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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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conformisme. Fidel voit les poètes LangstonHughes et Allen Ginsberg. Cependant, aux abords du Teresa, sympathisants et adversaires de la Révolution s’opposent. Par des slogans contrastés, le plus souvent, parfois aussi au pistolet : une fillette est tuée. On apprendra plus tard qu’une partie des manifestations hostiles à Castro avait été coordonnée avec la CIA.
    L’agence américaine de renseignements a désormais, en effet, le
Lider
dans son collimateur. Et ce n’est pas là qu’une image : depuis l’été, la Centrale envisage de faire assassiner Castro. C’est une considérable extension du sens de la « directive secrète » d’Eisenhower. Le 17 mars, le président des États-Unis n’a ordonné que « l’entraînement de commandos en vue d’actions de guérilla ». Mais aussi bien, Allen Dulles, patron de l’Agence, est un homme puissant. Pour cette opération, raconte Peter Wyden dans
La CIA prise au piège
, le service américain cherche des hommes de main par le truchement du « Syndicat », représentant les intérêts des patrons de casinos et cercles de jeu fermés par la Révolution cubaine. La Centrale américaine a ainsi contacté Johnny Rosselli, ancien gros bras d’Al Capone et ex-directeur du Sans Souci à La Havane. La rencontre aurait eu lieu le 14 septembre au Plaza de New York, quatre jours avant l’arrivée de Fidel, comme il n’est bruit que du dispositif de sécurité prévu pour l’occasion.
    Pour l’opération, Rosselli a songé à deux gangsters répertoriés au FBI : Momo Salvatore Giancana, chef de Cosa Nostra à Chicago (et associé de Frank Sinatra, grand ami des Kennedy, dans une affaire de casino à Lake Tahoe), et Santo Trafficante, ex-patron du « Syndicat » à La Havane. Leur tâche serait de recruter un tueur cubain qui tirerait sur Fidel. « Momo » en tient plutôt pour le poison. La CIA mettra donc au point une pilule à base de toxines botuliques, à faire fondre dans une boisson. Fait troublant, les deux truands partageaient les faveurs de Judith Exner, une jolie brunette chanteuse à Las Vegas, avec… John Kennedy. Le nom de Giancana sera prononcé, avec d’autres, après l’assassinat du président américain en 1963.
    Selon une commission d’enquête présidée par le sénateur démocrate Frank Church, en 1975, huit opérations au moins du genre cigare empoisonné ou
milk-shake
au cyanure ont été montées. On a pu aussi envisager des formules visant àdéconsidérer le
Lider
: poudre au LSD provoquant « confusion temporaire » et sels de thallium susceptibles d’épiler la célèbre barbe ! Castro a, quant à lui, assuré avoir échappé à… trois cents, puis six cents attentats (sa Sécurité véhiculera, elle, le chiffre de sept cents), dont vingt-quatre au moins par la CIA. Chance insensée ? Aussi. Mais surtout une immense méfiance, et ce dès la Sierra, qui lui a fait, après la victoire, monter un service de protection ayant peu d’équivalents au monde.
    « Bien qu’on nous ait fait la réputation de parler longuement, nous nous efforcerons d’être brefs. » Tel est l’exorde du discours de quatre heures et vingt-neuf minutes (record jamais battu !) que Castro assène à l’ONU le 26 septembre. « Je parlerai lentement, pour ménager les traductrices », promet-il. De fait, il démarre posément. Puis bientôt « les mots roulèrent dans sa gorge, se bousculant, dégringolant vers le public dans une fureur croissante », écrit Jean Lacouture, du
Monde
. Et comme l’orateur s’anime, il passe « à une gesticulation affolante et peut-être affolée », semblant « se suicider à la tribune ». Castro paraît pris de logorrhée : « Le voici épuisé, enroué, qui s’embrouille, battant l’air de ses bras, criant son indignation. »
    Et le fond vaut la forme. Le discours est « un effarant défi à l’Amérique ». La « réception » que lui ont assurée les États-Unis est décrite par le menu. Réécrite, plutôt : « On a dit que nous avions élu domicile dans une maison close… sans égard pour la dignité des membres féminins de notre délégation. » Fidel rappelle cent cinquante ans de relations inégales entre les États-Unis et l’Amérique latine. Selon l’orateur, la puissance du Nord a tiré un milliard de dollars de son île entre 1950 et 1960. Aussi raille-t-il les six cents millions que l’administration d’Eisenhower a proposés lors d’une récente conférence à Bogota pour aider les « vingt

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