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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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coiffure :
    – Esteban !
Vous êtes là ? ... Alors Démétrios est revenu ?
    – Non,
il est resté là-bas. Je suis rentré en escortant un seigneur conseiller du roi
qui veut vous parler. Mais que vous arrive-t-il, donna Fiora ? Vous
semblez bouleversée...
    – Il
y a de quoi.
    Et,
tirant Esteban à part sans prendre garde à la mine assombrie de Florent, elle
lui expliqua rapidement ce qui venait de lui arriver. L’écuyer-secrétaire
fronça ses épais sourcils :
    – Etes-vous
persuadée de ne pas vous tromper ?
    – Tout
à fait sûre, Esteban, n’en doutez pas. C’est lui ! Comment pourrais-je
jamais oublier sa figure ? Mais que vient-il faire ici ? Il ne peut
pas savoir que nous sommes à Paris ?
    – Si
vous voulez mon avis, je pense que nous devons être bien éloignés de son esprit
mais il n’en est pas moins urgent de savoir ce qu’il trame ici. Je jurerais qu’il
s’intéresse à quelqu’un dans ce pays et, tel qu’on le connaît, ce n’est
certainement pas par charité chrétienne...
    – Que
pouvons-nous faire ?
    – Vous,
rien. Ce vieux démon serait trop content de remettre sa griffe sur vous. Moi,
je vais voir. Où est-il placé dans l’église ?
    Elle
le lui expliqua. Esteban s’élança alors vers la cathédrale mais, sans cesser de
courir, se retourna :
    – Quand
dame Agnelle vous aura rejoints, rentrez à la maison ! Ne m’attendez pas !
...
    Fiora
le vit traverser les groupes de mendiants et de bateleurs qui se préparaient
pour la sortie de la messe et disparaître. Elle vint rejoindre Florent qui, l’air
offensé, fit toute une affaire de vérifier les brides rouge et or des mules,
mais la jeune femme était trop soulagée pour y prêter la moindre attention.
Elle s’assit sur le montoir à chevaux, remit en place le hennin auquel elle n’était
pas habituée et dont les épingles lui tiraient les cheveux, puis sortit son
mouchoir pour s’en éventer. Encore plus vexé par tant d’indifférence, Florent
marmotta, l’œil sombre :
    – Vous
ne prêtez vraiment aucune attention à moi, n’est-ce pas ?
    – Pourquoi ?
Je le devrais ?
    – Non...
non, vous avez raison. Je ne mérite vraiment pas que vous vous intéressiez à
mon sort. Que suis-je pour vous ? Rien... moins que rien... Je mourrais à
vos pieds que vous ne m’accorderiez pas même un regard...
    La volée
de cloches qui annonçait la sortie de la messe couvrit ses paroles. Occupée de
ses propres soucis, Fiora les avait à peine perçues. Sans un regard pour le
jeune homme qui en grinça des dents, elle se leva pour aller au-devant d’Agnelle
dont elle apercevait déjà le voile couleur de miel...
     

CHAPITRE VI LE SIRE D’ARGENTON
     
     
     
    Les
cloches sonnaient toujours à la volée pour la plus grande gloire de la Vierge
Marie, quand Agnelle et Fiora pénétrèrent dans la salle où l’on achevait de
dresser le couvert. Agnolo, apparemment en excellent état, s’y entretenait avec
un visiteur, assis tous deux sur une bancelle garnie de coussins en buvant du
vin aux herbes dont la fraîcheur embuait leurs gobelets d’étain. A l’entrée des
dames tous deux se levèrent et Fiora vit que l’inconnu était un homme jeune – il
n’avait certainement pas trente ans – de taille moyenne mais bien prise dans
une hucque violette dont les larges manches dentelées tombaient à la hauteur
des genoux, les chausses collantes assorties révélant des jambes élégantes. Une
large chaîne d’or pendait sur sa poitrine. Les bottes longues et souples
étaient poussiéreuses comme il est naturel après une chevauchée. Sur tout cela
s’érigeait un visage aimable aux yeux bleus bien fendus, à la bouche charnue,
nettement dessinée et volontiers narquoise, au long nez dont les narines
sensibles semblaient animées d’une vie propre : des plis profonds partant
des ailes du nez rejoignaient presque les maxillaires. Les cheveux d’un blond
foncé, très épais encadraient cette figure qui respirait la finesse et l’intelligence.
L’inconnu salua les deux femmes avec une aisance toute seigneuriale, à peine
plus appuyée pour Fiora qu’il fixa un instant, sourcils relevés, sans même
songer à dissimuler son admiration.
    – Donna
Fiora Beltrami, je suppose ? fit-il avec un demi-sourire.
    Sa
voix bien timbrée mais souple et caressante aurait pu être celle d’un chanteur
et il était évident que l’inconnu savait en jouer avec charme...
    – Vous
ne vous trompez

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