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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Caraïbe, s’abat sur l’île. Ainsi les délégations repartiront un peu à la sauvette, entre deux trombes d’eau. Le lendemain, 10 septembre, on apprendra la mort de l’ami angolais Agostinho Neto.
    Dans la foulée de la
Sexta
, Fidel se rendra à l’ONU plaider la cause du tiers-monde accablé. « Je parle au nom des enfants qui n’ont même pas un morceau de pain », s’écrie le nouveau leader des déshérités. Il réclame aux pays riches trois cents milliards de dollars en dix ans pour soulager la misère du monde ;c’est, dit-il, ce que les États dépensent chaque année pour se surarmer. Et, passant au « nous » qu’il affectionne désormais, il s’écrie : « Nous voulons un nouvel ordre mondial fondé sur la justice, l’égalité et la paix… » Il déclarera par ailleurs à Szulc, en une comparaison satisfaite avec les temps de l’hôtel Teresa en 1960 : « Cette fois, j’ai apporté mes langoustes et mon rhum ! » Plus sérieusement, la mission cubaine à l’ONU est désormais la plus importante après celle des deux super-grands.
    Passé ce moment culminant, les choses ne vont plus aller si bien. Castro va échouer dans sa première tentative de voir Cuba obtenir un siège au Conseil de sécurité. Malgré cent cinquante-quatre scrutins, le président des non-alignés devra renoncer à sa prétention de siéger, ne serait-ce que pour deux ans, parmi les « grands », au cœur du cœur du pouvoir planétaire. Un nombre important de refus lui est venu du tiers-monde. Et, dans la nuit du 24 au 25 décembre suivant, l’Union soviétique envahira l’Afghanistan. Ce sera, pour le monde, un coup de tonnerre que cette première sortie officielle des troupes de Moscou hors de leur glacis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Fidel comprend aussitôt la gravité de l’événement. Recevant ce jour-là un interlocuteur français, il fait une violente sortie. En s’attaquant à un pays qui était présent à Bandung, pauvre parmi les pauvres, l’Union soviétique vient de détruire son image : le pays de la révolution d’Octobre comme « allié naturel » des non-alignés en lutte contre l’impérialisme américain. Castro, dit cet interlocuteur, « a failli en avaler son cigare ». L’invasion lui a « cassé sa baraque » ; elle a réduit à néant ses espoirs d’une « grande présidence ».
    De fait, La Havane tentera vainement de proposer ses bons offices. Le ministre Malmierca aura beau multiplier les voyages, il faudra admettre que, avec l’Union soviétique dans le jeu, le problème dépasse un leader du tiers-monde, fût-il prestigieux et loyal. Pour comble, la solidarité socialiste imposera à Castro d’approuver
in fine
l’invasion ! Et plus d’un pays non-aligné, peu désireux de s’en prendre à la puissante « patrie de Lénine », reportera sur le président cubain l’irritation suscitée par la violence de Moscou. Le déclenchement, un an après la
Sexta
, de la guerre entre l’Iran et l’Irak, deux pays phares du monde non-aligné, parachèvera le gâchis. Ironique consolation : du fait,précisément, de la guerre contre Khomeini, Saddam Hussein ne sera pas en mesure d’organiser le VII e Sommet à Bagdad, en 1982. Ainsi Castro demeurera-t-il président six mois de plus avant de transmettre, en 1983, à New Delhi, le flambeau à Indira Gandhi.

10
L E REPLI
 (
1980-1985
)
    Nous ne pouvons concevoir qu’un aveugle traverse une rue tout seul, et nous acceptons que les hommes traversent la vie dans la cécité totale ! C’est pour cela qu’il y a tant d’hommes écrasés dans le monde.
    Fidel Castro, 28 mars 1954
    Fidel se modère nettement au début des années 1980. L’explication a un nom : Ronald Reagan. « Son » septième président aura été, avec Nixon (et avant George W. Bush), le plus haï. Car l’ex-gouverneur de Californie a « taclé » Cuba, ce que nul n’avait plus fait depuis Kennedy. L’affaire de Grenade, en 1983, demeurera un souvenir cuisant pour le
Lider
– sa première défaite depuis la Moncada, trente ans plus tôt. L’autre raison de l’attitude plus discrète de Fidel doit être recherchée dans l’évolution de l’Union soviétique. Celle-ci, enlisée dans la guerre d’Afghanistan, a d’autre part vu disparaître trois secrétaires généraux en trois ans…
    Dans les quelques mois suivant la fin du sommet des non-alignés, le régime castriste va connaître sa plus grave secousse depuis l’installation : le

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