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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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auparavant
elle interrogerait Agnolo Nardi.
    – Certainement
pas ! fit-elle sèchement. Si vous voulez que je vous apporte une aide
appréciable, il ne faut surtout pas que je sois votre obligée. A ce point, tout
au moins.
    – Ce
sera comme il vous plaira.
    Le
lendemain matin, deux jeunes femmes envoyées par la meilleure couturière de
Bruges apportaient à la Ronce Couronnée ce dont Fiora avait besoin pour figurer
dignement devant la duchesse Marie, pendant que Florent courait la ville pour
se procurer à lui-même un costume convenable. Vers la fin de la matinée, Fiora,
vêtue de velours prune moucheté d’argent et de satin blanc, coiffée d’un hennin
de satin blanc ennuagé de mousseline empesée, se dirigeait à cheval, suivie de
son jeune compagnon, vers le palais de celle qu’elle jugeait sa rivale. Elle se
sentait résolue et sûre d’elle. L’image renvoyée tout à l’heure par le miroir
et l’admiration ingénue visible dans les yeux des deux jeunes femmes pendant qu’elles
l’aidaient à s’habiller étaient plus que rassurantes. Fiora pouvait soutenir la
comparaison avec n’importe quelle autre femme, fût-elle couronnée, et si d’aventure
Philippe croisait sa route, elle serait en possession de toutes ses armes. Ce
qui était le plus important...
    Chemin
faisant, elle s’accorda le loisir d’admirer Bruges. La ville était bien
construite, avec de belles rues pavées et de nombreux jardins donnant presque
tous sur un canal et, par quelques marches de pierre, descendant jusque dans l’eau
où se miraient le feuillage argenté d’un saule, le tronc mince d’un bouleau ou
d’épais massifs à la verdure encore trop tendre pour les identifier. Surgissant
de ponts si bas qu’il semblait impossible de les passer autrement qu’à la nage,
de grosses barges fendaient l’eau noire et le verdâtre bouillonnement des
mousses. Ces canaux dont le lacis semblait inextricable fascinaient la
Florentine. Ils posaient des reflets de moire sur les façades déjà grises d’un
palais ou sur les murs nacrés d’un couvent neuf. Celui-là clapotait au pied d’un
petit mur où dormait un chat, cet autre laissait divaguer une barque mal
attachée, celui-ci reposait dans un fouillis de roseaux où pêchait un
poisson-chat. Tout ici parlait de paix et de douceur de vivre et cependant
Bruges, bâtie pour le simple bonheur, était une cité turbulente qui, dans ses
jours d’agitation, en eût remontré à Florence elle-même...
    Le
Prinzenhof – la Cour du Prince – formait un large quadrilatère où s’inscrivaient
le palais, la chapelle surmontée d’un haut clocher, les jardins et, bien
entendu les dépendances. Passée la discrète entrée surmontée d’une statue de la
Vierge entourée d’anges, la cour d’honneur s’ouvrait, entourée de galeries et
précédant immédiatement le logis princier construit en briques rouges avec chaînages
de pierres blanches, comme l’était le manoir de la Rabaudière.
    Cette
ressemblance encouragea Fiora. Franchi l’arrêt obligatoire du corps de garde où
un sergent, impressionné par l’allure de la visiteuse, traversa la cour à
toutes jambes pour avertir un chambellan, elle attendit patiemment en observant
ce qui se passait dans la cour. En effet, des équipages s’y rassemblaient. Des
palefreniers amenaient des chevaux richement harnachés, des seigneurs et
quelques dames, en costumes de chasse, surgissaient d’un peu partout, cependant
que des fauconniers apportaient, sur leurs poings gantés de gros cuir, faucons,
vautours et éperviers encapuchonnés de velours brodé d’or ou d’argent. On se
hélait joyeusement, on se saluait, on riait, on bavardait et le vaste espace s’emplissait
de bruit et de gaieté.
    – Nous
arrivons mal, souffla Florent. Le prince doit se préparer à partir pour la
chasse.
    – Sans
doute, mais ce n’est pas le prince que je veux rencontrer, c’est la princesse.
    – Peut-être
chasse-t-elle aussi ?
    – C’est
bien possible.
    Le
sergent revenait, escorté d’un chambellan très agité. Essoufflé aussi, et qui
prit tout juste le temps de saluer la visiteuse :
    – Cet
homme a-t-il bien compris ? Vous seriez Madame la comtesse de Selongey ?
    – Oui.
Est-ce tellement extraordinaire ?
    – Eh
bien, c’est surtout inattendu. Madame la duchesse est sur le point de partir
pour la chasse et...
    – Et
ne peut me recevoir. Dites-lui s’il vous plaît mes excuses et mes regrets, mais
je ne

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