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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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retrouver n’importe où.
    – A
condition qu’il se laisse prendre. Devant n’importe quel soldat ou tout autre serviteur
du roi, il fuira ou se battra. Comment pourrait-il penser que Louis XI ne lui
veut aucun mal ?
    – Nous
verrons cela en temps voulu ! Pour l’instant, pensez donc un peu à vous !
    La
soirée fut charmante. Par extraordinaire, il y avait peu de voyageurs ce soir
et Maître Jacques vint bavarder un moment avec eux tandis que Dame Françoise
essayait de venir à bout d’une dame espagnole qui prétendait réquisitionner
toute l’hôtellerie pour son seul service, ne se montrait satisfaite de rien et
discutait le moindre prix avec une âpreté de vieil usurier. Ses glapissements
devaient s’entendre jusqu’au pont d’Avignon.
    – Est-ce
que vous ne devriez pas aider votre femme ? fit Mortimer en riant. Cette
aimable jeune dame aux prises avec une pareille harpie !
    – Elle
s’en tirera certainement beaucoup mieux sans moi. Si je m’en mêlais, je
jetterais cette mégère dehors sans autre forme de procès. Françoise a l’étoffe
d’un vieux diplomate et, en ce moment, les temps sont un peu difficiles...
    En
effet, la guerre entre le pape et Florence se répercutait fâcheusement sur la
vie à Avignon. La plupart des maisons de banque et celles des grands drapiers
étaient des comptoirs florentins. Seul celui des Pazzi avait été invité à
rester : les autres quittaient la ville pour éviter de plus graves ennuis,
le cardinal della Rovere étant réputé avoir la main lourde. Les représentants
des Médicis, eux, avaient été chassés sans plus de façon avec interdiction de
remettre jamais les pieds dans la ville papale. Naturellement, leurs biens avaient
été saisis et ils avaient eu juste le temps de franchir le pont pour échapper
aux flèches des archers.
    – Heureusement,
dit Jacques, ils ont trouvé asile ici. Le gouverneur les loge dans l’une des
livrées abandonnées pour y attendre la fin des combats.
    – Comment
croire, dit Fiora en levant la tête vers le ciel, que cette guerre stupide et
criminelle se fasse sentir jusque dans ce doux pays ? Florence est loin,
Rome plus encore et cependant...
    La
nuit méridionale, en effet, enveloppait le jardin où pins et cyprès essayaient
vainement d’assombrir le ciel. L’air nocturne était d’une pureté de cristal et
le ululement serein d’une chouette y prit une tonalité aimable. La dame
espagnole ayant consenti à se taire, Maître Jacques souhaita la bonne nuit à
ses clients et rejoignit sa femme en courant. Fiora et l’Écossais revinrent à
pas lents vers l’hôtellerie et, tout naturellement, pour la guider dans le
chemin obscur, Mortimer prit le bras de la jeune femme. Pour la première fois
il osait ce geste, et elle ne l’arrêta pas. C’était bon de sentir auprès de soi
cette force tranquille dont elle savait mieux que personne qu’elle pouvait se
changer, contre un ennemi, en une sorte de fureur sacrée.
    – Vous
êtes bien ? demanda-t-il d’une voix changée.
    – Très
bien. La nuit est si belle ! Cela va être délicieux de faire halte ici un
moment...
    – Vous
pourrez ainsi rendre visite à vos compatriotes, puisqu’il s’en trouve dans la
ville.
    – Je
n’ai aucune envie de les rencontrer. J’ignorais même tout des comptoirs d’Avignon.
En outre, je souhaite à présent oublier Florence pour me tourner vers la
France. C’est là qu’est mon fils, c’est là qu’est mon époux, du moins je l’espère,
c’est donc là qu’est ma vie...
    – Elle
ne souhaite rien de mieux que vous garder, murmura Mortimer.
    Prenant
la main de sa compagne, il y posa ses lèvres un court instant avant de courir s’enfermer
dans sa chambre. Cette retraite ressemblait tellement à une fuite que Fiora se
mit à rire silencieusement. Le rude sergent la Bourrasque deviendrait-il
sentimental ? Les responsables en étaient sans doute le charme de cette
maison, la beauté de cette nuit... et peut-être aussi la traîtrise de ce vin
blanc de Châteauneuf que Maître Jacques leur avait fait boire.
    Ayant
dormi une partie de la journée, elle-même n’avait pas sommeil et elle resta un
long moment accoudée à la balustrade de la galerie qui courait le long des
chambres pour jouir un peu plus longtemps de cette nuit sorcière qui changeait
les foudres de guerre en soupirants, et qui faisait monter vers elle tous les
parfums de cette douce terre.
    Mortimer,
pour sa part, s’était

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