Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
Vom Netzwerk:
de la République » a songé (ou plus) à tâter de la coke. C’est en fait le procès d’un service officiellement né pour rapporter des devises à l’État via la contrebande, et qui a glissé vers la drogue parce que c’était un biais rapide pour remplir sa mission : gagner des devises par tous les moyens.
    Toutes les opérations menées ces dernières années via le territoire cubain sont imputées à ces seuls accusés, au grand dam de Tony qui en admet certaines mais en réfute d’autres – indice que le trafic ne s’est pas limité à la section Opérations navales (ON) du MC. Toutes les accusations formulées convergent en effet vers Tony. Mais à qui répondait-il hiérarchiquement ? La question ne sera jamais posée par les trois généraux désignés comme juges. À qui remettait-il les fonds puisque nul ne suggère qu’il les ait gardés pour lui ? Même incuriosité. Il est vrai que le supérieur direct de Tony, rappellent Fogel et Rosenthal, est le général Germán Barreiro, vice-ministre de l’Intérieur et… beau-père de Fidelito, seul fils légitime alors connu du
Lider
.
    Cependant, le 29 juin, veille de la première session du tribunal, le régime écarte de ses fonctions de ministre de l’Intérieur le général José Abrantes, ancien responsable de la Sécurité de Fidel et familier du commandant en chef depuis vingt ans, qui a parfois pu être considéré comme candidat à la succession du
jefe
(chef), en rivalité avec Raúl. Il sera arrêté le 30 juillet, après le dénouement du procès Ochoa. Celui qui, pour les États-Unis, est le vrai patron du trafic de la drogue à Cuba (au point que les Douanes américaines ont cherché à le piéger pour l’intercepter en mer lors d’une opération) ne sera pourtant pas mêléà ce déballage. Les ennuis qui lui arrivent dérivent de ce qu’il y a eu de « graves déficiences » dans son service. C’est bien le moins ! Le Minint ne coiffe-t-il pas, entre autres, les Douanes et les Migrations, deux entités dont le laxisme – disons – a été démontré à l’occasion du trafic perpétré par la section ON ? On imputera aussi au chef du Minint la « création d’entreprises non autorisées » : de fait, des dizaines d’entités d’import-export sont nées au sein du ministère dans les années 1980, au motif de contourner l’embargo et afin de rapporter des dollars.
    Le procès intenté à Ochoa, à la section ON et à Patricio La Guardia arrive à son terme. Un autre éditorial de
Granma
a fixé la ligne du tribunal : « Les tranchées de l’honneur et de la dignité de Cuba seront réparées jusqu’à la dernière pierre. » D’emblée, le procureur Juan Escalona, ministre de la Justice et familier de Raúl, estime prouvée la « trahison ». Il précise même : « La première personne qu’a trahie Ochoa, c’est Fidel… un symbole, une vie qu’aucun mensonge n’a jamais souillée. » Les accusés ont aussi « poignardé la patrie et le peuple dans le dos ». Problème, toutefois : le code pénal cubain ne prévoit pas la mort pour trafic de drogue. On va donc chercher un autre article, qui réprime les « actes hostiles à un État étranger », en l’occurrence… les États-Unis. Car, si l’on parvient à suivre, ces actes ont provoqué des « représailles » ou « vexations » à l’endroit des Cubains – et lesquelles ! : ce « déluge d’injures… et de mensonges » qui s’abat sur leur pays, accusé d’être lié au trafic de drogue… Escalona demande dès lors sept exécutions, dont celles d’Ochoa et de Tony.
    Ce réquisitoire provoque de vifs remous parmi les parents des accusés qui avaient été admis dans la salle, comme si la plupart avaient vécu sous l’impression que (hormis sans doute Ochoa…) nul ne risquait le peloton. Ileana, la fille aînée de Tony, qui vit aujourd’hui en exil à Paris, assure que Fidel avait fait venir son père dans son bureau, au Conseil d’État, avant l’ouverture du procès, et lui aurait dit : « Tu dois coopérer avec le tribunal, c’est une tâche de plus que te demande la Révolution. À ce prix, on va rester en famille. » Les parents seront tenus à l’écart lors des plaidoiries – au cours desquelles les avocats de la défense… accablent leurs « clients » – et pour l’énoncé duverdict. Celui-ci, qui tombe le 7 juillet, est plus « modéré » que ce qu’avait réclamé le procureur : quatre exécutions (Ochoa et son aide de camp,

Weitere Kostenlose Bücher