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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Une photo le montre, en tout cas, petit, à côté d’un immense Castro, très sûr de lui. Anxieux de se disculper des accusations courant la ville sur l’assassinat des prisonniers, il commet, explique Castro, « une erreur monumentale » : il lui demande de faire une déclaration à la radio ! « Imaginez le crétinisme de ces gens-là ! Bien entendu, je prends le micro. » Fidel ajoute à l’intention de Merle : « À cette minute a commencé la seconde phase de la Révolution. »
    La première, en tout cas, était bien close. Castro et trente camarades attendent l’ouverture de leur procès à Boniato, principale prison de Santiago. La photo d’identité carcérale de Fidel porte le numéro 4914, écrit sur la pancarte portée au cou. Le chef du groupe est tenu à l’isolement. Aussi Raúl et Miret conduisent-ils les entretiens de camarades en vue de reconstituer la répression consécutive à l’échec. Et ils en communiquent la substance à leur chef par les biais qu’utilisent tous les prisonniers du monde.
    Le « procès numéro 37 » s’ouvre le 21 septembre 1953 devant le tribunal d’urgence de Santiago. Ce ne sont pas seulement les attaquants de la Moncada qui sont amenés dans ce palais de justice dont Raúl s’était rendu maître. Il y a là quatre-vingt-dix-huit personnes. Et l’accusation en met en cause cent vingt-deux – dont le président Prío, accusé d’avoir versé un million de dollars à Castro ! Car l’instruction a impliqué des
auténticos
, des
ortodoxos
et des communistes. Il y a foule dans la salle, en comptant la vingtaine d’avocats, la centaine de gardes, les journalistes, les parents, les amis, le public. Des trois juges, deux ont la réputation de n’être pas de mauvais bougres. Fidel rendra hommage au président, « irréprochable ».
    Il reconnaît les faits. Il dénonce aussi les sévices dont ont péri des dizaines de ses camarades. Il prend sur lui la responsabilité ultime de tout. L’article du Code de défense sociale invoqué par l’accusation met en effet en cause les « chefs » de« tout soulèvement armé visant à renverser les institutions ». Castro confirme n’avoir reçu l’appui d’aucun parti – et surtout pas de Prío, que l’accusation retenait comme « auteur intellectuel » de l’attaque. Superbe, Castro s’écrie : « L’unique auteur intellectuel de la Moncada, c’est Martí, l’Apôtre de notre indépendance. » L’interrogatoire dure deux heures. Aux autres il n’est posé qu’une question : « Avez-vous participé ? » Castro assure sa propre défense, en sa qualité d’avocat. La robe noire qu’il revêt pour interroger les témoins à charge, et qu’il ôte en reprenant sa place auprès des accusés, ajoute à l’effet d’un verbe torrentiel.
    À la troisième audience, Fidel ne paraît pas. Une lettre des services de Chaviano informe la cour qu’il est souffrant – une « dépression nerveuse. » « Mensonge », s’écrie Raúl. Et Melba de montrer au tribunal une lettre de Fidel assurant qu’il existe un plan pour l’assassiner. Un juge se transporte à Boniato avec deux légistes. L’accusé va bien. Le directeur de la prison, le lieutenant Jesus Yanés, expliquera, après 1959, qu’on lui avait demandé d’empoisonner Fidel. « On » ne veut plus que Castro bénéficie de la tribune du « procès 37 ». Les juges s’inclinent et disjoignent son cas.
    Le 6 octobre tombe la sentence du procès collectif. Treize ans de prison sont prononcés à l’endroit de Raúl et de quatre autres assaillants dont les responsabilités plus précises ont été reconnues. Vingt autres se voient infliger dix ans, et deux trois ans. Haydée et Melba sont condamnées à sept mois. Quatre-vingt-dix acquittements sont prononcés. Les hommes sont aussitôt expédiés vers l’île des Pins – l’« île au Trésor » de Stevenson, un lieu désolé à une trentaine de milles au sud-ouest de Cuba.
    Le tour de Fidel vient. Pour ne pas rompre avec la fiction de sa maladie, les autorités organisent son procès… dans l’hôpital dont Abel Santamaría s’était emparé le 26 juillet. Tout sera achevé en une seule audience, le matin du 16 octobre. La salle, cette fois, est minuscule ; quelques journalistes représentent « le public ». Parmi eux, la plus attentive est Marta Rojas, une collaboratrice de
Bohemia
qui couvre ses carnets de notes pressées. L’essentiel de l’audience est consacré à la plaidoirie que Castro

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