FBI
Indiens. Une mobilisation internationale voit des organisations comme Amnesty International, des personnalités comme Desmond Tutu ou l’archevêque de Canterbury, réclamer la libération de Leonard Peltier, qui est proposé pour le prix Nobel de la paix. En 1994, le directeur du FBI Louis Freeh doit intervenir publiquement pour empêcher le président Clinton de gracier le dirigeant de l’AIM. En 2009, les agents du FBI interviennent dans le même sens et avec la même volonté après la victoire de Barack Obama à l’élection présidentielle. Ils sont indignés que l’assassin de deux des leurs puisse être gracié. « Nos vies, disent-ils, ne valent donc rien si l’assassinat d’agents du FBI peut être excusé, sinon approuvé. »
La fin d’une ère
En laissant les agents du FBI seuls face aux guerriers Sioux Oglala, le gouvernement américain tourne une page de l’histoire du Bureau. Les incidents de Pine Ridge marquent la fin d’une ère. Celle d’un FBI omniprésent et tout-puissant. Lors de son premier affrontement militaire d’envergure, le Bureau s’est retrouvé seul face à tout ce que les États-Unis comptaient de mouvement de révolte. Son image ne peut qu’en être ternie. Il lui faudra du temps pour s’en remettre.
Pine Ridge inaugure un processus de normalisation du Bureau. Le FBI accompagne désormais l’évolution de la société en remettant en question l’un des dogmes essentiels de J. Edgar Hoover : l’uniformité du recrutement des agents.
Jusqu’à la mort de Hoover, les Agents spéciaux étaient recrutés selon les critères du maître du FBI, ceux d’un petit fonctionnaire dont l’enfance s’est déroulée à cheval sur le XIX e et le XX e siècle à Washington, c’est-à-dire dans une petite ville provinciale régie par les valeurs racistes du Sud et celles des chrétiens les plus réactionnaires. Ces valeurs forgeront la culture du FBI. Durant toute sa carrière à la tête du Bureau, J. Edgar Hoover ne toléra pas le moindre écart, surveillant étroitement le mode de vie de ses hommes, intervenant jusque sur leur manière de se vêtir. Au début, les Agents spéciaux étaient blancs et d’origine protestante. À partir des années 1940, le FBI s’ouvre aux catholiques, de préférence d’origine irlandaise.
La mort de Hoover entrouvre les portes du Bureau ; pour la première fois depuis des décennies, un vent frais souffle sur le FBI. On retiendra du bref passage de Patrick Gray qu’il est le premier à avoir recruté des agents femmes. Une timide évolution renforcée par son successeur Clarence Kelley, dont le quinquennat a permis d’ouvrir un peu plus les portes du Bureau aux « Female Agents » et autres recrues issues de communautés jusqu’alors négligées ou oubliées par les recruteurs. Il faut attendre le règne du juge Webster pour voir les agents représentant les « minorités » doubler en atteignant le nombre de 943. Les « Female Agents » passent de 147 à 787. Les deux directeurs suivants, William Sessions et Louis Freeh, poursuivent cette politique d’ouverture avec plus ou moins de bonheur. À la suite de son très court règne, William Sessions peut s’enorgueillir du fait que, sur 10 422 agents, 11,3 % soient des femmes et 12,5 % issus de « minorités » ethniques. Pourtant, c’est quand il est Directeur que les premiers cas de discrimination éclatent au grand jour. La révolte des minorités gronde ; des Agents spéciaux parlent de discrimination, de harcèlement, affirment qu’ils n’ont pas droit à des promotions en raison de leurs origines ou de leur religion.
Quelque 250 agents noirs créent l’association BADGE (Black Agent Don’t Get Equality, « Les agents noirs ne sont pas égaux ») pour lutter contre la discrimination au sein du Bureau. Le cas le plus emblématique est celui de Donald Rochon, victime de discrimination de la part de ses collègues du bureau d’Omaha et de Chicago, où il a été affecté entre 1983 et 1986. Il se plaint d’avoir été l’objet de plaisanteries, voire de brimades, à caractère raciste. Un de ses collègues s’amuse à coller des têtes de gorille à la place des visages de ses enfants sur les photos qui ornent son bureau. Un corbeau lui envoie des lettres de menaces. Les menaces et les insultes redoublent, n’épargnant pas sa femme d’origine blanche. Rochon reçoit la facture d’une assurance-vie qu’un autre agent a souscrite à son nom
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