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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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L’aventure africaine est donc aussi une manière d’embarquer la population de couleur dans l’effort de construction d’une communauté. De fait, nombre des « volontaires » et autres « réservistes » expédiés en Angola et autres pays du continent sont noirs, même si les généraux sont blancs. Beaucoup y gagnent, en honneur et en récompenses plus tangibles. C’est que, sous la Révolution comme naguère, les forces armées sont encore le véhicule le plus assuré de l’ascension sociale des gens de couleur.
    À peine acquis ses succès en Angola, Castro entreprend une grande tournée en Afrique via l’Europe de l’Est. Le 6 mars 1976, il rencontre pour la première fois à domicile son vieil ennemi, le Yougoslave Tito. La médiocrité de leurs relations est un secret de Polichinelle. (Le Cubain ne se déplacera pas, en 1980, pour les funérailles du dernier des fondateurs des non-alignés, alors qu’il en est lui-même, cette année-là, le président.) Mais, après son équipée sur le « continent noir », Fidel doit absolument sonder l’homme clé du Mouvement. Car il ne veut pas risquer de perdre « son » sommet, déjà fixé à La Havane pour la fin de 1979. Le Yougoslave, toujours méfiant envers l’activisme prosoviétique de son jeune collègue latino-américain, n’a, cette fois, pas d’objection : il est lui-même très lié à Agostinho Neto ; du moment que l’Angolais a bel et bien appelé à l’aide… Tito, néanmoins, souhaiterait que les soldats de Castro ne s’éternisent pas.
    Après un crochet par la Bulgarie, Fidel est à Alger. C’est la capitale cruciale, à la fois non alignée et africaine. Et arabe : or, le
Lider
s’intéresse aussi au Sahara ex-espagnol. En Guinée, où il repasse, il lance auprès de son ami Sékou Touré l’idée d’une « armée multi-africaine », qui serait un fer de lance contre les racistes d’Afrique du Sud… et soulagerait l’effort cubain. Enfin, il se rend à Moscou pour le XXV e Congrès du PCUS. On peut imaginer des conversations fructueuses et des congratulations arrosées. Peu après, l’accord de coopération pour 1976-1980 sera signé. Il comportera l’engagement ferme de l’Union soviétique de construire la première centrale nucléaire cubaine.
    Comme Castro l’avait prévu, la tension avec les États-Unis monte en 1976. Or, accuse Fidel, la guerre d’Angola a été « fomentée par Kissinger », qui y a poussé l’Afrique du Sud. Et les attentats contre les intérêts cubains hors de l’île de reprendre : l’ambassade à Lisbonne et la légation à l’ONU volent en éclats au printemps. Un comble à l’horreur survient en octobre, lorsqu’un DC8 de la compagnie Cubana (vol 455) explose près de la Barbade, avec soixante-treize personnes à bord. L’affaire provoque une intense émotion à Cuba. Les coupables seront vite arrêtés à Caracas : deux anticastristes, Luis Posada Carriles et Orlando Bosch, hommes de tous les coups de main, ainsi que deux Vénézuéliens. Le crime a été planifié dans l’entouragedu président Carlos Andrés Pérez, quoique à son insu. L’affaire va empoisonner les relations bilatérales jusqu’à une nouvelle rupture : le 15 octobre, Fidel dénonce l’accord cubano-américain sur la piraterie aérienne en raison des liens reconnus des criminels avec la CIA.
    Avec un bon sens politique, cependant, le
Lider
a donné un préavis de six mois pour la rupture du traité qui permet de voir venir l’élection américaine du 2 novembre. De fait, Gerald Ford est battu par le démocrate Jimmy Carter. Les Services américains, peut-être pour contrer l’effet de l’attentat contre le DC8, soulèvent alors une affaire sur laquelle, depuis treize ans, les murmures n’avaient jamais cessé : Castro, révèle le
Washington Post
à l’automne, aurait été au courant du projet d’assassinat de Kennedy. La CIA croit pouvoir le prouver à partir d’une visite faite par le tueur présumé, Lee Harvey Oswald, à l’ambassade de Cuba à Mexico juste avant l’acte meurtrier de Dallas. « L’indication » a été donnée par une « personnalité de l’entourage proche de Castro » – probablement Rolando Cubela, cadre du régime condamné en 1966 pour une tentative confessée d’assassinat de Fidel en liaison avec la CIA. Une enquête parlementaire américaine va durer trois années, laquelle mettra Cuba et Castro hors de cause.
    Après quinze ans de Révolution, 481 députés de

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