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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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soviétique sont devenues excellentes. En 1972, année de « l’émulation socialiste », Fidel y fait rien de moins que deux voyages. L’étape de Moscou n’est, à vrai dire, pour le premier d’entre eux, que le parachèvement d’une vaste tournée. Deux étapes préliminaires, en Afrique, manifestent l’élargissement du champ cubain ; et les six escales suivantes, en Europe de l’Est, sont une courtoisie attendue envers des alliés qui, depuis trois lustres, aident l’île en dépit de leurs propres difficultés.
    Le voyage africain de Fidel débute le 3 mai en Guinée. Le
Lider
salue en Sékou Touré « un des hommes les plus extraordinairesqu’ait produits notre époque ». Pour le Cubain, c’est la décision de son homologue de Conakry de rompre avec l’ex-puissance coloniale qui est le motif de son admiration. Non par hostilité envers la France, il n’en a pas, mais parce que le geste carré de Sékou est de ceux qui lui plaisent – l’homologue de son radicalisme envers les États-Unis. Les deux hommes parlent de la situation dans la voisine Guinée portugaise, où la rébellion d’Amilcar Cabral apparaît déjà victorieuse du colonialisme – en partie grâce à l’appui cubain.
    L’étape la plus chaleureuse est Alger. Entre Cuba et le pays maghrébin, c’est en effet une longue histoire d’amour – à laquelle n’a même pas manqué la querelle de ménage après l’éviction de Ben Bella par Boumediène en 1965. Depuis 1968, les relations sont revenues au beau fixe. Fidel n’avait jamais pu rendre la visite que lui avait faite Ben Bella juste après l’indépendance de 1962. Il avait délégué à Guevara le soin des contacts. Cette fois, Castro se rattrape. En neuf jours, il parcourt près de cinq mille kilomètres du nord au sud et d’est en ouest, visitant installations pétrolières et complexes chimiques, inaugurant un terminal d’oléoduc, assistant à la première coulée d’une aciérie et au démarrage d’une usine d’engrais. Fidel se laisse même photographier sur un dromadaire. Les youyous des femmes le comblent. Sa popularité évoque aux commentateurs celle de Nasser, venu ici en 1963.
    Pour Castro, la conception algérienne du développement est « absolument correcte ». C’est là un compliment de moindre portée (vu les compétences de son auteur en ce domaine) que celui de « grand stratège » adressé à Boumediène. Castro est d’accord « à cent pour cent » avec lui sur la confiance, mesurée mais réelle, qu’il fait à l’Union soviétique ; et, surtout, il apprécie l’appui (et d’abord l’asile) donné par Alger à maints mouvements de libération nationale. Tout suggère que Fidel, pour qui l’Amérique latine est devenue une chasse à droits limités, retrouve, en Afrique, un élan internationaliste bridé depuis l’équipée du Che. Cuba, au demeurant, a établi de longue date une coopération avec certains pays du continent : le Congo-Brazzaville, la Tanzanie, outre l’Algérie, à qui il avait même, en 1963, fourni une aide – lors de la « guerre des sables » contre le Maroc.
    Le 17 mai 1972, Fidel arrive en Bulgarie. Le 26, il est en Roumanie, dont les velléités d’autonomie par rapport à Moscou l’ont séduit vers 1967-1968. Le 30 mai, c’est la Hongrie ; le 6 juin, la Pologne ; le 13 juin, la RDA (Allemagne de l’Est), partenaire solide. Enfin, il arrive dans cette Tchécoslovaquie dont les malheurs lui ont fourni, en 1968, l’occasion de trouver son chemin de Damas. Devant le vainqueur de Dubček, Husák, il se félicite de la « position correcte » qu’il a alors adoptée « sur l’aide internationale apportée par les pays du Pacte de Varsovie », à Prague. Il avait, quatre ans plus tôt, qualifié cette formulation de « feuille de vigne », retenant « sans fondement légal » l’intervention des blindés de Moscou et ses alliés…
    Castro retrouve l’Union soviétique le 26 juin, après plus de huit ans. Sous Leonid Brejnev, le pouvoir soviétique est à une apogée de sa confiance tranquille. Sa puissance militaire croît avec régularité. La gravité de ses problèmes intérieurs n’apparaîtra que plus tard. Fidel lui-même, le trublion de naguère, est venu à la résipiscence : la situation de son économie, il est vrai, ne lui laisse aucune longueur de corde, et il le sait. Ne pas brusquer Fidel, tout est là. Toutefois, les autorités soviétiques ont prudemment fait savoir que le Cubain ne

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