FBI
nazie ont inquiété Roosevelt. Hoover aussi. Les agents du FBI enquêtant sur les réseaux de blanchiment de l’argent du régime de Vichy croisent la piste de Joseph Kennedy et d’un de ses associés, le milliardaire Ben Smith. Le 3 mai 1941, le directeur du FBI adresse au secrétariat du président Roosevelt un courrier personnel et confidentiel remis par porteur spécial : « Joseph P. Kennedy, l’ancien ambassadeur en Angleterre, et Ben Smith, l’opérateur de Wall Street, ont eu […] une réunion avec Göring à Vichy, en France, à la suite de quoi Kennedy et Smith auraient versé une somme d’argent considérable pour la cause allemande […]. Ils sont tous deux décrits comme très antibritanniques et pro-allemands8… »
Depuis la fin de la guerre, les rapports entre Joseph Kennedy et J. Edgar Hoover se sont considérablement réchauffés. Le directeur du FBI et Clyde Tolson séjournent régulièrement dans une des propriétés du milliardaire, son hacienda en Floride. En échange, Hoover rend des services à son ami : un agent du FBI est chargé de la protection de la résidence principale de Joseph Kennedy à Hyannis, sur la presqu’île de Cape Code, au sud de Boston. À chaque Noël, le milliardaire ne manque jamais de faire porter au « Siège du Gouvernement » une caisse de Jack Daniels Black Label pour « JEH », et une autre de Haig pour Clyde Tolson.
En 1955, l’ambassadeur écrit à Hoover après avoir entendu à la radio le journaliste Walter Winchell proposer la candidature du directeur du FBI à la présidence du pays. Joseph Kennedy n’ignore pas que Winchell est un proche de Hoover. Il estime que « ce serait une merveilleuse chose pour les États-Unis » si son ami J. Edgar se présentait à la présidentielle sur n’importe laquelle des listes des deux grands partis politiques. Mieux : le chef du clan Kennedy lui offre son aide et lui garantit « la plus grosse contribution et le travail le plus considérable que vous puissiez attendre de qui que ce soit ».
J. Edgar Hoover ne s’est pas présenté à l’élection présidentielle. « Il n’était pas intéressé par la politique », explique Cartha DeLoach. L’ancien responsable de la section « Domestic Intelligence » du FBI, William Sullivan, nuance le propos : Hoover a caressé l’idée de se présenter à l’élection présidentielle sous l’étiquette républicaine en 1936, au faîte de sa popularité, après être venu à bout des gangsters. Prudent, il a envoyé ses meilleurs agents sonder discrètement un milieu a priori favorable, celui des polices locales et d’État du Sud. Charlie Winstead, un des G-men qui ont tué John Dillinger, a ainsi contacté les responsables de la police du Texas. Le résultat a été sans appel : à une très grande majorité, les policiers du Sud ne voulaient pas de J. Edgar à la Maison-Blanche. Depuis lors, Hoover s’est tenu à l’écart de la politique, mais il suit de très près l’évolution de la carrière des hommes qui en font profession.
C’est le cas d’un des enfants de Joseph Kennedy, John Fitzgerald, qu’il scrute attentivement depuis son élection au Congrès en 1946, puis au Sénat en 1952. Les choses deviennent plus sérieuses lors de l’élection présidentielle de 1956, celle à laquelle J. Edgar Hoover ne s’est pas présenté. Le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Adlaï Stevenson, envisage de prendre le sénateur John F. Kennedy comme colistier. Hoover demande à Cartha DeLoach de lui apporter le dossier du sénateur JFK.
Il est déjà fourni : la première affaire remonte à 1942 et concerne une enquête du FBI sur une jeune journaliste d’origine danoise soupçonnée de travailler pour les nazis. Inga Arvad a été dénoncée par un de ses collègues qui a vu une photo d’elle diffusée par International News Photos , accompagnée par cette légende compromettante : « Voici Miss Inga Arvad, la reine de beauté danoise qui a captivé Adolf Hitler lors de sa visite à Berlin, au point qu’il l’a nommée chef des nazis au Danemark. Mademoiselle Arvad a connu une belle carrière de danseuse, actrice et journaliste, avant que Monsieur Hitler ne l’honore du titre de parfaite beauté nordique9. »
La jeune femme tient la chronique mondaine (intitulée « Avez-vous vu ? ») du journal pro-isolationniste le Washington Times Herald . Trois mois plus tôt, la jolie journaliste a interviewé
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