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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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» la présence (ancienne) de quelque deux mille cinq cents d’entre eux dans une douzaine de pays du continent noir. La Havane a ses spécialités : sur le plan militaire, l’instruction de milices et la formation des gardes présidentielles ; sur le plan politique, l’éducation des cadres au marxisme ; sur le plan civil, la participation aux tâches de santé. Pour l’anniversaire de la Moncada, le 26 juillet 1976, c’est l’Angolais Neto qui est l’invité d’honneur. Un peu plus tard, Sam Nujoma, leader de la namibienne Swapo, arrivera lui aussi à La Havane. Les Fronts de libération de l’Afrique méridionale savent que cette porte ne leur est jamais fermée.
    Cependant, c’est une déstabilisation de la Rhodésie que les États-Unis craignent tout d’abord. Kissinger prend donc son bâton de pèlerin pour convaincre Ian Smith (ainsi que le Sud-Africain Vorster, détenteur de beaucoup de clés) que l’apartheid imposé par la minorité blanche à la majorité noire ne saurait durer. Le coup de boutoir cubain a donné à penser.
    Le 2 janvier 1977, le castrisme offre aux citoyens une parade étincelante. À la tête des troupes défile le général Abelardo Colomé, le « vainqueur de l’Angola ». Il est fait « héros de la République », titre encore inédit. Cependant, un grand changement survient à Washington : le 20 janvier, Jimmy Carter inaugure sa présidence en affirmant d’excellentes dispositions enversl’Amérique latine. Rompant avec une pratique de près de vingt ans consistant à insulter tout nouvel élu américain, Castro ne tarit pas d’éloges sur « son » sixième président. Il le trouve « intelligent », et « respectueux des principes moraux ». De fait, le prédicateur baptiste est décidé à tout faire pour améliorer les choses avec Cuba. Toutefois, il ne peut pas ignorer les viscosités de la situation, dont la principale est la relation passionnelle de ses compatriotes avec l’île caraïbe.
    Carter ne peut, non plus, négliger l’existence des six cent cinquante mille exilés cubains, dont nombre sont devenus citoyens américains sans pour autant couper le cordon avec leur pays d’origine. De ce point de vue, les choses vont mieux, pourtant. Les nombreuses enquêtes de la presse américaine sur ces « nouveaux compatriotes » montrent que la passion anticastriste a décru. On cite des enfants d’exilés qui aimeraient aller voir si la Révolution est bien cet enfer qu’on leur a décrit. Il y a certes les activistes, mais le FBI n’en dénombre que deux cents, divisés en une poussière d’organisations. Et, surtout, ils ne sont plus tel le poisson dans l’eau de l’hostilité radicale.
    Quels peuvent être les sentiments du
Lider
en voyant débouler cet homme si typiquement américain, mais pour lui si atypique, qu’est Carter ? Peut-il être vraiment tenté par une normalisation avec ce voisin encombrant ? Quel ciment unificateur resterait pour Cuba et le castrisme si disparaissait « l’anti-yanquisme » tisonné par le régime ? Pour les jeunes générations, en effet (celles qui n’ont jamais connu « l’avant », et qui deviennent peu à peu les plus nombreuses), la Sécurité sociale, l’éducation gratuite, le chômage contenu, tout cela est acquis. Dès lors, quels autres horizons leur offrir ?
    À moins que l’on n’exalte l’aventure africaine, toute nouvelle, toute belle ? Castro, dès lors, ne perd pas de vue, même quand il se répand en éloges sur Carter, la dimension supplémentaire apportée à la Révolution par l’équipée africaine. L’occasion fait, d’ailleurs, le larron : le 3 février 1977, l’Éthiopien Mengistu sort vainqueur d’une sanglante confrontation contre ses associés au sein du comité militaire (Derg) qui, en 1974, a renversé le négus Haïlé Sélassié. Il proclame aussitôt la « voie socialiste » et rompt avec Washington. Ce sont de grandes espérances pour Moscou et l’allié caraïbe.
    Février 1977 est le moment d’un round d’observation. Chacun des protagonistes fait ses annonces. Les États-Unis ne font pas du retrait d’Angola un préalable : le nouveau secrétaire d’État Cyrus Vance le garantit le 31 janvier. En revanche, Washington attend de Cuba l’assurance qu’elle ne mènera plus de nouvelles expéditions. Des preuves d’une volonté d’amélioration de la situation des droits de l’homme dans l’île – c’est le
leitmotiv
de Carter – sont, en outre, sollicitées.

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