FBI
erreur.
Ali Soufan obtient des Yéménites l’adresse du propriétaire de la camionnette : une maison dans la banlieue d’Aden. En la voyant, il éprouve une curieuse impression de déjà-vu. Elle ressemble à s’y méprendre à celle où a été fabriquée la bombe qui a détruit l’ambassade de Nairobi en 1998. À l’intérieur, tout est parfaitement rangé ; un tapis de prière, au sol, est déroulé et orienté vers La Mecque. L’évier de la salle de bain est plein de cheveux. Ce sont ceux des terroristes qui se sont rasés et ont procédé à leurs ablutions rituelles avant de partir à l’assaut de l’ USS Cole . Les agents du FBI emportent des échantillons de cheveux, de poils, ainsi qu’un rasoir, afin d’effectuer des prélèvements d’ADN.
Les Agents spéciaux remontent la piste jusqu’à une autre demeure, dans la banlieue d’Aden, au nom d’Abda Hussein Muhammad. Le nom est familier à Ali Soufan. L’Agent spécial se rappelle l’avoir vu dans les documents relatifs à l’enquête sur les attentats visant les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Un témoin avait dit de lui qu’il était chargé d’organiser un attentat contre un navire, à Aden. Soufan vient d’établir qu’Al Qaida est bien responsable de l’attaque contre l’ USS Cole .
Quelques jours plus tard, les hommes du général Ghalib Qamish arrêtent deux hommes qu’ils soupçonnent d’être proches de l’organisation de Ben Laden. Ali Soufan demande à les interroger à son tour. Les Yéménites refusent : « Pourquoi voulez-vous les rencontrer ? Ils ont juré sur le Coran qu’ils sont innocents. Cela nous suffit. »
Or cela ne suffit pas à Ali Soufan qui, après des semaines de siège, obtient du général Ghalib Qamish la permission de mener les interrogatoires comme il l’entend.
Il sait qu’il lui faut jouer très serré : il n’a pas droit à l’erreur et travaille sans filet. Il se prépare à un affrontement qui s’annonce rude : « Ce genre d’interrogatoire, dit-il, c’est comme si vous jouiez aux échecs et au poker en même temps. Il faut planifier soigneusement l’entretien. Vous devez connaître les moindres détails de votre dossier, vous devez être capable de bluffer votre adversaire tout en avançant selon un plan méthodiquement dessiné. C’est un jeu mental complexe, fondé sur l’idéologie, la culture, une connaissance approfondie du sujet… »
Des deux hommes, le plus important et le plus redoutable est Fahd al-Quso. Ali Soufan s’installe face à ce petit homme à la chevelure crépue et à la barbe longue et fine qu’il tortille sans arrêt tout en regardant son interlocuteur d’un air de défi. Avant même que Soufan ait pu prendre la parole, la porte de la salle d’interrogatoire s’ouvre sur un officier de renseignement yéménite qui se dirige vers Fahd al-Quso et l’embrasse sur les deux joues avant de repartir. Le message est clair : l’homme d’Al Qaida est protégé par les services secrets yéménites.
L’Agent spécial ne se laisse pas pour autant démonter. Il entame l’interrogatoire par des questions en apparence anodines, mais qui font baisser la garde à Fahd al-Quso. Celui-ci reconnaît avoir combattu en Afghanistan aux côtés d’Oussama Ben Laden. Il admire le chef d’Al Qaida et partage ses idées.
Ali Soufan demande alors à Fahd al-Quso s’il a l’intention de se marier. L’homme sourit, gêné.
« Alors, aide-toi à te tirer du mauvais pas où tu t’es mis. Je peux t’aider. Dis-moi quelque chose. »
Quelques heures plus tard, Fahd al-Quso avoue sa participation à l’attaque de l’ USS Cole . Al Qaida l’avait chargé de filmer l’action. Il a une caméra qui se trouve encore chez sa sœur, mais n’a pas eu l’occasion de s’en servir. Le matin de l’attentat, il dormait à poings fermés et ne s’est pas réveillé à temps.
Al-Quso admet avoir rencontré en Afghanistan un djihadiste unijambiste nommé Khallad. Ali Soufan connaît ce nom-là : deux ans auparavant, un de ses informateurs lui a parlé d’un lieutenant de Ben Laden nommé Khallad, qui a perdu une jambe au cours des combats en Afghanistan. Est-ce la même personne ? Pour s’en assurer, l’Agent spécial a besoin d’une photo de Khallad pour l’envoyer à l’un de ses informateurs au Pakistan. Soufan demande à Ghalib Qamish des photos des suspects ; le général se braque et lui fait remarquer que le FBI n’est pas le
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