FBI
seul…
XI
Intelligence (1951-2001)
Où deux ne font plus qu’un et s’appellent Solo – Où l’on voit Solo à Moscou et ce qui s’ensuit – Quand le FBI « finance » le parti communiste – Où il est à nouveau question de l’assassinat du président Kennedy – L’ami Brejnev – Où le lecteur assiste à un faux pas – Ce que la Maison-Blanche pense de Solo – Où le lecteur a peur pour Solo .
L’« Agent Solo »
1951 : la guerre froide bat son plein. Le FBI multiplie les poursuites contre les réseaux communistes. Le Bureau a percé nombre de secrets du Parti communiste américain (PCUSA) en ayant recours à des écoutes sauvages et à des « visites » dont il ne peut exploiter devant les tribunaux les résultats, obtenus illégalement. Il a le plus grand mal à prouver que le numéro deux du Département d’État, Alger Hiss, est une taupe soviétique, ou que les rédacteurs en chef de la revue Amerasia ont trahi les États-Unis en publiant des documents confidentiels. Le Bureau éprouve les mêmes difficultés à faire condamner Judith Coplon, une employée du Département d’État arrêtée le 4 mars 1949 alors qu’elle s’apprêtait à remettre vingt-huit documents confidentiels du FBI à un employé soviétique des Nations Unies, ou à exploiter les révélations d’Elizabeth Bentley, ancien courrier d’un réseau soviétique basé à New York. Enfin, si le procès des Rosenberg n’avait été placé sous le signe du déni de justice, il n’aurait eu aucune chance d’aboutir à la double condamnation à mort des deux époux.
Cette cascade d’affaires plus ou moins réussies permet toutefois de présenter à l’opinion publique américaine le PCUSA comme une sorte de « cheval de Troie » soviétique. Le gouvernement a en effet décidé de poursuivre ses membres pour violation du Smith Act de 1940 qui qualifie de crime tout appel à renverser le gouvernement des États-Unis. Les douze principaux responsables du Parti passent tous à la clandestinité pour ne pas être jetés en prison. C’est pour les arrêter que le Bureau lance l’opération « Toplev ». Les bureaux de New York et de Chicago mobilisent des centaines d’agents et forment des unités spéciales chargées d’interroger tous les anciens membres du PCUSA. C’est ainsi que des agents du FBI entrent en contact avec Jack Childs, un ancien trésorier-payeur du Komintern, l’organisation chargée jusque dans les années 1940 d’exporter la révolution soviétique à travers le monde.
Jack Childs est un aventurier. L’amour du risque et du jeu a toujours guidé sa vie. Il aime à dire qu’il préfère se glisser dans une maison par la fenêtre plutôt que d’y entrer par la porte : question de sensations fortes. Son premier séjour à Moscou remonte à 1932 : une véritable aventure qui l’amène à fréquenter les écoles de sabotage du Komintern avant de se rendre dans l’Allemagne nazie avec une ceinture bourrée d’or destinée au Parti communiste allemand. Depuis lors, Jack Childs a ouvert les yeux sur la réalité du régime stalinien et, en 1947, il quitte le PCUSA. Approché par les agents du FBI, il leur dit : « Où étiez-vous depuis tout ce temps ? Pourquoi ne m’avez-vous pas contacté avant ? J’aurais pu élever toute une famille rien qu’en vous attendant ! »
Jack Childs accepte donc de travailler pour le FBI. C’est ainsi que démarre l’opération « Solo ». Elle va durer plus de trente ans et ne s’achèvera qu’à la chute du mur de Berlin. Entre-temps, grâce à « Solo », le Bureau et différents Présidents américains vont avoir accès à des informations de premier ordre sur les principaux dirigeants des pays communistes. C’est la plus secrète des opérations du Bureau : elle n’a été révélée qu’en 1995 par le témoignage d’anciens responsables du FBI. À ce jour, celui-ci n’a toujours pas déclassifié les documents concernant « Solo ».
L’agent traitant de Jack Childs, Alexander C. Burlington, est un personnage haut en couleur qui aurait pu être écrivain, pianiste ou linguiste. Il est capable de composer des poèmes en latin et sa propension à truffer ses dires de citations latines exaspère. Il tranche sur le reste des agents par ses chemises de prix dont il change plusieurs fois par jour. Outre les deux paquets de cigarettes quotidiens qu’il fume, on ne lui connaît qu’une faiblesse : un ulcère,
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