FBI
confiance à Kemper, il s’est rendu victime de ce qu’on appelle le « syndrome de Stockholm ». Un comble pour un agent qui donne des cours de négociations avec les preneurs d’otages à l’Académie du FBI de Quantico !
« Ed, lance-t-il, tu ne crois tout de même pas que je suis venu ici seul, sans moyen de me défendre ?
– Arrête de dire des conneries, Ressler. Ils ne te laisseront jamais venir ici armé ! »
Kemper a raison : il a dû laisser son arme de service à l’entrée.
« Alors, tu as quoi ? s’enquiert Kemper.
– Tu ne penses quand même pas que je vais te dire ce que j’ai sur moi, et où je le porte ?
– C’est quoi : un stylo avec du poison ?
– Peut-être bien, mais ce n’est pas la seule arme que j’ai.
– Du karaté ? Tu fais du karaté ? Tu es ceinture noire ? Tu crois que tu peux me battre, Ressler ? »
Au ton de Kemper, Ressler comprend qu’il vient de marquer un point. Le tueur en série s’est détendu, il y a comme une pointe d’ironie dans ses propos. Il n’en faut pas plus à Ressler pour retourner la situation. Désormais maître de lui-même et de ses émotions, il retrouve ses réflexes et lance la discussion sur les arts martiaux. En bon négociateur, il sait l’importance de l’art de la conversation. Il est capital de ne jamais cesser de parler. Au bout d’un laps de temps qui lui semble interminable, un gardien survient enfin.
Avant de rejoindre sa cellule, Kemper pose la main sur l’épaule de Ressler : « Vous savez que je plaisantais, n’est-ce pas ? »
Ressler jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus. Désormais, les entretiens auraient lieu en la présence d’au moins deux agents du FBI.
Au fil des années 1980, les agents de la BSU interrogent la plupart des grands criminels qui ont défrayé la chronique. Robert Ressler laisse Charles Manson, le gourou assassin de la jeune actrice Sharon Tate, lui prendre une paire de lunettes Ray Ban : maigre prix à payer pour avoir une fenêtre sur l’âme d’un des tueurs les plus terrifiants des années 1960. David Berkowitz, le « fils de Sam », essaie de l’embrouiller avec des histoires de possession, comme il l’a fait avec les psychiatres. Robert Ressler referme simplement son cahier de notes et dit en faisant mine de partir : « Je ne suis pas venu pour entendre ce genre d’histoires. » Le « fils de Sam » se met alors à parler de ses assassinats et des 1 448 incendies criminels qu’il a allumés à New York pour assouvir ses besoins sexuels.
Le gendre idéal
De tous les tueurs en série, Ted Bundy est sans doute le plus connu ; c’est aussi celui qui a donné le plus de fil à retordre à la BSU. C’est un jeune homme séduisant, intelligent, sympathique, beau parleur. Les policiers estiment qu’il a tué de la plus atroce manière près de soixante jeunes femmes dans tous les États-Unis. Bundy a entamé sa carrière de tueur en série à Seattle, où la police lui impute onze meurtres. Puis il est descendu vers le sud, laissant derrière lui une traînée de cadavres, jusqu’au Colorado où il s’est établi. Là, il a continué de sévir. La police du Colorado a fait appel à la BSU pour qu’elle l’aide à arrêter le prédateur. Howard Teten et Robert Ressler profilent alors le tueur en série sans savoir qu’il s’agit de Ted Bundy. Ils mettent en garde la police : le tueur chasse dans les lieux publics fréquentés généralement par des jeunes.
Arrêté, Bundy s’évade de prison à deux reprises. Le 10 janvier 1978, il figure sur la liste des dix criminels les plus recherchés par le FBI. Finalement, la police l’intercepte sur son nouveau territoire de chasse, en Floride, le 15 février. Grâce à ses études de droit, il assure lui-même sa défense lors d’un premier procès. Jugé par trois tribunaux différents, Bundy est condamné deux fois à mort.
Après sa dernière condamnation, Robert Ressler se rend à la prison de Strake, en Floride, pour le rencontrer. Mais le tueur en série n’est pas disponible, il prépare ses procès en appel. Ressler renonce. Quelques années plus tard, Bundy écrit à la BSU et pose sa candidature comme consultant. Ressler retourne en Floride pour le rencontrer. Le jeune homme est charmant, affable. Il connaît Ressler de nom et a même lu certains de ses articles parus dans des revues spécialisées. Il se dit honoré de le rencontrer, car il peut enfin
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