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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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auquel, avec obstination, elle s’était accrochée durant tant de jours,
c’était l’amour de Philippe mais cela même n’avait plus de sens puisqu’il était
marié, ou remarié. Elle n’avait plus le droit de penser à lui et, malgré tout,
il était toujours au fond de son cœur, comme la pointe de flèche qu’aucun
chirurgien ne saurait arracher sans causer la mort du patient. Et Dieu sait si
elle en souffrait parfois ! L’espérance qu’elle avait emportée avec elle
en quittant Florence s’était éteinte sans parvenir à guérir l’invisible
blessure qu’empoisonnait à présent le souvenir de Campobasso et des joies
charnelles qu’elle en avait reçues. Que ferait-elle quand le Téméraire aurait
reçu son châtiment ? Le couvent ? A aucun prix ! Le souvenir de
Santa Lucia renforçait la répulsion qu’elle avait toujours eue pour la vie
monastique. Rejoindre Démétrios et continuer avec lui son errance à la
recherche du savoir ? Cela ne la tentait guère et d’ailleurs Démétrios n’avait
pas besoin d’elle. Alors... mourir serait peut-être la meilleure solution, mais
à condition que cette mort vînt la prendre sous le ciel de Florence afin que
ses cendres pussent reposer dans la terre même qui recouvrait le corps du seul
homme qui l’eût aimée vraiment et sans rien demander en échange : Francesco
Beltrami... son père. Quant à Campobasso, jamais plus il ne la toucherait,
dût-elle se tuer si c’était la seule façon de l’éviter.
    Cette
décision, elle la changea en serment quand on apprit ce qui s’était passé à
Briey tandis que le duc Charles, à la tête du gros de son armée, descendait
vers le sud pour contourner Nancy et s’attaquer à Épinal. Campobasso chargé de
réduire la ville frontière s’y était attaqué avec la rage et la fureur nées de
son humiliation. Briey n’avait pour garnison que quatre-vingts Allemands et ses
habitants, plus la troupe que lui avait laissée René II avant de repartir
quêter d’autres soldats car, ayant conscience de la faiblesse de son armée, il
l’avait répartie dans ses villes principales avant de s’éloigner. L’artillerie
non plus n’était pas fameuse : trois ou quatre pièces. Le condottiere avec
ses six mille hommes l’emporta sans beaucoup de peine mais il se souvenait de l’aide
que Gérard d’Avilliers, le gouverneur, avait apportée à Conflans. Une fois
entré dans la ville qui s’était défendue courageusement et que ses soudards
mettaient au pillage, il fit pendre à des arbres tous les soldats de la
garnison sous les yeux de leurs chefs et surtout de Gérard d’Avilliers dont un
bras avait été emporté par un boulet de canon. L’horreur submergeait la
Lorraine en ce mois d’octobre tandis que le Téméraire, qui avait tourné la
capitale par Custines et la Neuveville, ravageait le sud du duché qu’il voulait
s’assurer avant d’attaquer Nancy. Toute la Lorraine en criait vers le ciel
tandis que son peuple essayait de fuir la férocité des vainqueurs.
    Du
haut des remparts de Pierrefort, Fiora pouvait voir des files de paysans
misérables, n’ayant plus ni toit ni foyer, traînant avec eux des enfants et des
vieillards, des blessés aussi et se cherchant au moins un abri contre cette
pluie qui ne cessait pas et qui grossissait rivières et ruisseaux. Certains
venaient vers le château, suppliant qu’on voulût bien leur ouvrir et les
secourir mais Salvestro était impitoyable et les chassait à coups de pierres et
de flèches, sans se soucier de la fureur écœurée de Fiora.
    – Quelle
sorte de mère t’a porté, vieux misérable ! lui jeta-t-elle à la face
devant ses archers. Même les loups ne tuent que s’ils ont faim. Toi et ton
ignoble maître, vous tuez par plaisir parce que vous vous croyez à l’abri du
châtiment...
    – Mon
ignoble maître ? Tu ne le trouves pas si affreux quand il te baise, sale
petite putain florentine. Je sais quelle chanson tu chantes quand il te couvre.
Et il y reviendra encore !
    – Jamais,
tu entends ? Jamais plus il ne me touchera. Sur le salut de mon âme !
    – Ton
âme ? ricana le vieux. Il ne lui reste plus grand-chose à perdre ! Celle
d’une coureuse de routes, d’une espionne prête à faire n’importe quoi. Ote-toi
de là avant que je ne perde patience.
    Alors,
à toute volée, elle le gifla puis lui cracha au visage avant de s’enfuir en
courant, poursuivie par la voix rauque de fureur de Salvestro :
    – Il
va

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