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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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demeurent indemnes de noyautage. La position de Raúl, ministre des Armées, lui sera une aide inestimable.
    Le 16 août 1960, en pleine guerre économique avec les États-Unis, le PSP ouvre son VIII e Congrès, en présence de partis frères du monde entier. L’Internationale communiste ne ménage pas son soutien aux camarades caraïbes. « Tout honnête homme, s’écrie Anibal Escalante, numéro 2, rendra un hommage mérité au petit groupe d’avant-garde qui a su analyser la situation, tirer les conclusions nécessaires et fixer la juste stratégie de la Révolution. » C’est là, avec des mots louangeurs pour Castro, l’autocritique du PSP. Jacques Duclos (qui, après 1945, avait liquidé le « browdérisme », ce communisme « à l’américaine », trop conciliant, dont le PSP a subi l’influence) dirige la délégation française. Il s’écrie : « Qualifier la Révolution cubaine de communiste, c’est utiliser le procédé auquel nous avons été habitués en France pendant l’occupation hitlérienne, quand tous les patriotes étaient ainsi qualifiés. »
    Or, Castro caracole déjà très en avant des communistes ! Tad Szulc croit savoir que Khrouchtchev a déjà assuré à Fidel qu’il n’y a « pas de parti » entre eux : pour le secrétaire général du PC soviétique, Castro est le « leader authentique » de la Révolution cubaine. Un des premiers indices que l’on marche vers « l’unité » – selon la formulation mille fois répétée du PSP –, ce sera la fusion, dès octobre, des Jeunesses communistes et de celles du M-26 : elles deviennent simplement les « Jeunesses rebelles ».
    La fête nationale du 26 juillet a été célébrée, cette année 1960, à Bayamo. Un moment à la fois de jubilation et d’inquiétude. L’exaltation vient, naturellement, de cette sensation d’avoir porté au géant américain une estocade comme il n’en a jamais reçu dans le monde occidental. On a d’ailleurs fait venir pour la circonstance – juste retour des choses – l’ancien président du Guatemala, Jacobo Arbenz, renversé par la CIA en 1954, et qui vit depuis en Tchécoslovaquie. Fidel lance, ce jour, un cri de guerre nouveau, qu’on entendra répéter dans les années à venir : « Nous voulons que la cordillère des Andes devienne la Sierra Maestra de l’Amérique latine. » C’est le premier appel à la révolte du sous-continent contre l’Oncle Sam.
    Inquiétude aussi car les menaces s’accumulent : des préparatifs, encore modestes mais perceptibles, de la CIA au Guatemala, à ceux de la guérilla de l’Escambray ; des explosions nombreuses à La Havane aux désertions de personnalités qui se multiplient ; des rumeurs de complot dans les forces armées à… la santé de Castro qui donne des inquiétudes. Cela paraît improbable, tant ce corps immense semble ne pas pouvoir souffrir les maux de l’humanité ordinaire. Mais c’est ainsi : durant cette période cruciale suivant la diminution du quota sucrier, Fidel se traîne ; infection intestinale, pleurésie, pneumonie, rien ne lui est épargné.
    Le 10 juillet, c’est le Che qui prononce devant cent mille personnes rassemblées le discours saluant la promesse d’aide militaire soviétique formulée la veille et avertissant les « fils du Pentagone » qu’ils risquent désormais « la destruction totale au moyen de fusées atomiques ». Castro, le même soir, apparaît à la télévision et parle une heure… de son lit d’hôpital. Le 26 juillet, il est remis, pour la fête en Oriente, mais s’évanouit presque à la fin du discours. Le surlendemain, en l’absence de Raúl,toujours à Moscou, le Che, à nouveau, est chargé de mission : il ouvre le premier congrès de la Jeunesse latino-américaine, qui a été convoqué pour entourer Cuba d’une garde d’affection internationale.
    Nombre de ses participants resteront un certain temps. Ils constitueront une brigade de « volontaires de la production agricole » : en fait, un groupe d’apprentissage des techniques de guérilla, avant un retour martial au pays. Devant ces jeunes gens, Guevara n’y va d’ailleurs pas par quatre chemins : « La Révolution cubaine est marxiste. » Une telle affirmation est si en avance sur les propos du moment de Fidel qu’un soupçon vient : l’équipe dirigeante est-elle bien sur la même longueur d’onde ? Lorsque Raúl, successeur désigné, rentre précipitamment, le 4 août, d’un long séjour à Moscou et en Europe de

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