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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Fiora, craignant qu’elle n’ait été qu’un mirage, mais elle était
toujours là. Les bras haut levés, ce qui faisait saillir ses seins, elle
détachait les épingles qui retenaient son voile et sa chevelure :
    – Mes
cheveux sont tout mouillés et me coulent dans le cou ! dit-elle en riant.
    Instantanément,
la masse noire et luisante glissa sur ses épaules et le long de son corps. L’homme
qui la dévorait des yeux pensa que, dans cette robe verte, avec ses longs
cheveux humides, elle ressemblait à une sirène et il la désira plus encore.
Mais il résista à l’envie qui lui venait de se jeter sur elle, de déchirer sa
robe et de la prendre tout de suite, sur les dalles de pierre. En bon
Napolitain, il savait apprécier la savoureuse souffrance de l’attente, à
condition qu’elle ne dure pas trop longtemps et, sur ce point, il était
rassuré. Son orgueil de mâle lui soufflait que cette affolante sorcière aux
yeux couleur de nuages n’était apparue que pour s’offrir à lui... Et puis ne
venait-elle pas de France ? Cette France où elle avouait avoir de si
hautes amitiés ?
    Il
levait les mains pour appeler de nouveau quand la porte s’ouvrit, livrant
passage à des valets chargés de tréteaux, d’un plateau de bois et de nappes
pour dresser la table. Virginio les suivait et ses yeux sombres s’arrêtèrent d’abord,
pleins de haine, sur Fiora qui, devant le feu, faisait sécher ses cheveux, puis
sur son maître avec une interrogation muette qui fit sourire celui-ci.
Campobasso jouissait cruellement de la jalousie qu’il sentait bouillonner dans
l’âme de son page.
    – Où
va-t-elle coucher ? demanda Virginio en désignant la jeune femme d’un
mouvement de tête dédaigneux.
    – Donna
Fiora, répondit le condottiere en appuyant sur l’appellation, couchera dans ma
chambre, bien entendu. C’est la seule convenable avec celle du seigneur
Galeotto. Tu veilleras à ce que les draps soient changés...
    – Et
vous alors ? Où coucherez-vous ?
    – Chi
lo sa ? ... Peut-être dans ma chambre ? Pourquoi pas ?
    – Et
moi ? fit le garçon avec insolence.
    – Toi ?
... Où tu voudras. Tiens... avec Salvestro quand il reviendra de chez son
bourgmestre...
    Le
garçon devint très pâle et ses yeux noirs lancèrent des éclairs :
    – Je
la tuerai, tu entends, fit-il entre ses dents serrées. Je la tuerai si tu y
touches...
    D’un
doigt négligeant, Campobasso caressa la joue duvetée du page et son sourire s’accentua,
découvrant des dents fortes et blanches, de vraies dents de carnassier :
    – Alors
j’aurai le regret de te faire pendre, mon petit Virginio, fit-il doucement. C’est
d’ailleurs ce qui t’arriverait si elle était victime du moindre accident...
Avoue que ce serait dommage car nous pourrions avoir encore de belles heures
tous les deux. Songes-y !
    – Mais
enfin qu’est-ce qu’elle est, cette femme, pour prendre tout d’un coup la
meilleure place ici ?
    – Comment ?
Tu ne le sais pas encore ? Mais... c’est ma cousine et j’ai toujours eu l’esprit
de famille. Comme tous ceux qui n’en ont pas beaucoup.
    La
voix de Fiora résonnait, chaude et musicale à travers la vaste salle :
    – A
propos, mon beau cousin, me direz-vous ce que vous comptez faire de mes gens ?
Vous n’allez pas, j’imagine, les laisser toute la nuit dans votre corps de
garde ? Le voyage aura été aussi peu agréable pour eux que pour moi.
    – Pardonnez-moi !
Je les avais oubliés. Va les chercher, Virginio ! ... que je voie à quoi
ils ressemblent, ajouta-t-il sotto voce.
    Un
moment plus tard, le Castillan et l’Écossais faisaient leur entrée dans la
salle qui, avec sa table disposée pour le repas et les suppléments de
chandelles et de torches que l’on y avait allumés, avait perdu son aspect
glacial. Des odeurs de viandes cuites les accompagnaient :
    – Voici
Esteban, présenta Fiora. Il est tout à la fois mon écuyer, mon secrétaire, mon
mentor et mon garde du corps. Et voici Denis Mercier qui a bien voulu me servir
de guide depuis Paris.
    Le
condottiere considéra les deux hommes avec intérêt. Esteban avec sa tête
carrée, son nez cassé, ses cheveux drus et son corps trapu était l’image même
du soldat de fortune tel qu’il aimait à en recruter. Et n’avait guère l’aspect
d’un secrétaire. Quant à l’autre avec ses épaules de corsaire et son air
arrogant, il sentait le militaire plus encore que son

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