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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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du
grand galop, sanglotait éperdument. Le Castillan était un remarquable cavalier.
Couché sur l’encolure de son cheval qu’il ne cessait de cravacher, faisant
corps avec lui, il s’efforçait de gagner du terrain dans l’espoir de rejoindre
    Fiora
avant le bois car il avait pleinement conscience du danger encouru. Il ne
criait pas, n’appelait pas, car cela n’eût fait qu’exciter davantage l’animal
emballé. Mais il réussit à se rapprocher jusqu’à se trouver botte à botte avec
la jeune femme dont il était visible qu’elle ne résistait pas, ne se défendait
pas... Alors, mettant sa bride entre ses dents, Esteban se pencha et,
saisissant Fiora à bras-le-corps, réussit à l’arracher de sa selle et à la
coucher devant lui. A cet instant seulement, il retint sa monture qui freina
des quatre fers et finit par stopper, trempée de sueur. Fiora glissa à terre,
sans connaissance, tandis que son cheval, libéré de son poids, allait bouler
dans un buisson dont il se releva sans autres dommages que des égratignures.
    La
nuit venait et il leur fallait trouver un abri. Léonarde qui, un peu remise de
la peur qu’elle avait éprouvée, les avait rejoints et s’efforçait de ranimer
Fiora, proposa le prieuré de Til-Châtel où la maison d’hôtes les recevrait
peut-être.
    – Si
nous pouvons y arriver, c’est la meilleure solution, fit Démétrios. Mais, par
tous les diables de l’enfer, j’aimerais étrangler de mes mains ce Philippe de
Selongey...
    – Je
n’arrive pas à comprendre, murmura Léonarde. Si j’ai jamais vu homme amoureux,
c’est bien celui-là... lorsqu’il a quitté la chambre nuptiale.
    – Allez
donc essayer de percer le mystère d’une âme ! Il l’aimait sans doute, à ce
moment-là, mais il avait trouvé plus commode à son gré d’oublier qu’il était
déjà marié. Je l’avais mal jugé...
    En
reprenant connaissance, Fiora remercia Esteban puis, sans autre commentaire,
remonta sur son cheval que l’on avait laissé reposer un moment. Mais lorsque la
porte de la petite chambre qu’elle partageait avec Léonarde au prieuré se fut
refermée, elle déclara, les yeux tournés vers cette campagne envahie par la
nuit qu’elle avait tant espérée et où elle avait reçu si cruelle blessure :
-J’ai cru en cet homme et je l’ai aimé. Lui s’est moqué de moi et m’a joué la
plus indigne, la plus triste des comédies... Mais un jour viendra où il
regrettera de m’avoir seulement rencontrée...
    Tout
en parlant, elle avait fait passer par-dessus sa tête la chaîne qui soutenait l’anneau
de Philippe et le contempla un instant :
    – Le
gage de sa foi ! fit-elle avec amertume. Puis elle tendit la bague à
Léonarde : Tenez, vous la donnerez demain au prieur de cette maison pour ses
charités... Et, je vous en supplie, ne me parlez jamais... plus jamais de cet
homme ! ...
     

CHAPITRE V UNE GRAND-MESSE A
NOTRE-DAME...
     
     
     
    Peu
après vêpres sonnantes, les voyageurs couverts de poussière et recrus de
fatigue descendaient la longue rue Saint-Jacques en direction de la Seine. Le
jour d’août, avec son soleil voilé, avait été lourd à supporter mais avec l’approche
du soir, un vent humide venu de l’ouest soufflait sur Paris accordant toutes
les girouettes qui, en haut des toits, alignaient leurs banderoles de tôle
peinte et découpée.
    Il y
avait beaucoup de monde dehors. C’était l’heure où les grands collèges – Sorbonne,
collège du Plessis, collège de Marmoutiers, collège du Mans, collège de
Clermont, etc. – lâchaient les troupes turbulentes de leurs étudiants libres
qui, par bandes ou isolés, fuyant les subtilités de la scolastique, l’encrier à
la ceinture et le chapeau en bataille descendaient vers leurs logis, pour les
plus sages ou, pour les plus fous, vers les tavernes de la Cité. Robes et pourpoints
étaient plus ou moins riches, plus ou moins propres et plus ou moins effilochés
mais tous les yeux brillaient d’une même ardeur à vivre. Ils échangeaient des
plaisanteries et certains chantaient. Toutefois rires et chansons cessèrent net
quand, d’une rue latérale, déboucha une escorte de gens d’armes à cheval
encadrant quelques sergents à pied qui menaient au Châtelet une demi-douzaine
de malandrins, mains liées derrière le dos.
    Des
cris fusèrent. Certains des malfaiteurs étaient connus des escholiers qui ne se
gênaient pas pour leur lancer des encouragements et pour conspuer les

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