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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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était, sauf exception, un modèle de conservatisme. Pour elle, le salut de l’homme était celui de l’homme des centres-villes ! Les
guajiros
, non plus que les habitants des périphéries urbaines misérables, n’étaient pas réputés avoir une âme ; ou alors les prêtres la laissaient aux
santeros
des cultes afro-cubains, florissants dans la population noire.
    L’Église cubaine n’a pas encore, en 1960, enregistré l’importance de l’avènement, en 1958, du successeur de Pie XII, le« bon pape Jean » XXIII. Il est vrai qu’une douzaine de prêtres avaient, en Oriente surtout, pris une part active à la lutte contre Batista. La plupart l’avaient fait, poussés par la conscience de jeunes ouailles entrées dans la « résistance civique ». Des hommes d’Église vont se retrouver propulsés sur le devant de la scène anticastriste bien au-delà de ce que la séculaire prudence de leur institution aurait conseillé. Il y aura même des ecclésiastiques pour organiser de petits groupes de choc en milieu étudiant. L’un d’eux sera parrainé par le père Llorente, ancien… directeur spirituel de Castro au collège de Belén. (On note au passage à quel point des êtres qui ont été très proches de Fidel ont pu se dresser violemment contre lui – lorsqu’ils ne l’ont pas adulé. L’homme fascine ou révulse : tel est son destin d’être hors du commun.) Un autre groupe d’opposants intitulé Action catholique universitaire suscite un avatar clandestin tâtant de l’explosif : le Mouvement de sauvetage de la Révolution. Ce MRR trouvera un leader en la personne de Manuel Artime, castriste de la vingt-troisième heure et anticastriste de la première. Il passe à l’action au printemps 1960, par des attentats sans gravité : ses bombes explosent quand Castro fait ses discours.
    En juillet 1960, on voit aussi disparaître de scène des fidélistes « pur sucre ». Le ministre de la Communication Oltuski est l’un d’eux. Il a été la coqueluche des reporters étrangers durant les premiers mois de la Révolution : disert, souriant, l’esprit vif, il peignait une situation tout en nuances, avec plus de lumières que d’ombres, mais crédible. C’était l’homme le plus en accord avec le moment – fête populaire, expérience sensuelle, laboratoire politique. Mieux que Franquí, plus intelligent peut-être mais plus dogmatique. Il avait enthousiasmé Sartre.
    Plus significatif encore est le départ, cet été-là, de Marcelo Fernández, secrétaire général du M-26 depuis août 1958. Cette fonction est en apparence importante ; son titulaire a d’ailleurs rang de ministre. Mais Fidel se soucie comme d’une guigne du Mouvement : il va même assurer son dépérissement. Les deux hommes qui ont sa confiance absolue, Raúl et le Che, lui ont-ils suggéré le plan consistant à capter le vieux PSP communiste par une fusion avec les deux organisations révolutionnaires, désormais fantomatiques : le M-26, précisément, et le Directoire ? Et engendrer ainsi le nouveau PC dont Fidel, qui n’a jamais étémembre de l’ancien, sera le Premier secrétaire ? Ce PCC dont l’essentiel des cadres sera fourni par d’anciens combattants de cette armée rebelle qui méprisait si fort le PSP ? C’est un point sur lequel le biographe hésite à trancher. Ce plan ne serait-il pas, plutôt, né en réponse à la tentative parallèle de noyautage de la Révolution par ledit PSP ? Il y aurait là quelque chose dans la manière de Fidel – jamais si imaginatif que lorsqu’il est provoqué. Les décisions capitales ont été prises par si peu d’hommes qu’il n’est pas évident qu’une réponse certaine à cette question sera fournie un jour.
    Il est une interrogation corollaire à laquelle, en revanche, il est possible de répondre : pourquoi Fidel a-t-il laissé tomber ce M-26 qu’il avait créé ? C’est que, tout d’abord, le courant passe mal depuis l’échec de la grève d’avril 1958 : le
Lider
n’a pas pardonné au Mouvement de l’avoir commis dans une aventure désastreuse – la plus sanglante de la guerre civile. Et surtout, le M-26, parce qu’il a bien contribué à la victoire par son action héroïque dans les villes, n’aurait pas été un instrument docile. Mieux valait donc « capter » le PSP. Mais, à la vérité, le seul « parti » de Fidel, jusqu’au milieu des années 1970, ce sera l’armée. Il veillera à ce que les FAR (forces armées révolutionnaires)

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