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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tremblaient.
    – Mais
comment était-il ? Son visage... sa taille ? L’avez-vous vu ?
    – Non,
hélas. J’en sais seulement ce que le dom prieur en a dit à mon chapelain. Une
chose est certaine : cet homme n’a rien d’un paysan. Il est grand et les
cicatrices de son corps semblent indiquer un soldat. De même, la barque était
différente de celles que l’on fabrique dans la région. Mais je vous vois émue à
un point qui m’inquiète. Il se peut, je le répète, qu’il n’y ait aucun rapport
avec...
    – Je
suis presque certaine qu’il en existe un. Cet homme est-il toujours là-bas ?
    – Bien
sûr. Où voulez-vous qu’il aille, ne sachant plus rien de lui-même ni des autres ?
Cet état est dû, certainement, à une blessure reçue à la tête... Mais
rassurez-vous, il a été bien soigné et il n’est pas malheureux. Les chartreux
sont de bons moines, généreux et hospitaliers. En outre, pour un prisonnier
évadé, si c’est bien de lui qu’il s’agit, un couvent est le meilleur des
asiles.
    – Je
n’en doute pas un instant, mais comment savoir, comment être certaine ?
    Elle s’était
levée et marchait à travers la grande salle avec agitation, s’efforçant d’apaiser,
sous sa main, les battements de son cœur qui l’étouffaient presque. La voyant
pâlir et chanceler, della Rovere se précipita, la prit dans ses bras et l’obligea
à s’étendre sur une bancelle garnie de coussins. Il était temps, ses jambes ne
la portaient plus ! En même temps, il appelait à l’aide et Léonarde – qui
écoutait derrière la porte – apparut instantanément, armée d’une fiole de
vinaigre et d’une serviette. Elle se mit en devoir de ranimer la jeune femme.
    Le
malaise ne tarda pas à se dissiper et bientôt Fiora, tout à fait rétablie, put
offrir ses excuses à son hôte qui semblait sincèrement inquiet.
    – Je
crains de vous avoir fatiguée à l’excès, dit-il. Le mieux est que je me retire
à présent : je reviendrai demain. J’en avais d’ailleurs l’intention pour
vous faire mes adieux...
    – Votre
Grandeur nous quitte déjà ? dit Léonarde.
    – Oui,
il me faut retourner à Avignon où de nombreuses affaires m’appellent. Je ferai
mes adieux à Tours après-demain.
    Il se
disposait à partir, mais Fiora le retint :
    – Par
pitié, Monseigneur ! Encore un moment. Je vous assure que je vais mieux...
Parlez-moi encore de ce rescapé ! ...
    – Que
puis-je vous dire de plus ? Vous en savez autant que moi... Écoutez !
Puisque je retourne là-bas, voulez-vous que je me rende à la chartreuse dès mon
arrivée afin de voir cet homme ?
    – Vous
ne l’avez jamais vu, Monseigneur. A quoi le reconnaîtriez vous ?
    – Vous
pourriez m’en faire le portrait ? Évidemment, si vous n’étiez souffrante,
il y aurait une solution, facile sans doute, mais peut-être fatigante...
    – Laquelle ?
grogna Léonarde méfiante. Mais Fiora avait déjà compris :
    – Je
pourrais vous accompagner ? Il est certain que je suis seule capable de
savoir ce qu’il en est. Et, si c’est mon mari, celle qui saurait le mieux le
soigner...
    – Fiora !
protesta Léonarde. Êtes-vous folle ? Voulez-vous encore partir au bout du
monde ?
    – Avignon
n’est pas au bout du monde, Madame, et je ne vois pas quels dangers donna Fiora
pourrait courir sous ma protection ? Je peux même lui offrir une
confortable litière...
    Fiora
semblait renaître. Elle avait retrouvé ses couleurs et dans ses yeux l’espérance
faisait étinceler des étoiles. Elle se releva :
    – Je
ne peux pas refuser une pareille chance, chère Léonarde, et mon absence ne sera
pas longue. S’il s’agit bien de Philippe, je le ramènerai avec moi, puis je
ferai sa paix avec le roi. Oh, Monseigneur, vous n’imaginez pas la joie que
vous me donnez !
    Le
cardinal se mit à rire, ce qui lui conféra une grande jeunesse. Il semblait
aussi heureux que la jeune femme :
    – Eh
bien, voilà qui est dit. Demain soir, je vous enverrai la litière en question.
Les serviteurs auront des ordres et vous me rejoindrez à la fin de la matinée à
la basilique Saint-Martin où je désire faire oraison avant de partir. Ce délai
vous laisse tout le temps pour vos préparatifs.
    Suivi
de Fiora, il se dirigea vers le jardin où ses équipages l’attendaient et remit
à son secrétaire la lettre que lui avait donnée la jeune femme. Au moment de la
quitter, il baissa la voix pour

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