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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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à Castro, quelques décisions en vue de contenir les désordres dans la capitale. Mais celui-ci, de la capitale de l’Oriente, ignore l’officier. Il lui est seulement signifié d’avoir à remettre Columbia à Cienfuegos dès que celui-ci s’y présentera. Barquín n’insiste pas. Il propose même de céder aussitôt le commandement à Armando Hart, leader national du M-26 (civil !) qui, arrêté en janvier 1958 par la police batistienne et envoyé à l’île des Pins, a été libéré en même temps que les « purs ». Barquín avait hérité d’une « armée morte » – un « tas de merde », selon son propos. Il quittera Cuba dès le printemps. Son second, le commandant Borbonnet, a en revanche fait carrière dans la Révolution.
    L’entrée à Santiago de Castro et de ses
barbudos
, le 1 er janvier à la tombée de la nuit, est un moment de délire. «
VivaFidel, viva la revolución, viva, viva, viva…
» La caravane des camions, des jeeps, des cars, avec Castro et le colonel Rego en tête, est accueillie par des cris de joie, des pleurs, des rires. Le futur président Urrutia, un peu en arrière, en compagnie de sa femme et de son fils, ne pèse pas lourd : Castro, dès leur première rencontre, le 18 décembre, lui a battu froid. Fidel, lui, est accueilli, selon un témoin, comme « le Messie à Jérusalem ». Il lui faut quatre heures pour arriver au parc Céspedes, le cœur de Santiago, bordé par la cathédrale et l’hôtel de ville. On l’applaudit des rues, des maisons. Des « batistiens » se sont déjà reconvertis en remparts de la Révolution. Ils ne seront fusillés que dans quelques jours : « Le problème du moment est de consolider le pouvoir. »
    Castro pénètre dans la mairie, son fusil à lunette sur l’épaule droite. À l’étage, il salue les membres du Rotary Club, du Lions Club – toute la bourgeoisie de l’Oriente qui l’a soutenu avec ferveur. Puis, du balcon, à minuit passé, il s’adresse à la foule. Sa voix, encore mal connue, de semi-fausset surprend dans un si grand corps. Il délivre le premier de ces longs discours qui allaient, des décennies durant, être l’élément cardinal de la vie cubaine. « Une révolution véritable s’est accomplie… Il n’y aura plus de coup d’État… Tous les droits syndicaux et tous ceux auxquels notre peuple peut prétendre seront rétablis. Nous n’oublierons pas les paysans de la Sierra Maestra. Dès que j’aurai une minute de libre, je vais aller voir où nous ferons la première cité scolaire pour vingt mille enfants. » Fidel annonce aussi qu’il fait de Santiago le siège du gouvernement : précaution en attendant de savoir comment les choses tournent dans la capitale.
    Les avant-coureurs de Cienfuegos arrivent à La Havane le 2 janvier en fin d’après-midi. La ville est paralysée par la grève. Les lits des touristes américains, venus nombreux pour une joyeuse Saint-Sylvestre, ne sont même pas faits dans les hôtels. Le commandant de la colonne entre dans Columbia vers 18 h 30. Camilo est accueilli par Barquín, qui lui donne l’accolade et lui remet ses pouvoirs. Le colonel rend aussi compte de l’arrestation, ce même jour, du général Cantillo ; celui-ci allait faire huit ans de prison avant de s’exiler à Miami. Arrivé premier du M-26 à La Havane, Cienfuegos deviendra, en attendant l’arrivée deFidel une semaine plus tard, la coqueluche de la capitale, « avec ses allures de Christ en goguette, ses bottes jetées à terre, les pieds sur la table pour recevoir l’ambassadeur des États-Unis » (Carlos Franquí). Et, bien sûr, sa « barbe romantique » – car la pilosité fleurie se porte bien en ces premiers jours de 1959 : de fait, les officiers de l’ancienne armée saluent quiconque l’arbore ! La barbe entière qui, dans la Sierra Maestra, n’était qu’une évidente commodité, va devenir l’image de marque de la Révolution cubaine… Seul parmi les « Grands », Raúl n’arborera pas ce signe (il est des natures plus glabres que d’autres…) mais il fera, un temps, ostentation d’une queue-de-cheval du meilleur effet. Discrète, dans ce climat d’euphorie, sera au contraire l’arrivée, la nuit suivante, du Che dans la capitale. Il a été désigné pour la prise de La Cabaña, l’autre place militaire de La Havane. Il s’en acquitte sans coup férir. Malgré sa belle campagne de Las Villas et sa victoire à Santa Clara, est-ce sa qualité d’étranger ou sa

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