fitzgerald sort lui aussi son 38 spécial de la main gauche et se contorsionne pour ouvrir le feu. Les Indiens tirent à nouveau et font voler le pare-brise en éclats. Les Agents spéciaux ripostent. La poursuite s’arrête quelques minutes plus tard, quand la camionnette pénètre à vive allure dans Wounded Knee. Peu après, l’Indien qui a blessé Fitzgerald est récompensé d’une plume d’aigle. Un des dirigeants des insurgés donne l’ordre de tirer à vue sur tout agent du FBI surpris dans l’enceinte du village et annonce que les espions seront passés par les armes. Quelques heures plus tard, le directeur du FBI ordonne de rétablir les barrages
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