FBI
société industrielle et son avenir », qui hésite entre la dissertation universitaire et la discussion de café du Commerce : « Il ne s’agit pas d’une révolution politique, écrit Unabomber. Son objet n’est pas de renverser des gouvernements, mais les bases économiques et techniques de la société actuelle. […] Les usines doivent être détruites, les manuels techniques brûlés. Quelle que soit la société qui existera après la chute de la civilisation industrielle, il est certain que la plupart des gens vivront à proximité de la nature parce que, en l’absence de technologie, il n’y a pas d’autre façon d’exister. […] Il n’y a aucune loi qui nous impose d’aller travailler tous les jours et de nous soumettre aux ordres d’un patron. Légalement, rien ne nous empêche d’aller vivre dans la nature comme des animaux primitifs… »
Découvrant ce texte, un lecteur du New York Times contacte le FBI après avoir reconnu des similitudes entre le manifeste d’Unabomber et des lettres que son frère envoyait à leur propre père. L’auteur des lettres s’appelle David Kaczynski ; c’est un ancien professeur d’université qui vit retiré dans le Montana, à l’écart de la société. Il semble correspondre au profil esquissé.
Lorsque le FBI investit la cabane de David Kaczynski, le 3 avril 1996, ils trouvent deux bombes en cours de fabrication, trois machines à écrire, et divers textes manuscrits sur le déclin de la civilisation industrielle. Contre un mur gisent des manuels techniques sur la confection des bombes ; plus loin, des œuvres de Shakespeare et de Thackeray. Une traque de dix-huit ans prend fin. N’a-t-on pas gâché un temps précieux à courir derrière un employé de compagnie aérienne, alors que John Douglas avait dessiné avec précision le profil d’Unabomber ?
Le doute survient au mauvais moment pour le FBI, déjà secoué par les retombées de diverses affaires.
Le siège de Waco
Le 28 février 1993, près de soixante-dix agents fédéraux de l’ATF (Alcohol, Tobacco and Firearme, agence chargée de lutter contre les trafics d’armes, de cigarettes et d’alcool) se dirigent vers une ferme située hors de la ville de Waco, Texas, nommée Mount Carmel. L’endroit est occupé par la secte religieuse des Davidiens, groupe d’une centaine de fanatiques qui y vivent de leurs maigres ressources. Sous la houlette de David Koresh, un illuminé qui se prend pour Dieu, ils attendent la fin du monde et l’arrivée du Messie. Au début, David Koresh prétendait que l’Apocalypse aurait lieu en Israël, mais, depuis peu de temps, il a convaincu ses fidèles que la fin du monde commencerait là, au Mount Carmel, par une attaque d’agents fédéraux.
Les Davidiens sont prêts pour l’Apocalypse, ils ont acheté une centaine de fusils d’assaut AR-15 automatiques, des fusils à lunette susceptibles de percer un blindage ou de faire mouche à un kilomètre, des équipements de vision nocturne, des grenades et des explosifs. De quoi attiser la curiosité des agents de l’ATF qui infiltrent la secte des Davidiens afin de recueillir les preuves suffisantes en vue de l’émission d’un mandat de perquisition.
Le 25 février 1993, un juge de Waco autorise l’intervention de l’ATF. Trois jours plus tard, l’Agence envoie près de soixante-dix agents procéder à la perquisition ; c’est le plus gros contingent jamais mobilisé par l’ATF pour ce genre d’opération. Mais les responsables de l’ATF n’ont pas tenu compte de la mise en garde d’informateurs leur indiquant que leur sécurité est en cause et qu’ils sont attendus de pied ferme par David Koresh et ses hommes. Rien ne se passe comme prévu, et l’assaut tourne à la tragédie. Les hélicoptères de l’Agence, accueillis par des tirs nourris, rebroussent chemin. Au sol, les agents tombent dans une embuscade. Quatre d’entre eux sont tués, vingt-quatre autres blessés. Côté Davidiens, on compte six morts et des dizaines de blessés, dont David Koresh, atteint au poignet et à l’estomac. Les agents de l’ATF battent en retraite et prennent position non loin de la ferme. Un long siège commence.
Avant de passer à l’attaque, les agents de l’Agence ont eu la malencontreuse idée de prévenir les médias. Depuis la fusillade, les images passent en boucle sur CNN. Le 28 février étant un dimanche, l’Agent spécial Greg McCrary est de repos chez lui, prêt à
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