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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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intellectuels feront connaître leur « surprise » et leur « douleur » de tant d’égarement. Sans s’embraser, le sous-continent a frémi : le chanteur brésilien Caetano Veloso et le cinéaste mexicain Arturo Ripstein ont relayé les réserves de Galeano. Mais l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, le pianiste argentin Pérez Esquivel et la Guatémaltèque Rigoberta Menchú, Prix Nobel de la Paix 1992, ont volé au secours de Cuba. Quant au linguiste américain Noam Chomsky, il a condamné
et
les agissements cubains
et
les interventions des États-Unis en Amérique latine.
    Alors que le régime campe sur la position de ne jamais rien concéder, l’opposition, elle, se livre, début février 2004, à Madrid, à un étonnant exercice introspectif lors d’un congrès sur la culture cubaine réunissant tout l’exil, qui fête ainsi sa première décennie de relative union au sein d’une plate-forme démocratique où se retrouvent sociaux-démocrates, démocrates-chrétiens et libéraux. Qui, tout d’abord, envisage de renverser Castro ? Eh bien, plus personne ! Puisque le
Lider
marche vers quatre-vingts ans… Le mot d’ordre est celui que prône depuis vingt ans l’opposition intérieure : réconciliation. Et c’est bien celui qu’avance Ricardo Bofill, un ancien communiste qui fut emprisonné douze années pour déviationnisme. Rafael Rojas, historien exilé, directeur à Mexico de l’excellente revue
Encuentro de la cultura cubana
, coorganisateur de la rencontre, est sur la même ligne.
    Et les uns et les autres de se livrer à une analyse socio-anthropologique vertigineuse. Ainsi Pedro Roig, directeur de Radio Martí, lâche-t-il : « Le castrisme est cubain ! » Et d’expliquer la tautologie : cette « croyance en une destinée glorieuse… en la vertu rédemptrice de la violence », ce « romantisme irrationnel », ce « machisme », ce « racisme » ne sont pas des traits uniquement castristes : ils sont bel et bien cubains ! Quant à Carlos Alberto Montaner, un des journalistes insulaires les plus lus dans le monde, opposant depuis 1960, il juge que, dans les mécomptes du pays natal au XX e siècle, « il n’y a pas d’innocents ou alors très peu ». Lino Fernández, lui, s’écrie : « Notre histoire entière est violente. » Dix-sept ans détenu, ce psychiatre fut témoin de l’assassinat d’un camarade, « d’un coup de baïonnette dans le rectum ». L’assassin ? « Le directeur de la prison, à présent… paisible réfugié à Miami. » La conclusion est pour Montaner : « Après Castro, Cuba ne voudra que des serviteurs de la loi. »
    Avec ou sans lien de cause à effet, ce congrès va être suivi, quelques mois plus tard, le 18 mai, d’une « rencontre des dirigeants modérés de l’opposition en exil ». Dont aucun de ceux de Madrid mais avec, parmi eux, Eloy Gutiérrez Menoyo, que le régime avait condamné en 1966 à trente ans de prison pour des actions violentes sur le territoire, qui a décidé de revenir habiter à Cuba en 2003 et est ainsi devenu l’opposant « officiel » de Castro.
    Un an plus tard, le 20 mai 2005 (prix sans doute payé par La Havane pour la reprise de relations avec l’Espagne le 25 novembre précédent), se réunit, sur un terrain près de l’aéroport José Martí attenant à la maison de l’activiste noir Felix Bonne, le plus important Forum dissident jamais organisé à Cuba. Quelque cent cinquante représentants de groupes opposants débattent de la « transition » vers la « démocratie ». Tout le spectre est représenté (ou presque : Oswaldo Paya ne s’est pas joint) : outre Felix Bonne, il y a là Marta Beatriz Roque, dont la lourde détention a été « suspendue, pour raisons de santé », Elizardo Sánchez, Vladimiro Roca, René Gómez… Et Manuel Cuesta, dirigeant (noir) du groupe social-démocrate Arc progressiste, qui alerte : « Si les gauches européennes ne nous aident pas, c’est la droite américaine qui l’emportera » après lecastrisme. Il perçoit en effet les organisateurs de cette journée trop liés à Miami et ses fantasmes de retour en arrière…
    « Les autorités n’interdisent pas ce rassemblement », écrit Ramonet dans sa
Biographie à deux voix.
Il rapporte la tenue de ce forum juste après celle d’un défilé, le 17 mai 2005, de « plus d’un million de Cubains, avec à leur tête Fidel Castro », pour « dénoncer le double langage de Bush » en matière d’antiterrorisme. Et il y a là, en

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