FBI
après avoir imité sa signature. Il porte plainte. Quelques années plus tard, le directeur William Sessions transige : Rochon renonce à ses plaintes en échange d’un dédommagement d’un million de dollars. Des Agents spéciaux et leurs superviseurs, tous des Blancs, sont sanctionnés pour avoir harcelé Rochon ; certains sont suspendus sans salaire pour une période de vingt jours. L’affaire laissera des traces au sein du Bureau. Quelques années plus tard, à Philadelphie, un truand que Rochon a envoyé en prison menace de mort sa famille et lui. Contrairement à l’usage, le Bureau n’ouvrira pas d’enquête et refusera de protéger Rochon et ses proches.
Puis un groupe d’Agents spéciaux femmes poursuit les responsables du FBI pour harcèlement sexuel. En tête des plaignantes, la première femme Agent spéciale sortie de Quantico en 1972, l’ancienne religieuse Joan Misko Pierce, l’héroïne de Pine Ridge.
Mais, pour le Bureau, le pire va venir des agents latino-américains, basés principalement dans la « Taco Belt », la Ceinture des Taco qui délimite au sud-ouest les États hispanisants, avec pour centre principal Los Angeles. C’est de là que part la révolte des Agents spéciaux d’origine hispanique. C’est le numéro deux du bureau de Los Angeles (LAFO), Bernardo Mat Perez, qui en brandit l’étendard en 1988. Il ne le fait pas de gaieté de cœur. Bernardo Perez adore le Bureau, c’est sa famille. Mais la famille est ingrate. Quand il en a pris conscience, Perez s’est senti comme un enfant martyrisé par sa mère. « C’est comme si ma mère avait abusé de moi, confie-t-il. Je l’adore, mais elle a abusé de moi. » Pour Perez, le calvaire a commencé le jour de sa prise de fonction en tant que numéro deux du LAFO. « Je n’ai pas demandé à ce que tu sois là, lui a dit son SAC. Ton bureau est là-bas. Tu y vas et tu y restes jusqu’à ce que je te dise d’en sortir. »
À ses côtés, une vedette du Bureau, Rudy Valdez, vingt et un ans de FBI, 600 arrestations, 25 citations, médailles ou récompenses, un as du contre-espionnage dont les mérites sont loués jusqu’à la CIA. Depuis 1981, il a demandé dix-neuf fois à passer au grade de superviseur, et dix-neuf fois le Bureau a dit non. Alors il travaille sous les ordres d’un Agent spécial qui n’a que neuf ans d’ancienneté dans le Bureau et qu’il a été obligé de former au délicat travail de supervision. Il sait qu’il a beau porter de beaux costumes, s’habiller avec recherche, ses collègues le regarderont toujours comme un agent de deuxième zone parce qu’il s’appelle Valdez.
Un troisième mousquetaire est venu rejoindre la révolte des Hispaniques du LAFO : il s’agit de Paul Magallanes, un des Agents spéciaux du Washington Field Office dont l’enquête sur le scandale du Watergate est à l’origine du départ du trente-septième président des États-Unis, Richard Nixon, en 1974.
Bernardo Perez poursuit le Bureau pour discrimination. Paul Magallanes témoigne en sa faveur. Il va en payer le prix fort. Son supérieur lui confisque son arme et les clefs de sa voiture de service avant de le placer en « service limité » – sorte de « castration professionnelle », pour reprendre l’expression employée par Magallanes. Il lui faudra se battre devant les tribunaux pour retrouver ses « attributs » et reprendre son travail. Mais le cœur n’y est plus face à un redoutable adversaire.
La « mafia des mormons »
SAC du LAFO, Richard Bretzing est un prêtre de l’Église mormone. Depuis sa prise de fonction en 1982, les rumeurs vont bon train ; les Agents spéciaux parlent de la mainmise de la « mafia des mormons ». Son bras droit Bryce Christiensen fait partie de la même Église, ainsi que 40 des 400 Agents spéciaux du bureau de Los Angeles. Les mormons du Bureau tiennent régulièrement des « conférences spirituelles » dans le bureau du SAC. Ordre est donné de ne pas les interrompre, même en cas de prise d’otage ou de hold-up. Richard Bretzing est intouchable en raison de ses liens très étroits avec le directeur du Bureau, le juge William Webster, homme très pieux lui aussi, avec qui il a toujours plaisir à échanger quelques versets extraits de la Bible.
À son arrivée à la tête du Bureau, William Webster a décidé de faire de la lutte contre le trafic international de drogue une des priorités du FBI. Un objectif plus difficile, mais
Weitere Kostenlose Bücher