FBI

6 % des meurtres en 1966, 25 % en 1990, 34 % en 1992.
    Bill Hagmaier explique que, « avec le retour des soldats américains engagés en Irak, la libération des grands criminels des années 1980, l’explosion du chômage due à la crise économique et la vente libre des armes à feu, toutes les conditions sont aujourd’hui réunies aux États-Unis pour une explosion de la criminalité ».
    Les tueurs en série sont le symbole de ce déchaînement de la criminalité violente. Le FBI estime qu’entre 40 et 200 tueurs en série sillonnent les États-Unis en toute liberté, tuant chaque année plusieurs milliers de personnes. Ils étaient six fois moins nombreux au début des années 1990, et quasi inexistants au XIX e  siècle.
    L’engouement du public américain pour les romans, les documents, les films et les téléfilms consacrés aux tueurs en série a débuté à la fin des années 1960, dans une Amérique en proie à la contestation. Depuis lors, les exemples de la fascination croissante qu’ils exercent sur le public sont de jour en jour plus nombreux. Le combat singulier du tueur en série extrêmement intelligent et de son alter ego , le profileur du FBI extrêmement brillant et intuitif, est narré de la manière la plus réaliste possible. Une aubaine pour le FBI, qui redore son blason grâce à son plus fidèle allié : Hollywood ! Un sommet a été atteint en 1991 par le film de Jonathan Demme, Le Silence des agneaux , « voyage au pays de l’horreur absolue ». Pour la première fois, une équipe de cinéma a pu tourner à Quantico et bénéficier des conseils des profileurs de la BSU, à commencer par ceux de John Douglas qui a servi de modèle au personnage de responsable du FBI interprété par Scott Glenn. Les agents de la BSU ont apprécié le résultat, même s’ils soulignent que jamais ils n’enverraient une élève au contact d’un tueur en série. L’affrontement entre l’aspirante agent du FBI jouée par Jodie Foster et le psychopathe interprété par Anthony Hopkins connaît un triomphe inattendu. Dans les mois qui suivent, le Bureau est submergé de candidatures émanant principalement de jeunes filles désireuses d’en découdre avec le Mal absolu. Ce regain de popularité de la BSU va l’amener rapidement à se retrouver au cœur d’une des plus grandes traques de l’histoire des États-Unis.
    Unabomber
     
    En mai 1978, puis un an plus tard, deux colis piégés explosent sur un campus universitaire du Michigan, sans faire de victimes. En 1979, une nouvelle bombe est envoyée au patron de la compagnie United Airlines. Le FBI fait le lien entre les trois tentatives d’attentat et attribue un nom de code au terroriste : « Unabomber », comme university, airlines et bomb . Les attentats se multiplient, et la traque débute. En 1985, onzième attentat commis par Unabomber et premier mort : un informaticien de trente-huit ans. Il y en aura deux autres en 1994 et 1995. C’est après sa première victime qu’Unabomber commence à correspondre avec la presse. Il écrit des lettres clamant son dégoût de la société moderne et ses convictions anarchistes. Puis, pendant six ans, silence complet : plus de bombes, plus de lettres.
    En juin 1993, Unabomber resurgit et envoie ses colis à une cadence soutenue. Le FBI promet une récompense d’un million de dollars pour sa capture. Les profileurs de la BSU sont divisés sur la personnalité d’Unabomber. Certains, comme John Douglas, estiment qu’il s’agit d’une personne cultivée, sans doute un universitaire asocial. D’autres pensent plutôt à quelque ancien employé d’une compagnie d’aviation qui cherche à se venger d’une injustice. Cette dernière thèse prévaut au sein de la cellule d’enquête chargée de traquer Unabomber. Les Agents spéciaux se lancent dans une épuisante chasse au suspect parmi les centaines de milliers de personnes ayant travaillé pour des compagnies aériennes dans les années 1960 et 1970.
    En 1995, Unabomber prend contact avec le New York Times et propose un marché : l’arrêt des attentats contre la publication d’un manuscrit d’une centaine de pages développant sa philosophie anti-progrès. Là encore, le Bureau est divisé entre partisans de la publication, qui espèrent que ce texte permettra à quelqu’un d’en identifier l’auteur, et partisans du black-out médiatique. Le journal hésite aussi, mais finit par publier le manifeste intitulé « La