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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Tatek, près d’Addis-Abeba. Le même jour, un référendum approuve l’indépendance de Djibouti, jusque-là de souveraineté française. La crainte existe, à Paris, que l’Éthiopie et la Somalie se disputent la jeune République, dont la capitale se situe au débouché de la ligne de chemin de fer en provenance d’Addis-Abeba. Ce jour-là, aussi, Mengistu rentre d’un voyage en Union soviétique, après la sanglante purge que ses troupes de choc ont, le 1 er mai, infligée à ses adversaires. La « Corne » de l’Afrique est près de s’embraser. Et, de fait, les hostilités débutent quelques semaines plus tard. C’est le FSLO (Front somalien de libération de l’Ogaden) qui se lance à la conquête de « sa » province. Il est soutenu par Mogadiscio. Et l’offensive réussit : en quatre semaines, 80 % du territoire de l’Ogaden est occupé. La prise de la ville de Jijiga, début septembre, concrétise et symbolise cette poussée.
    Or, l’Union soviétique en profite pour donner corps au renversement d’alliance dans la région que Castro a tenté d’éviter, à la mi-mars, à Aden : elle cesse ses livraisons d’armes à sonallié somalien et organise, au contraire, un pont aérien pour renforcer l’Éthiopie. Celle-ci en a d’autant plus besoin qu’elle est, au même moment, mobilisée au nord : en Érythrée, où trois fronts de libération coordonnent, eux aussi, une offensive pour l’indépendance. L’ironie de la situation est que La Havane a, près de trois lustres durant, soutenu cette rébellion, largement marxiste, contre le pouvoir éthiopien, alors « réactionnaire » !
    Pour la fête nationale du 26 juillet 1977, Fidel annonce que quatre mille civils cubains sont au travail dans une vingtaine de pays du monde, dont « 80 % en Afrique ». Ils seront six mille à la fin de 1977, précise-t-il, grâce, notamment, à des envois de « personnel médical » en Éthiopie. Lors du congrès du PCC fin 1975, le
Lider
avait dit : « Nous disposons de nombreux médecins [neuf mille, contre six mille en 1959, dont trois mille se sont exilés]. Et nous avons une forte demande de la part d’autres pays. Certains, très pauvres, doivent être aidés gratuitement. Mais d’autres sollicitent notre concours moyennant paiement. Il y a là une source de revenus supplémentaires pour un pays non pétrolier comme le nôtre. » L’idée que Cuba devienne un prestataire de services, civils et militaires, pour le tiers-monde court donc en parallèle avec le thème du « devoir internationaliste ». L’un n’exclut d’ailleurs pas l’autre : dans les pays où la Révolution a donné des coups de main, des exportations avantageuses pourront suivre, et surtout des importations – le café d’Angola, par exemple.
    Cependant, le 1 er septembre, le diplomate Lyle Lane s’installe à la « section d’intérêts des États-Unis » ouverte dans l’ambassade suisse à La Havane ; son homologue cubain emménage à la légation tchécoslovaque à Washington. Les visites de
businessmen
se poursuivent dans l’île, deux importantes missions en 1977 ; ils participent à une « table ronde » sur « l’économie cubaine ». Fin novembre 1977, tout semble prêt pour la levée de l’embargo. Le 1 er décembre, deux représentants démocrates portent à Castro un message de Carter : l’Amérique est d’accord pour des négociations « de haut niveau » ; mais Cuba devrait faire connaître sa disponibilité à se retirer d’Afrique progressivement. La veille, Michel Poniatowski, représentant personnel du président français Valéry Giscard d’Estaing, a eu un orageuxentretien de six heures avec Castro à propos du continent noir. Le 6 décembre, le
Lider
déclare à des journalistes américains qu’il est favorable à une rencontre avec Carter, mais que « le temps n’est pas encore venu »…
    C’est que la situation évolue dans la « Corne ». Après une offensive éclair en Ogaden, les Somaliens viennent buter contre les Éthiopiens, qui se sont fortifiés dans deux villes de leur extrême pointe centre-est : Harar et Dire Dawa. Irrité de l’appui que ses « alliés » accordent à son ennemi, Siyaad Barre annonce le 1 er novembre sa rupture avec Cuba et l’expulsion des six mille experts militaires soviétiques. Ce geste de clarification libère Moscou et La Havane. Fin novembre, Mengistu fait de discrets voyages à Cuba, en RDA et en URSS : il demande à ses nouveaux alliés un effort

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