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FBI

FBI

Titel: FBI Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Carr-Brown
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jour, leur filature progresse de quelques mètres. Il leur faut plus d’une semaine pour réaliser que le gratte-ciel communique avec un autre bâtiment donnant sur Michigan Avenue. C’est là que les mafieux se rendent. Ils se retrouvent tous au deuxième étage, dans l’arrière-boutique d’un tailleur, Jimmy Celano.
    Un dimanche soir, une équipe d’agents du FBI commandée par William F. Roemer pénètre subrepticement dans la boutique du tailleur pour y installer des micros. Ils tirent leurs fils, trouent les murs, rampent dans les doubles plafonds. Ils s’arrêtent de travailler à l’aube. Une semaine plus tard, ils reprennent leurs travaux là où ils les ont interrompus. Un agent crève le plancher pourri et se retrouve dans la salle, heureusement fermée, d’un restaurant à l’étage en dessous. Il faut courir chercher du plâtre, des planches, du bois pour effacer les traces de l’accident. Au bout de deux mois, l’installation est prête. L’agent Roemer tient à poser le premier micro. Le 29 juillet 1959, c’est chose faite : il place l’engin, baptisé « Petit Al » en hommage à Al Capone, derrière un radiateur. Ce qui ne sera pas sans occasionner quelques problèmes d’écoute, en raison des nombreux bruits d’eau et de tuyauterie. Selon Cartha DeLoach, les techniciens du FBI ont installé d’autres micros, dont un dans la table autour de laquelle s’assoient les parrains.
    William F. Roemer et ses collègues travaillent sans filet. Dans toute autre ville, un agent du FBI aurait été posté au standard de la police afin de s’assurer que personne ne donne l’alerte. Pas à Chicago, où le FBI sait qu’il faut se méfier de tout et de tous, à commencer par la police locale. Dans ses mémoires, William F. Roemer explique : « Si nous étions pris, nous ne devions pas nous identifier comme agents du FBI ! Nous devions nous enfuir. Nous ne devions pas porter de badges, de cartes, de pistolets, rien qui puisse nous rattacher au FBI. Dieu nous vienne en aide si nous étions pris et s’il venait à se savoir que nous étions du FBI ! Le Bureau nous aurait dénoncés. Nous étions en mission non autorisée. » Mission impossible ?
    En fait, ladite mission était très autorisée. Depuis 1940, le FBI a pris l’habitude de pénétrer dans les bureaux ou chez les particuliers pour y poser des micros et photographier ce qui peut l’intéresser. Une pratique illégale, mais couverte par le Directeur, qui entraîne certains aménagements internes. En 1942, Hoover a modifié le système d’archivage du Bureau et créé une nouvelle catégorie : « ne pas archiver ». Une fois exploités, les dossiers « ne pas archiver » sont détruits dans la plus grande discrétion. Le Bureau se dote d’une structure ad hoc et embauche des serruriers. Cette pratique se poursuivra jusqu’à ce que, de crainte du scandale, J. Edgar Hoover charge Cartha DeLoach d’y mettre fin, en 1966.
     
    Les agents du FBI placent également des systèmes d’écoute dans les bars, les clubs où traînent les mafieux : le MGM Lounge du Cicero, le Whitehall Club, 105 East Delaware, un club exclusif dans le nord de Chicago. Protégé par la police locale, l’Armory Lounge est le plus compliqué à sonoriser. Les agents du FBI arrêtent un garçon de salle chargé de nettoyer le club alors qu’il rentre chez lui au petit matin ; tandis qu’ils vérifient son identité, ils s’arrangent pour faire un double des clefs. Peu après, Roemer et ses hommes pénètrent dans l’endroit. Celui-ci n’est pas digne d’une multinationale aussi puissante que l’Entreprise ; il est même plutôt miteux avec ses quelques chaises, ses tables et son bar. Les agents fédéraux installent leurs micros vite fait, bien fait. Et, surtout, sans mot dire. Ils reviendront régulièrement visiter clandestinement l’Armory Lounge pour parfaire leur dispositif. Lors d’une de leurs expéditions nocturnes, ils découvriront derrière le bar, au milieu des caisses de spiritueux, un carton bourré d’un matériel d’écoute comme ils n’en ont jamais vu. À côté, les micros du Bureau font pâle figure. Ils comprennent immédiatement la provenance du matériel. À la sortie, un des agents du FBI s’exclame : « Putain, qu’est-ce que l’Entreprise fabrique avec du matos de la CIA ?! »
    « Un micro vaut mille agents », dira par la suite William F. Roemer. Les révélations commencent, et elles sont de

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