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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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oublié de ce qui
l’entourait. C’est seulement quand elle sentit une main se poser sur son épaule
qu’elle releva son visage défiguré par les larmes et rencontra le regard bleu
qui l’avait tant impressionnée. Cette fois, il était plein de compassion :
    – Dieu
a déjà pris soin de lui. Il y veillera encore, j’en suis certain. Ne pleurez
plus, ma fille !
    – Vous
saviez ?
    – Disons
que je vous ai devinée à l’instant où vous avez plié le genou devant moi. J’ajoute
que je vous pardonne cette... mascarade. Elle vous était dictée par votre grand
désir d’en savoir très vite un peu plus sur notre rescapé. Mais, bien sûr, il
vous faut quitter cette maison à l’instant, avant qu’un autre que moi ne
découvre votre supercherie. J’espère que vous retrouverez bientôt le comte de
Selongey.
    – Merci !
oh merci !
    Se
laissant glisser à terre, elle prit la main du moine pour la baiser, mais ne
put que l’effleurer car il la lui retira doucement.
    – Allez,
à présent, et que Dieu vous ait en Sa sainte garde ! Je Le prierai de bénir
votre quête comme je vous bénis...
    Le
geste courba Mortimer à côté de Fiora. Cependant, le dom prieur frappait dans
ses mains pour rappeler le frère convers afin qu’il ramène ses visiteurs à l’hôtellerie.
Avant de sortir, Fiora demanda :
    – Je
voudrais faire aumône à cette maison en remerciement des soins reçus. Votre
Révérence accepterait-elle...
    – Merci
de votre intention, mais pas à moi. Donnez à notre hôpital afin d’adoucir les
souffrances des pauvres malades.
    Un
moment plus tard, Mortimer et Fiora quittaient la chartreuse et se retrouvaient
dans la grande rue qui traversait la ville sur toute sa longueur.
    – Que
faisons-nous à présent ? demanda l’Ecossais. Vous ne voulez pas repartir
tout de suite, j’imagine ?
    – Non.
J’ai besoin d’un peu de repos... et puis je crois qu’il nous faut parler,
essayer d’imaginer ce que Philippe a fait en quittant cette ville...
    – Pour
le repos du corps et la clarté des idées, rien de tel qu’une bonne auberge !
Suivez-moi !
     

CHAPITRE VII UNE SITUATION
DIFFICILE..
     
     
     
    Villeneuve-Saint-André
n’était pas une ville comme les autres et Fiora put s’en convaincre en
remontant, botte à botte avec Mortimer, la longue rue qu’elle n’avait fait qu’entrevoir
la veille puisque la chartreuse était voisine des remparts. De magnifiques palais,
tous entourés de jardins, la bordaient, certains en parfait état, d’autres
menaçant ruine.
    – Ce
sont les « livrées » des anciens cardinaux de la cour pontificale qui
occupa Avignon jusqu’au début de ce siècle, expliqua Mortimer. Leurs maisons de
campagne, en quelque sorte.
    – « Livrées ».
Quel drôle de nom ! A Florence, on dirait villas...
    – Cela
vient, fit l’Ecossais qui décidément savait beaucoup de choses, de ce que
chacune a été formée à l’origine de plusieurs maisons que leurs propriétaires
ont été obligés de « livrer » aux princes du Sacré Collège. Contre
argent sonnant bien sûr, mais le nom leur est resté.
    Quelques-unes
de ces demeures avaient la sévérité des palais romains, avec un petit quelque
chose en plus. Il suffisait d’une fenêtre à colonnette, d’une longue « amande »
de pierre sertie de vitraux colorés, d’un rosier grimpant obstiné à panser les
plaies d’une façade lépreuse, d’un buisson de myrte, d’une vigne exubérante ou
d’un acacia embaumé pour que tout ne soit qu’amabilité souriante. Des orangers,
des citronniers débordaient des jardins, entretenus ou non, et les grandes
armoiries de pierre qui dominaient chaque portail gardaient des traces des
couleurs ou de l’or qui les enluminaient jadis. Enfin, coiffant tout ce qui n’était
pas toit en terrasse enguirlandé de jasmin ou de petit lierre pâle, les tuiles
romaines roses, rondes et presque charnues, posaient leur lisière tendre contre
le bleu éclatant du ciel.
    C’était
jour de marché. Sur la petite place ombragée de platanes dont les larges feuilles,
d’un vert changeant, apportaient leur fraîcheur, des paysannes en coiffes
aériennes se tenaient assises, droites et fières comme des statues grecques au
milieu de paniers plats où piaillaient des volailles et de corbeilles où,
auprès de grosses olives juteuses, s’étaient déversées toutes les richesses de
la campagne et des jardins. Groupés sous les arbres, de petits ânes

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