Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
n’est
pas au bercail.
    Fiora
haussa les épaules, cachant sa déception sous un demi-sourire.
    – Tant
pis ! Essayons, au moins, de nous faire accorder l’hospitalité pour la
nuit.
    L’espoir
de rencontrer Philippe était faible et Fiora le savait mais n’est-il toujours
permis d’espérer...
    – Compterais-tu
te faire reconnaître comme la dame de ces lieux ? demanda Démétrios.
    – Non.
Nous sommes de simples voyageurs désorientés. Quand j’entrerai ici en tant que
maîtresse, ce sera au bras de mon époux... si j’arrive à le retrouver car j’ai
toujours tendance à négliger cet affreux désir qu’il avait de se faire tuer...
    – Il
était sincère sans doute, coupa Léonarde qui n’aimait pas voir l’esprit de
Fiora s’engager dans ces pensées affligeantes, mais, pour ma part, je n’y ai
pas vraiment cru...
    – Moi
non plus, fit Démétrios en écho. Je suis persuadé qu’il est toujours vivant.
    Fiora
leur adressa, à l’un et à l’autre, un regard chargé de gratitude pour ces
paroles encourageantes et pressa un peu l’allure de son cheval. Elle avait hâte
à présent d’arriver...
    Ils
avaient atteint le village et la barbacane d’entrée du château était déjà en
vue quand, débouchant de la forêt qui couronnait le coteau, quelques cavaliers
apparurent. Les faucons qu’ils portaient sur leur poing ganté de cuir épais
disaient assez qu’ils venaient de chasser et quelques ciseaux pendaient au
troussequin de la selle de l’un des hommes. Ils étaient six en tout : quatre
hommes un peu plus armés peut-être qu’il n’eût fallu pour un divertissement, et
deux femmes.
    Celle
qui allait en tête et qui riait en posant un baiser sur la tête encapuchonnée
de son oiseau pouvait avoir une trentaine d’années. Elégamment habillée de soie
bleue elle avait de longs cheveux blonds étroitement nattés sous un hennin
court de velours assorti à sa robe et où s’attachait un voile azuré. Elle était
d’ailleurs très jolie et, à le constater, le cœur de Fiora tressaillit.
    A
présent les chasseurs qui n’avaient pas remarqué les quatre cavaliers entraient
dans le château de l’allure toute naturelle de gens qui reviennent chez eux.
    – Qui
sont-ils ? fit Léonarde sans cacher sa surprise. Messire Philippe n’avait-il
pas dit qu’il n’avait aucune famille ?
    – Il
peut avoir des invités, dit Démétrios. Même en l’absence du seigneur c’est une
chose possible... Le mieux vois-tu, c’est d’entrer à notre tour...
    Mais
Fiora avait froncé les sourcils et l’arrêta. Elle avisa une lavandière qui, sa
corbeille de linge à la hanche, remontait de la rivière et l’appela :
    – Pardonnez-moi
si je vous parais curieuse, dit-elle gentiment, mais je croyais ce château
inhabité. Le comte Philippe n’est pas là, n’est-ce pas ?
    La
servante ne devait pas être un puits d’intelligence car elle adressa à Fiora
son plus béat sourire.
    – Pour
sûr qu’il est pas là !
    – Alors,
cette dame qui vient d’entrer ? Savez-vous qui elle est ?
    – Ben...
c’est la dame du château. C’est dame Béatrice... -Béatrice... de Selongey ?
    – Ben...
oui.
    Ce « oui »
frappa Fiora comme une gifle. Elle devint soudainement très rouge. Sentant qu’elle
allait se mettre à hurler, à sangloter ou à se livrer à toute autre
manifestation insensée, elle serra les rênes, fit volter son cheval qui manqua
renverser la lavandière puis, enfonçant ses talons dans le flanc de la bête
avec un cri sauvage, elle s’élança au triple galop à travers le village qu’elle
traversa comme un boulet de canon. L’appel de Démétrios lui parvint de très
loin, comme du fond des âges :
    – Arrête-toi !
Par pitié...
    Pitié
pour qui ? Et pour quoi faire ? L’eût-elle voulu, d’ailleurs, qu’il
lui était impossible de retenir l’animal emporté. Les yeux fous, les oreilles
couchées, l’écume à la bouche, il fonçait droit devant lui mais Fiora, éperdue
de douleur et de honte, ne voyait rien, n’entendait rien, attendant passivement
que cette course à l’abîme s’achevât dans la mort. Et la mort n’était pas loin
car la bête affolée courait droit vers un bois épais dont les branches basses
représentaient autant de pièges redoutables.
    Esteban
s’était élancé derrière Fiora, suivi de Démétrios qui, plus lourd, ne pouvait
aller au même train, et de plus loin encore par Léonarde qui, peu familière

Weitere Kostenlose Bücher