FBI
les empreintes de l’homme, qu’ils identifient alors immédiatement : il s’appelle Mohamed Al-Khatani. Les agents du FBI qui enquêtent sur les attentats du 11 Septembre pensent qu’il pourrait être le vingtième homme des commandos d’Al Qaida : il aurait dû se trouver à bord du vol 93 qui s’est écrasé dans un champ près de Shanksville, dans le comté de Somerset (Pennsylvanie), après que ses passagers et son équipage eurent tenté de reprendre le contrôle de l’avion détourné sur Washington. Mais un concours de circonstances l’en a empêché.
Le 4 août 2001, Mohamed Al-Khatani débarque à l’aéroport d’Orlando, en Floride, en provenance de Dubaï. Le responsable de l’immigration qui a vérifié son passeport lui a refusé l’entrée : Al-Khatani n’a pas de billet de retour, n’a pas réservé de chambre dans un hôtel et parle à peine l’anglais. Avant de rembarquer pour l’Arabie Saoudite, il proteste en affirmant qu’il est attendu. Au même moment, les caméras de sécurité de l’aéroport d’Orlando ont enregistré l’image d’un homme qui pourrait être Mohamed Atta, chef présumé des pirates de l’air du 11 Septembre. Au même instant, la carte téléphonique de Mohamed Atta a été employée pour passer un coup de fil depuis une cabine de l’aéroport d’Orlando. Le numéro composé est celui d’un homme qui sera accusé par la suite d’être un des financiers des attentats du 11 Septembre.
La nouvelle de l’arrestation de Mohamed Al-Khatani au Pakistan est communiquée au président Bush et au Procureur général, John Ashcroft en juillet 2002. Les agents du FBI détachés à Guantanamo obtiennent de pouvoir conduire ses interrogatoires, après avoir fait remarquer que le Bureau est chargé de mener l’enquête sur les attentats du 11 Septembre. Mohamed Al-Khatani est transféré au camp Delta, situé à l’intérieur de la base de Guantanamo2. Pendant une semaine, il est interrogé par les agents du FBI. Il commence par nier s’être rendu aux États-Unis, puis, devant les preuves exhibées par les Agents spéciaux, il affirme être allé à Orlando dans l’intention d’acheter des voitures d’occasion. Le 27 juillet, il est transféré dans le quartier de haute sécurité du camp Delta, où il est placé à l’isolement. L’Agent spécial chargé du dossier sent qu’il n’arrivera à rien avec Al-Khatani. Il demande au Bureau de lui envoyer le seul agent susceptible de venir à bout du Saoudien : Ali Soufan.
Ce n’est pas la première mission d’Ali Soufan à Guantanamo. Il a déjà fait « craquer » certains des irréductibles détenus dans le camp, et le major général Dunlavey, responsable des interrogatoires des détenus de l’armée (Joint Task Force 170), reprenant l’expression de John O’Neil, parle de lui comme d’un « trésor national ». Après avoir rencontré Mohamed Al-Khatani, Ali Soufan recommande son transfert dans la zone de sécurité maximale de Guantanamo, « Navy Brig », un camp spécial séparé de ceux où sont enfermés les autres détenus. Avant l’arrivée d’Al-Khatani, le FBI fait équiper l’endroit d’un circuit de télévision intérieure. Généralement, le FBI répugne à user de telles méthodes, de crainte de compromettre la sincérité des aveux. Mais les agents basés à Guantanamo savent que la mise à l’isolement peut constituer une « technique efficace ».
Mohamed Al-Khatani est transféré à Navy Brig le 8 août 2002 à bord d’une ambulance. Les gardes qui l’accueillent ont le visage masqué, ils ne lui adressent pas la parole. Désormais, Ali Soufan est son seul interlocuteur.
De tous les endroits où Mohamed Al-Khatani a été détenu, le camp Brig est le pire. Il ne peut prier ; les fenêtres sont aveugles et il est dans l’incapacité de trouver la direction de La Mecque. Il ne voit jamais le soleil et vit dans la semi-obscurité, entouré d’ombres silencieuses et masquées. Dans sa cellule, il fait froid, très froid. Tantôt, il a droit à un matelas ; tantôt, non.
Au lendemain de son arrivée, il est interrogé par Ali Soufan, qui lui fait comprendre qu’il sera détenu à Brig tant qu’il n’aura pas modifié ses déclarations. Il le met en garde : s’il ne lui parle pas maintenant, il sera contraint de parler plus tard, et ce ne sera pas très agréable. Mohamed Al-Khatani n’arrive pas à savoir s’il s’agit d’une recommandation
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