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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Était-ce bien le même homme ? Sans l’armure
dorée et le casque au lion d’or couronné, elle eût douté d’être en face du duc
de Bourgogne. Pourtant il souriait et saluait de la main les gens de sa ville
qui l’acclamaient éblouis par cette image somptueuse à laquelle le soleil
arrachait des éclairs.
    En
voyant s’approcher Fiora et Panigarola qui venaient le saluer, il eut pour eux
un vrai sourire, chaud et communicatif et les embrassa tour à tour. Il semblait
extraordinairement heureux de les revoir et les garda auprès de lui jusqu’au
soir. Durant le souper qu’ils prirent ensemble et avec le Grand Bâtard, il fut
d’une gaieté charmante qui confondit ses invités. Ses projets étaient immenses
et il rejetait, avec dédain, la responsabilité de la défaite de Morat sur le
manque de courage de ses troupes qui n’avaient su, une fois de plus, que
tourner casaque et prendre la fuite.
    – Monseigneur,
intercéda Panigarola, montrez-leur quelque pitié. Beaucoup sont morts...
    – ...
Qui ne le seraient pas s’ils s’étaient bien battus et ceux de ma maison ont été
les plus mauvais. Rien d’étonnant : beaucoup étaient des Français mais je
vais battre le rappel de ma noblesse fieffée de toute la Bourgogne. Je sais
déjà pouvoir compter...
    Il
alignait des chiffres, formait des escadrons, confiait des commandements à des
chefs dont on ne savait pas au juste s’ils étaient déjà morts ou encore
vivants...
    – J’ai
eu l’impression de souper avec des fantômes, confia Fiora au Milanais. Cette
grande armée dont il parle existe-t-elle ailleurs que dans son imagination ?
J’ai peur qu’il ne soit encore malade.
    – Moi
aussi. En tout cas, une chose m’étonne ? Où est passé le capitaine de sa
garde qui en principe ne le quitte pas ? Il paraît qu’il aurait été envoyé
en mission ? Et comme il était avec lui à Gex, je me demande ce que cela
peut être ?
     
    Il
allait l’apprendre trois jours après quand les échos du château retentirent des
clameurs furieuses du Téméraire : Olivier de La Marche venait d’arriver
avec un détachement de ses gardes et le duc braillait à tous les échos qu’il
allait lui faire « ôter la tête »... En voyant accourir Panigarola
visiblement bouleversé, Fiora qui se promenait avec Léonarde au bord de la
Furieuse, le torrent qui longeait toute la ville de Salins, comprit qu’il se
passait quelque chose de grave.
    – Je
commence vraiment à croire qu’il est dément, s’écria l’ambassadeur. Il vient de
commettre la pire des folies : alors qu’en quittant le château de Gex, il
a embrassé la duchesse de Savoie en lui jurant une amitié éternelle, il a, en
même temps, commandé à Olivier de La Marche de s’assurer de sa personne ainsi
que de celles de ses enfants alors qu’elle se rendait à Genève auprès de son
beau-frère l’évêque.
    – Il
a fait arrêter la duchesse Yolande ? Mais pour quoi faire [xxvi]  ?
    – Elle
avait refusé de le suivre en Bourgogne et il espérait ainsi tenir fermement la
Savoie. Malheureusement, un serviteur a caché le prince héritier Philibert et
son jeune frère dans un champ de blé. Ils sont à Genève à présent et j’imagine
d’ici le bruit qu’y fait l’évêque. Je gage qu’on va parler du baiser de Judas
et que le roi Louis, qui lui n’est pas fou, va sauter sur l’occasion de s’ériger
en protecteur de sa sœur et de ses neveux. C’est un coup à faire de la Savoie l’ennemie
mortelle de notre duc... Comme s’il n’en avait pas assez !
    – Où
est la duchesse ?
    – Pas
très loin d’ici : au château de Rochefort près de Dôle. Quant à La Marche,
qui a manqué la moitié de sa mission, je le vois mal parti...
    Il
garda cependant sa tête. Le duc Charles avait trop de soucis pour s’attarder
longtemps sur cet épisode : les Suisses continuaient leurs exploits. Après
avoir mis Lausanne à sac, ils s’apprêtaient à prendre le chemin de Genève quand
le roi de France intervint. Morat l’avait ravi mais il ne tenait pas du tout à
ce que les Suisses continuassent à piétiner l’héritage de son neveu : en
foi de quoi il envoya son outil préféré : un sac d’or plus une petite
armée à Chambéry pour leur rappeler que, même s’il ne faisait pas souvent la
guerre, il n’en possédait pas moins tous les moyens de la déchaîner. Peu de
temps après, la Savoie et les Cantons signaient un traité de paix.
    – Quel
grand

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