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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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temps fou à consacrer à sa
novia
. Et celle-ci se dit que « tous ces hommes vont mourir » à Cuba. Alors elle se rétracte avant la noce. Peut-être soulagé, le
novio
ne cherche pas à la retenir.
    Et il rédige son testament. Hormis trois livres et deux montres, il n’a rien. Il est en espérance d’héritage : son père vient de mourir, le 21 octobre ; mais la ferme sera pour la Révolution. Non, son testament c’est pour confier Fidelito à ce couple ami (Orquidia Pino, une chanteuse cubaine, et un ingénieur mexicain), chez qui l’enfant réside à Mexico. Il ne veut pas que son fils revienne à Mirta et à sa famille. La mère, pourtant, fera très vite enlever l’enfant, avec une complicité officielle cubaine, et le ramènera dans l’île…
    Tout 1956, Fidel a travaillé à élargir ses alliances. En mai, il rencontre Justo Carillo (ce haut fonctionnaire d’inspirationorthodoxe qui avait fondé l’un des premiers groupes d’opposition après le coup de 1952), lequel apporte des fonds. Puis, en août et octobre, Echeverría, président de la FEU et leader des Étudiants révolutionnaires, fait le voyage de Mexico pour mettre au point les modalités d’une alliance tactique. Il s’ensuit une déclaration dite
Lettre de Mexico
: le M-26 et le Directoire annoncent unir « leurs efforts pour renverser la tyrannie et mener à bien la Révolution ».
    Les deux mouvements sont pourtant loin d’avoir les mêmes conceptions. Fidel est hostile au terrorisme ; le Directoire, lui, en a fait l’un de ses modes opératoires. Ainsi, le 28 octobre, deux membres du Directoire, Carbo et Cubela, ont-ils tendu une embuscade mortelle au colonel Blanco Río, chef du service d’Information militaire. Castro déclare : « Je ne condamne pas l’assassinat politique en tant qu’arme révolutionnaire si les circonstances l’exigent. Mais de telles entreprises ne peuvent être indiscriminées… Je crois que… l’assassinat n’était pas justifié car Blanco Río n’était pas un bourreau. » À la suite de l’attentat, la police allait violer l’extraterritorialité de l’ambassade d’Haïti, refuge connu d’opposants, et tuer dix d’entre eux.
    Lorsque Castro débarquera, le climat à Cuba sera loin, pour Batista, de l’« état de grâce » des quatre premières années. Plusieurs tentatives ont cependant été faites, à l’automne, pour persuader Fidel de reporter le débarquement au début de 1957. Frank País ira ainsi à Mexico lui expliquer que ses cellules ne sont pas encore assez rodées pour mener le soulèvement de Santiago qui devra accompagner l’arrivée du
Granma
. Mais le chef du M-26 est inflexible. Il a promis : ce sera en 1956. En outre, la police vient de tomber, à Mexico, sur une cache d’armes, chez Teresa Casuso. L’écrivain a été arrêtée, en compagnie de Pedro Miret. Les autorités peuvent à tout moment surgir pour confisquer le navire.
    La hâte des expéditionnaires devient frénésie. Fidel n’arrive à Tuxpán que peu avant l’heure H – trop tard pour contrôler les travaux effectués sur le
Granma
. L’embarquement des vivres, des armes et des hommes se fait précipitamment. On lance les moteurs par une nuit de tempête. C’est le 25 novembre 1956, il est 1 h 30 du matin. Le rafiot embouque le chenal du Tuxpán, tous feux éteints afin de déjouer la vigilance de la capitainerie.

4
L A S IERRA M AESTRA
 (
2 décembre 1956-31 décembre 1958
)
    Nous avons été l’allumette jetée dans un tas de paille.
    Fidel Castro, 2 décembre 1961
    « Ils étaient quatre-vingt-deux », comme dans les chansons de marins. C’est quatre fois ce que le
Granma
peut embarquer ! Ceux qui le rejoignent ne s’attendaient pas à une partie de plaisir, mais à ce point… L’un des expéditionnaires s’enquiert de savoir où l’on rejoindra le « vrai bateau » ! Le temps de la traversée, ce n’est pas Fidel le maître à bord, mais Onelio Pino. Le commandant est un marin de profession, frère de la chanteuse Orquidia Pino à qui Fidel a confié son fils. Les autres sont des terriens ; ils sont donc malades comme des chiens les quatre premiers jours où souffle le vent de nord. Seuls, assurent les récits, Fidel, Guevara et deux autres vont bien. Le Che note dans ses
Carnets
que, dès l’entrée dans le golfe du Mexique, « le navire prit un air ridicule et tragique. Des hommes, visage angoissé, pressent leur estomac dans la main, tête dans des seaux ».
    De cette

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