Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
Vom Netzwerk:
désormais ébranlé dans ses bonnesdispositions. Il libère quelques « contre-révolutionnaires » contre l’ouverture d’une ligne aérienne La Havane-Miami, exploitée par la Cubana. Et, surtout, il décide, à l’automne 1978, un « dialogue » avec l’exil. Il admet qu’il y a eu, et d’abord de sa part, « généralisation abusive » à parler de ces gens comme d’« apatrides ». Il invite un groupe de journalistes américains d’origine cubaine, auquel il annonce, superbe : « Dorénavant nous dirons : “la Communauté”, et non plus “les
gusanos
” [vermine]. » Deux mois plus tard, c’est une délégation très représentative qui se rend à Cuba : soixante-quinze leaders de ladite Communauté. Ce Comité des soixante-quinze ouvre avec le
Lider
des discussions sur la libération de prisonniers et la possibilité pour les exilés de venir voir leur famille. Le 9 décembre, un accord est conclu : à l’exception des « criminels batistiens », tous les détenus seront libérés. « Même Matos », précise Fidel. Et l’année 1979 sera celle d’un grand retour (au moins « pour voir »…) des émigrés. Toutes les familles cubaines avaient été peu ou prou divisées. Ce sont donc des retrouvailles émouvantes, après vingt ans d’éloignement pour la plupart. Les exilés arrivent les bras chargés. Mais, surtout, ils peuvent, avec leurs dollars, acheter dans des magasins spéciaux, approvisionnés à Panama, l’électroménager, les vêtements et autres aménités que la Révolution dispense peu. La visite de ces cent mille personnes provoquera un choc. Car s’ils ont assimilé les réflexes américains, ils n’ont pas oublié les modes de sentir cubains : ce qu’ils ont à raconter, de leur aisance en particulier, ne laisse personne indifférent.
    Pourtant il devient manifeste que les États-Unis officiels ne sont plus dans l’état d’esprit de 1977. Les événements africains de 1978 ont ébranlé jusqu’aux plus libéraux autour du président Carter. L’Amérique, selon un cycle qui est sa marque, ne se satisfait plus de l’« isolationnisme » qui l’a saisie après le Viêtnam. En outre, elle se préoccupe de l’ouverture d’un nouveau front, pour elle beaucoup moins exotique que le Shaba : ce qu’elle considère comme sa « mer intérieure », la zone caraïbe au sens large.
    Un vif débat a agité les États-Unis à propos de Panama. Le 10 août 1977 a finalement été signé un traité par lequel Washington s’engage à remettre, à la fin du siècle, l’administration de la voie interocéanique au pays qu’il traverse. C’est là un « acte dû »,selon le programme de Jimmy Carter. C’est cependant un signal très négatif pour la droite comme pour l’
establishment
politico-militaire US : ceux-ci considèrent le fameux canal plus comme un lien entre
East Coast
et
West Coast
que comme une voie d’eau internationale. La conclusion du traité a donc été ardue.
    Il y a eu ensuite l’évolution de la Jamaïque, terre de vacances américaines. Le travailliste Michael Manley en tient les rênes depuis 1972 mais il devient clair, au milieu des années 1970, qu’une lutte pour le pouvoir y durcit les choses. La visite de Fidel à Kingston, le 16 octobre, ne passe donc pas inaperçue, tout comme le soutien qu’il proclame à la « Révolution caraïbe ». Voilà que les petites Antilles anglophones s’agitent ou s’embrasent !
    Deux étés de suite, La Havane se fait le cœur battant du monde le plus « battant » : en 1978, le deuxième Festival mondial de la jeunesse a attiré à Cuba seize mille délégués de cent quarante pays. Un an plus tard, une manifestation plus « locale » a eu aussi un grand retentissement régional : Carifesta, quatrième Festival de la Caraïbe, auquel se sont rendus quatre mille jeunes gens. Déjà un signal politique inquiétant avait été donné, le 13 mars 1979, par un coup d’État, à la Grenade, mené par un certain Maurice Bishop. Peu après, des émeutes éclataient à la Dominique. Et des élections portaient la gauche radicale au pouvoir à Sainte-Lucie. La France elle-même se met à craindre une déstabilisation de ses départements antillais ; elle envoie à La Havane le secrétaire d’État Olivier Stirn, qui en reviendra rassuré.
    L’évolution de la Grenade, surtout, préoccupe Washington. Deux mois après le coup de force du New Jewel, de Bishop, le samedi de Pâques 1979, on a cru observer un

Weitere Kostenlose Bücher