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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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après quatre-vingts jours de campagne, que j’écris ce manifeste », commence-t-il fièrement. Il dresse un premier bilan des faits d’armes de son « détachement » contre « trois bons milliers d’hommes équipés de tout l’armement moderne ». Sa modeste victoire de la Plata devient un exploit.Et Fidel d’inviter ses compatriotes à organiser la « résistance civique » dans toutes les villes.
    Un tel mouvement, au demeurant, a déjà pris forme, sous l’impulsion d’Armando Hart et Faustino Pérez. Ses objectifs sont, d’une part, de collecter des fonds et, d’autre part, via une section « Action », de saboter les services publics. Des politiciens classiques, tel Raúl Chibás, ex-secrétaire des orthodoxes, et des bourgeois insoupçonnables, tel le futur président Dorticós, y adhèrent. Les temps, décidément, se durcissent. L’existence de la guérilla de Castro conduira des groupes rivaux à une escalade multiforme en 1957. Leurs actions auront un fort impact psychologique, mais demeureront sans lendemain faute de relais politiques. C’est le Directoire, sous Echeverría, qui est en pointe. L’invasion, début 1957, du campus par la police, au mépris de l’autonomie universitaire, transformera de nombreux étudiants en révolutionnaires professionnels. Le recrutement du Directoire est plus bourgeois que celui de Fidel. Sa souche est « authentique », alors que le M-26 a des racines « orthodoxes ». Une touche chrétienne n’est pas absente du Directoire – alors que cet élément est insensible chez les castristes, malgré le poids du baptiste País. Enfin, les amis d’Echeverría agissent dans les villes, non dans la Sierra.
    Des bombes explosent désormais régulièrement à La Havane et à Santiago. Noël 1956 et le jour de l’an 1957 en sont assombris pour les paisibles citoyens. Le grand coup du Directoire est frappé le 13 mars 1957. Une centaine de jeunes gens tentent de s’emparer du palais présidentiel et d’y tuer Batista. C’est un échec sanglant, Echeverría lui-même y laisse la vie. Son successeur, Faure Chomón, ne pèsera jamais vraiment face à Castro.
    Deux mois et demi plus tard, Prío, de plus en plus inquiet de la surface politico-militaire acquise par Castro, organise un débarquement, lui aussi dans l’Oriente. Mais le yacht
Corinthia
, parti de Miami, est intercepté à son arrivée à Mayarí, et la quasi-totalité des expéditionnaires est massacrée. Fidel n’est pas menacé en son état de « combattant suprême » antibatistien.
    Bien que le
Tropicana
, le célèbre night-club de La Havane, bourré de touristes, ait été une des cibles des bombes de la Saint-Sylvestre, on soupçonne mal, aux États-Unis, ce qui bouillonne. C’est au contraire la grande mode de Cuba. Le
Hilton
seraachevé en avril 1957. Les jeux battent leur plein. La prostitution fleurit. L’administration Eisenhower accélère ses livraisons d’armes début 1957. La bourgeoisie d’affaires cubaine fait bloc autour de Batista, « rempart contre le désordre ».
    Mais la répression est-elle bien un rempart, même en se faisant sauvage ? Début 1957, trente cadavres d’opposants de toute obédience apparaissent, mutilés, au bord des routes. Le comportement sadique de la police à partir de ce moment mériterait une étude de cas. Un recrutement médiocre, comme dans tant de pays sans tradition de service public, n’explique pas tout. Un encadrement hétéroclite n’arrange certes rien : les chefs incorporés à l’époque du « pacte des gangsters » ont dû faire du zèle pour poursuivre sous Batista. Il y a, en outre, le pouvoir corrupteur des jeux, que l’ex-sergent a encouragés comme moyen de « tenir » et de rémunérer certains de ses gens. La police défend donc le maintien de privilèges liés à l’état de corruption. Elle le fait avec brutalité, comme qui a tout à perdre d’un retournement des choses. Ceux de ses membres qui ont commencé à se comporter durement sont acculés à l’escalade. Beaucoup, dans les classes moyennes, en sont révulsés. Avocats et médecins sont les premiers informés des atrocités. En outre, les fils des familles libérales, fer de lance de l’opposition, sont eux-mêmes victimes des tortionnaires. Le M-26 gagne ici ce que perd Batista.
    Tout l’hiver 1956-1957, l’« armée rebelle », qui soulève tant d’espoirs, est bien peu de chose. Elle est condamnée à l’errance. On se cache de bosquets en sous-bois, sous

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