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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pleinement conscience de la dualité existant entre sa tête et un corps
dont elle ne pouvait contrôler les réactions. Et sa tête lui disait qu’elle n’aurait
plus jamais besoin d’utiliser le parfum de Démétrios dont la senteur avait
disparu depuis des heures et que Campobasso était bel et bien son prisonnier.
Entre elle et un duc dont d’ailleurs le service lui plaisait moins qu’il ne l’avait
cru, le condottiere n’hésiterait pas... mais tandis qu’il léchait la petite
blessure de son épaule, Fiora pensa, repue d’amour, qu’elle aimerait voir s’achever
cette claustration à deux que rien ne semblait susceptible de faire cesser.
    Pourtant,
au matin du quatrième jour, le vantail de la porte retentit des coups que lui
portait un gantelet de fer. En même temps, la voix rude de Galeotto braillait :
    – Sors
d’ici... Cola ! Il faut que je te parle et c’est urgent !
    Campobasso
s’arracha du lit nu, traversa la chambre et courut ouvrir. Il reçut en plein
visage le regard furieux de son ami.
    – Que
se passe-t-il ?
    – Le
page a disparu !
    – C’est
cela ta nouvelle ? Qu’il aille au diable et que...
    – Non.
Ce n’est pas seulement cela : le duc Charles est à son château de
Soleuvre, à douze lieues d’ici. Que crois-tu qu’il va se passer si ce damné
Virginio est allé lui raconter que tu délaisses ton commandement parce que tu
ne peux plus t’arrêter de baiser une espionne du roi de France ?
    La
main de Campobasso fila comme un serpent jusqu’à la gorge de son compagnon qu’elle
serra furieusement :
    – Je
t’interdis de parler ainsi, tu m’entends ? Elle sera ma femme !
    – Alors,
si tu veux qu’elle vive assez longtemps pour ça, tu ferais bien de la renvoyer
d’où elle vient ! rugit Galeotto en s’arrachant à la poigne de son ami.
    – Jamais
je ne la renverrai !
    – Alors
mets-la à l’abri mais fais quelque chose. Le gamin a dû partir dans la journée
d’hier...
    Le
comte réfléchit un instant puis grogna :
    – Tu
as peut-être raison. Envoie-moi Salvestro et donne l’ordre qu’on cherche une
litière et que l’on prépare une escorte : dix hommes !
    – A
quoi penses-tu ?
    – Je
vais la faire conduire à Pierrefort !
    – En
plein pays lorrain donc en pays ennemi ? Tu es fou ?
    – Justement.
Le Téméraire n’ira pas la chercher là si ce sale petit bougre est allé me
dénoncer. Pierrefort m’appartient toujours comme nous appartiennent toujours
les villes que ce jeune imbécile de René II nous a laissé occuper.
    L’heure
qui suivit fut difficile pour Fiora. Non que les projets de son amant lui
déplussent particulièrement – car elle était prête à n’importe quoi pour dormir
une grande nuit tranquille – mais les choses se gâtèrent quand il lui avoua qu’il
avait renvoyé ses compagnons de route. Il dut faire face à une fureur tout
italienne qui le stupéfia quelques instants.
    – De
quel droit t’es-tu permis de renvoyer mes serviteurs ? criait-elle. Parce
que tu as couché avec moi, tu t’imagines que tu peux tout faire, tout détruire
de ce qui est ma vie ? Esteban m’est attaché depuis longtemps et tu l’as
renvoyé comme un valet indélicat ! Je ne te pardonnerai jamais et je
refuse de rester ici plus longtemps !
    – Calme-toi,
je t’en supplie. Tu vas partir, je viens de te le dire...
    – Sans
doute, mais pas comme tu l’entends ! Si tu crois que je vais me laisser
enfermer dans ton château, tu te trompes lourdement. Fais-moi seller un cheval
et adieu !
    – Tu
es folle ! Où iras-tu...
    – A
présent que je n’ai plus de guide ? Je vais te surprendre : j’irai
rejoindre le duc de Bourgogne !
    – Il
te fera pendre !
    – Crois-tu ?
M’as-tu fait pendre, toi, quand je suis arrivée, parfaite inconnue et même un
peu suspecte ? Non. Tu m’as mise dans ton lit et j’ai accepté car je te
croyais un homme. Mais tu es là à trembler comme un gamin parce que, peut-être,
ton page est allé te dénoncer. Le Téméraire me paraît d’une autre envergure...
et ce pourrait être amusant d’essayer de le séduire.
    Envahi
d’une rage soudaine, il la prit à la gorge :
    – Sale
petite putain ! Tu en as assez de moi, n’est-ce pas ? Un lit princier
serait plus intéressant que le mien ? ... Mais je ne te laisserai pas
faire. Je t’ai dit que je voulais te garder et je te garderai !
    – Tu...
garderas mon cadavre... alors ! souffla-t-elle à demi

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