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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Lorraine où les troupes bourguignonnes commencent à
se reformer. On parle de Thionville...
    Fiora
fit la moitié du chemin vers le jeune homme qui, soudain, la prit dans ses
bras. Elle l’éloigna doucement mais l’embrassa sur les deux joues avec une
tendresse fraternelle :
    – Dieu
vous garde, mon bel oncle ! Où que vous alliez, vous lui appartiendrez
toujours...
    Il la
baisa au front puis, se détournant brusquement, partit en courant suivi de
Démétrios. On l’entendit dégringoler l’escalier. Les deux femmes sortirent sur
le balcon de bois qui régnait tout autour de la cour pour assister à son
départ. Elles le virent sauter en selle comme s’il n’avait fait que cela toute
sa vie au lieu d’user ses genoux sur les dalles d’un couvent, serrer les mains
de Démétrios et d’Esteban puis, ôtant son chaperon d’un geste empli d’élégance
naturelle, en saluer les dames avant de rendre la main à son cheval et de s’engouffrer
sous la voûte de l’auberge.
    – Vous
avez bien fait de l’éloigner, fit Léonarde.
    – Pourquoi ?
Est-ce qu’il ne vous inspirait  pas confiance ?
    – Pauvre
garçon ! Bien sûr que si... mais il était en train de tomber amoureux de
vous, mon agneau... et vos affaires de famille sont bien assez compliquées
comme cela. A présent, venez vous préparer à emménager dans votre nouveau
logis. J’espère qu’il vous plaira.
    – C’est
sans importance. Si ses fenêtres offrent la vue que j’espère, le reste peut
être aussi délabré qu’il voudra...
    – Heureusement,
il n’en est rien ? Voilà bien l’égoïsme de la jeunesse ! Pensez un
peu à moi, Fiora, qui suis passée de cette belle hostellerie à l’élégance du
palais Beltrami. J’ai de mauvaises habitudes, que voulez-vous ? ...
    Léonarde,
d’accord en cela avec ses compagnons, avait loué la maison au nom du médecin
Démétrios Lascaris voyageant avec sa nièce Fiora, son secrétaire et la
gouvernante de la jeune femme. C’est donc en tant que princesse Lascaris que
Fiora, étroitement voilée et portée dans les bras d’Esteban comme la malade qu’elle
était censée être pénétra dans le bel hôtel des Morel-Sauvegrain et gagna la
chambre qui lui était réservée, l’une des deux donnant sur l’arrière de la
maison.
    Cette
chambre, dont la porte lui fut ouverte courtoisement par l’intendant Hurtault,
était tout éclairée par un grand bouquet de pivoines disposées dans un pot d’étain
auprès d’un drageoir rempli de fruits confits.
    – Ma
maîtresse, dit-il, souhaite la bienvenue à Votre Seigneurie, et espère, lorsque
sa santé sera meilleure, avoir le plaisir de venir la saluer...
    Fiora
répondit, d’une voix faible, par quelques remerciements auxquels Démétrios
ajouta qu’il serait heureux, pour sa part, d’être admis à l’honneur de
présenter ses devoirs à une hôtesse dont le renom et le mérite étaient venus
jusqu’à lui...
    – Je
n’y manquerai pas, confia-t-il à Léonarde une fois la porte refermée sur l’intendant.
Elle peut sûrement nous apprendre des choses fort utiles...
    -Je me
charge, moi, de questionner les servantes, répondit celle-ci. C’est encore par
les cuisines que les commérages vont le meilleur train...
    Fiora
n’écoutait pas, ayant déjà sauté à bas du lit où Esteban l’avait étendue pour
courir à la fenêtre. La maison de Regnault du Hamel était bien là où Léonarde l’avait
indiquée... Elle était aussi telle que la jeune femme l’imaginait : sombre
et sinistre, comme dut l’être la maison d’Autun où Marie de Brévailles avait
gravi son calvaire avant de s’enfuir.
    C’était
une demeure presque aussi solitaire que celle du bourreau. Encadrée sur trois
côtés par la rue de la Tonnellerie, la rue du Lacet et le Suzon, un maigre
jardin mal entretenu tenait le quatrième à distance des habitations voisines.
Un soubassement de pierre qui n’offrait d’autre ouverture qu’une porte de bois
sombre armée de pentures de fer soutenait deux étages d’encorbellement à
croisillons noircis par le temps, le tout sous un grand toit abritant le pignon
pointu. Deux fenêtres à l’étage noble, une ouverture fermée de volets de bois
et une lucarne donnant sur le ruisseau ne devaient pas procurer beaucoup de
jour. Il est vrai que, de son observatoire, Fiora ne pouvait voir la façade
côté jardin mais, telle qu’elle était, cette maison était aussi triste qu’une
prison... ou qu’un

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