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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Péronne !
    – Si
près ? souffla Fiora.
    – Oui,
madonna, si près. Et il n’y est pas seul : le Téméraire est avec lui.
    – Mais,
reprit Démétrios, je croyais le duc en Flandres ?
    – Il
y était en effet, à Bruges, pour essayer d’arracher aux Etats une aide
supplémentaire en argent et en hommes. Grâce à Dieu il n’a pas obtenu tout ce
qu’il voulait. Les Flamands sont las de payer pour des guerres incessantes et
leur sang leur paraît plus précieux encore. Le duc est reparti alors pour
Calais afin d’y joindre son beau-frère [vii] ,
lequel, il faut bien le dire, a été fort déçu de le voir déboucher à la tête d’une
mince escorte de cinquante hommes alors qu’il escomptait une armée pour l’aider
à envahir la France ! Avec une parfaite mauvaise foi d’ailleurs, le
Téméraire a contre-attaqué en prétendant qu’Edouard n’avait rien compris, qu’il
aurait dû débarquer en Normandie pour faire sa jonction avec le duc de
Bretagne, que son armée à lui était en Luxembourg et allait annexer la
Lorraine. Et il a même proposé un nouveau rendez-vous : que les Anglais
entrent en Champagne et, lui-même venant de Lorraine, ils se rejoindraient à
Reims où l’on ferait couronner Edouard roi de France !
    – C’est
insensé !
    – Pas
vraiment, mais c’était compter sans le roi Louis. Et le roi Louis, outre sa
belle armée, possède une chose que n’a aucun de ses ennemis : son génie. C’est
sur ce génie que nous, gens de Paris, comptons, plus que sur les armes, pour
vaincre la coalition. Il se dresse entre nous et l’armée anglaise et je le
crois capable de brouiller le Téméraire avec Edouard...
    – Où
est-il en ce moment ? demanda Fiora.
    – A
Compiègne où il a établi son quartier général.
    – Et...
L’armée est puissante ?
    – Cinquante
mille hommes environ, un peu moins du double de l’armée anglaise, mais le roi
est fort ménager du sang de ses soldats. Il préfère payer, ruser, enjôler
plutôt que de livrer bataille...
    – Est-il
donc lâche ? fit dédaigneusement Fiora.
    – Aucunement
et il en a fourni des preuves, croyez-moi. Oh, certes, il livrera bataille si c’est
la seule chance qui lui reste de défendre Paris mais il espère bien ne pas
aller jusque-là.
    – De
toute façon, si son armée est la plus forte...
    – Elle
ne le serait pas contre les Anglais alliés aux Bourguignons... et à la Bretagne
car le duc breton, s’il voyait le roi en mauvaise position, se hâterait de le
frapper dans le dos. Il a toujours été un ami des Anglais-Tout en causant,
Agnolo était venu à bout de son porcelet et chacun étant servi, le seul bruit
des mâchoires remplaça un moment celui de la conversation. Comme les autres,
Fiora mangeait avec plaisir, heureuse de retrouver des saveurs de son pays mais
son appétit se ralentit bientôt. Elle reposa son couteau, essuya ses doigts, et
dans le silence demanda :
    – C’est
loin, Compiègne ?
    – Un
peu plus de vingt lieues, répondit Agnolo. -Ah ! ...
    Elle n’en
dit pas plus mais Démétrios comprit qu’elle se livrait à un petit calcul
mental. Trente moins vingt, cela fait dix, et dix lieues ne sont pas
grand-chose pour un bon cheval. Pour prévenir une nouvelle désillusion il
reprit, se tournant vers le maître du logis :
    – Vous
disiez que le Téméraire n’avait qu’une cinquantaine d’hommes avec lui, en arrivant
à Calais ?
    – Oui.
Le gros de l’armée est resté à la limite de la Lorraine et du Luxembourg, aux
ordres du maréchal de Luxembourg et du comte de Campobasso, un condottiere
napolitain, transfuge de l’armée lorraine et que le duc Charles s’est attaché
depuis deux ans...
    – Transfuge...
doux euphémisme ! Cela veut dire traître ? demanda Esteban avec une
nuance de mépris qui fit sourire Fiora.
    – En
quelque sorte, mais pas exactement. Vous qui venez de Toscane, vous devriez
savoir qu’un condottiere est plus lié par l’argent que par la foi jurée... Tant
qu’on le paie, il marche !
    On se
leva de table et Agnolo vint prendre le bras de Démétrios :
    – Vous
souhaitez, je pense, rejoindre rapidement le roi Louis ?
    – Sans
doute, bien qu’il soit peut-être un peu trop occupé...
    – Pour
recevoir un habile médecin ? Je puis vous assurer d’une chose : c’est
qu’il vous attend et avec impatience.
    – Il
m’attend ?
    – Bien
sûr. Vous avez été annoncé là-bas aussi.
    – Alors
nous partons

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